vendredi 8 novembre 2024

Houris de Kamel Daoud

Le dernier Goncourt n’est pas une lecture de plage ni un cadeau de Noël. Il ne respire pas la joie de vivre, chaque page est sanglante. Il se lit en apnée pendant l’insomnie. On se lève à l’aube avec la boule au ventre et la bouche pâteuse.  


Bienvenue en enfer, bienvenue en Algérie; celle des entre-tueurs, des années noires, de la honte, de la folie collective. Les Algériens sont « particuliers » dit-on pour se rassurer. Ils sont impulsifs, susceptibles, sanguins, bref ils sont différents de nous autres. Ben voyons ! Il ne faut pas remonter loin dans le calendrier de l’Histoire pour trouver pareilles barbaries en France: l’inquisition, l’occupation, la décolonisation…Gardons-nous de faire la morale. L'espèce humaine est ainsi.


L’adage « pas de démocratie pour les ennemis de la démocratie ». servit de prétexte au coup d’état militaire « préventif » pour s’opposer au verdict des urnes en 1992.  Bilan: 100 à 200 000 trucidés de tous âges. Le monde savait, le monde s’est tu. Que pendant dix ans les Algériens se soient auto-génocidés ne gênait personne car ils le faisaient avec discrétion. Seuls deux événements ont suscité le journal télévisé: lorsque des terroristes ont tenté de précipiter un Airbus d’Air France sur Paris et quand les moines de Tibhirine ont été décapités. Tous les autres massacres à huis clos relevaient « des affaires intérieures d’un pays souverain en lutte contre le terrorisme ». Ni la France, ni l’ONU, ni les africains, les arabes, les musulmans, ni même les ONG empêchées d’enquêter, n’ont levé les sourcils. 


Nul ne sait pourquoi, un jour, subitement le carnage prit fin. Après 10 ans et 28 jours de sang: amnistie générale ! Sans doute rassasiés de tant de honte, tous se repentaient, tous se pardonnaient, tous devenaient amnésiques. Il ne s’est rien passé. On reprend comme avant. Les salafistes, les tortionnaires, les liquidateurs, les gendarmes et les militaires, tous en masse ont été blanchis de leurs crimes. Ils ont même été dédommagés, indemnisés, choyés, considérés. L’Algérie gazière est riche, elle avait les moyens d’acheter le silence. Plus un mot, plus un chuchotement, tout contrevenant risque les foudres de la justice. 


Depuis la fin de cette guerre civile, depuis le 8 février 2002, nul n’avait oser transgresser de cette façon détaillée la loi du silence autrement que par des murmures inaudibles.

La grandeur de Kamel Daoud est d’avoir réussi à révéler d’un coup  de livre toutes ces abominations au demi million de lecteurs que sont les fidèles habitués du Goncourt. C’est un bel hommage aux victimes, un deuil nécessaire qui hélas, ne sera pas lu en Algérie où l'ouvrage a immédiatement été interdit. On peut d’ailleurs se demander pourquoi, car ce n’est pas un pamphlet, c’est un roman hyper réalisme de bonne facture littéraire. L’auteur a couvert comme journaliste « censuré » la réalité du terrain sanglant de cette époque. Il parle de ce qu’il sait. Il témoigne de ce qu’il a vu. Il serait même plutôt indulgent avec la junte militaire dont les méthodes pour « terroriser les terroristes » étaient tout aussi barbares. Mais l’armée algérienne, héroïne de la révolution et de la décolonisation est intouchable. À ce tabou des tabous, Daoud n’ose pas trop remuer le couteau dans la plaie.


Faut-il juger un écrivain sur ses opinions ? Définitivement non. Il a tous les droits de plume. Il est la liberté totale, l’ultime défenseur de la nôtre. Respect.

L’objet de ce billet n’est pas de rédiger une critique littéraire, ni de résumer le livre, mais de livrer le ressenti subjectif d’un lecteur.


Un premier thèmes récurrent émerge du roman, c’est celui du rituel annuel de sacrifice d’un mouton. Trancher le cou d’un animal devant la famille des mâles rassemblés est un spectacle initiateur terrifiant pour les petits garçons. C’est la banalisation du couteau égorgeur d’un innocent. Pire, le bourreau est préventivement absout par sa seule évocation à haute voix « au nom d’Allah… » Ce n’est pas lui qui tue, c’est le bras de Dieu ! Plus tard, lorsque le criminogène aura dessiné un sourire de 17 centimètres sur le cou d’une fillette de 5 ans, ce sera encore au nom du tout puissant. 

On se surprend à rejoindre Brigitte Bardot dans son combat. Faut-il en France, interdire les sacrifices rituel de  cette « fête » musulmane contre-éducative ? En Grèce, le jour de la Pâque orthodoxe, chaque famille rôtit un mouton; mais la bête achetée chez le boucher est livrée dépouillée, étêtée. Les enfants ne sont pas traumatisés.


L'autre thème qui suscite ma réflexion est la description de la condition quasi animalière de la femme  algérienne qui n’est que souffre douleur.

La seconde guerre civile d’Algérie a été une guerre de tueurs qui se sont réconciliés sur le dos et le ventre de femmes déshonorées, abandonnées, marginalisées, frappées d'indignité. Ce livre honore

la mémoire des oubliées.


Au moment où Daoud brandissait son livre de vérité au balcon de chez Drouant, une étudiante protestataire se dévoilait sur le campus d’une université en Iran, puis, seulement vêtue de ses sous-vêtements, marchait tranquillement vers une fin lente et douloureuse. Qui écrira son histoire ?


Au lendemain du jour où l’écrivain algérien triomphait à Paris, la première démocratie du monde plébiscitait le pire de ses machos, disqualifiant une femme rayonnante dont le prénom Kamala est le féminin du masculin Kamel qui en arabe signifie perfection. 

La perfection... on en est encore très loin ! 


« Houris » de Kamel Daoud chez Gallimard n’est pas paroles d’une femme mais de toutes les femmes.


mercredi 30 octobre 2024

Trump et la paix d'Orient

Fort opportunément, une exposition au musée du Louvre à Paris invite à méditer devant la représentation du fou au Moyen Âge.  Le cinglé étant indispensable à toute collectivité humaine, une foule innombrable de visiteurs se presse, car « infini est le nombre des fous » (Ecclésiaste 1, 15)

Évidemment on cherche la comparaison avec notre époque où les sages ne guident plus notre avenir.  Combien de chefs d’État démocratiquement élus mériteraient d’arborer sur la tête un entonnoir orné de grelots ?


Kamala Harris veut soumettre Donald Trump à un test cognitif. Le monde étant sans dessus dessous, on peut se demander si finalement, un fou pourrait dans son délire insensé avoir l’ultime sagesse d’y mettre un peu de lucidité.

En Europe, deux anciennes républiques soviétiques jadis fraternelles et qui se sont embrassées sur la bouche pendant 70 ans s’entretuent. Le bilan est estimé à un million de morts ! 

Dans le même temps, au Moyen-Orient, on évalue pareillement à un million les civils massacrés en Palestine, Liban, Irak, Syrie, Yémen,…sans oublier le Soudan, la Somalie. Ceux qui en conscience ordonnent de priver la vie de milliers d’enfants ont-ils perdu la foi ou la raison. C’est l’humanité qu’on assassine !  

Le « fou » de Washington imposera t-il aux fous d’Orient de lever les pouces ? À la veille du scrutin aux États-Unis, c’est la seule question qui importe.


Trump entre guerre et paix

Trump aime le pouvoir, la domination, le sexe, la provocation, la vulgarité…Il aime la voluptueuse sensation de se sentir l’unique à dicter le sort du monde. C’est un vieux sale gosse de 78 ans qui se rapproche de sa date de péremption. Il est capable du pire comme de rédemption. 

Dans les pays d’Orient où tout est négociable l’éventualité de son retour est ouvertement souhaité. Il est perçu comme un business man pragmatique qui comprend la langue des affaires. Il aura vite fait d’évaluer le coût de l’extension de la guerre par rapport aux dividendes de la paix. Money & America first !


Les États-Unis alliés à Israël contre l’Iran sont entrés dans une séquence d’affrontement direct mesuré et dosé ayant pour but de tester les capacités de l’adversaire en attendant soit l’assaut cataclysmique soit l’échange d’arguments à la table de négociation. L’Iran et Israël  ont chacun soigneusement veillé à ne pas bombarder des installations civiles vitales ou des lieux habités car cela aurait obéré toute perspective de conciliation. 

Il suffit d’observer la carte du Moyen-Orient pour constater que la région est hautement  inflammable. Un conflit sans retenue entrainerait le sabotage des corridors maritimes de sortie du Golfe et de la mer Rouge; la destruction des infrastructures pétrolières, de dessalement d’eau de mer, de transports aériens et maritimes … les pétro-monarchies d’Arabie, Bahrein, Kuwait, Émirats Arabes Unis, Qatar s’en retourneraient à l’âge de sable, et Israel ne serait plus vivable. Un tsunami économique et financier planétaire s’en suivrait. 


Les amours orientaux de Trump


On se souvient qu’en 2017, à peine élu, Trump avait réservé son premier voyage à l’étranger à l’Arabie laquelle lui avait signé un chèque de 380 milliards d’armements. Depuis, entre les princes du Golfe et Trump, c’est un amour de fous ! Ne lui avaient-ils pas offert en gage de cadeau d’amitié, (selon des rumeurs invérifiables) le tableau Salvator Mundi, Sauveur du Monde attribué à Léonard de Vinci d’une valeur de 450 millions de dollars ? Entre les wahhabites saoudiens et les évangélistes américains l’entente est plus que cordiale.


Netanyahu

Il en va de même entre Netanyahu et Trump. La connivence est apparemment sans nuage, mais l’obstination à vouloir au prix d’un génocide « éliminer » le Hamas et le Hezbollah atteint des coûts faramineux qui mettent à genoux l’économie d’Israël et écornent le budget américain. Le bilan de 13 mois de massacre à Gaza a terni l’image de l’état hébreu qui est passée de victime à bourreau par la disproportion de la réplique vengeresse à l’attaque du Hamas. Pire, ce génocide condamné par les instances internationales est un échec stratégique total qui n’a pas entamé la combativité des Palestiniens et des Libanais. À tout moment, un missile peut s’abattre sur n’importe quelle portion du territoire des hébreux. Enfin, les Yéménites et les Iraniens ont fait la démonstration que les boucliers  et dômes  de systèmes sophistiqués d’interceptions n’était pas étanches. Israel n’est plus un sanctuaire. Dans ces conditions, Trump pourrait rompre l’idylle avec son partenaire Netanyahu, un perdant, un loser devenu internationalement toxique. 


MBS

Le prince héritier saoudien Mohamed ben Salman, MBS, 39 ans, n’a pas encore été intronisé car son roi de père, qui a seulement dix ans de plus que Trump, vit toujours. 

MBS a pour son royaume l’ambition démesurée d’une modernisation superlative à marche forcée souvent utopique, mais son pétrole lui en donne les moyens. Sauf accident il sera encore tout puissant dans 40 ans pour constater la mutation de son pays en eldorado californien.  Il rêve aussi d’un fauteuil au conseil de sécurité de l’ONU. N’a t-il pas proposé sa médiation pour réconcilier Poutine et Zelensky ? 

Il y a quinze mois à peine il était sur le point de signer les accords d’Abraham. Son intention persiste, à la condition toutefois qu’Israël « admette le projet » d’un état palestinien. Cela devrait pouvoir s’arranger. Les échanges diplomatiques secrets entre Tel Aviv et Riyad n’ont jamais été rompus. 

La posture saoudienne est tout aussi conciliante avec Téhéran. Elle s’est manifestée par le spectaculaire « armistice » conclu avec le nord Yémen gouverné par la tribu des Houthis et considéré comme une satrapie de l’Iran. 

Et si enfin, le Liban doit renaître de ses cendres, ce sera avec l’argent saoudien. 

Certes des querelles de familles devront être apaisées et les méfiances réciproques entre bédouins de la péninsule monnayées. Mais MBS s’est habilement positionné en grand conciliateur. Il est le plus riche, il a les moyens de s’imposer. 


Le Qatar qui avait adopté cette politiques avec succès s’est laissé dépasser par ses frères ennemis wahhabites saoudiens. Doha reste toutefois le médiateur incontournable pour le Hamas. Le Qatar demeure un havre de sécurité régional précaire. Il est tenu en laisse par les Américains qui entretiennent dans ce pays lilliputien la plus grande des bases aériennes américaines de la région où stationnent dix mille hommes… à moins de 200km des côtes de l’Iran.


MBZ 

Mohamed ben Zayed MBZ, Président des Émirats arabes unis est un sage parmi les sages. Sa dynastie est la seule de tous les pays arabes a avoir transformé le pétrole en prospérité pour ses  neuf cent mille sujets et les neuf millions d’immigrés de toutes nationalités. Abu Dhabi capitale administrative, Dubaï capitale commerciale distante de 130 km forment une mégapole au carrefour de l’Orient et de l’Occident. Pour employer une métaphore, la puissance des Émirats arabes unis est au plan géostratégique comparable à celles de la République de Venise, de Carthage, ou de Sparte au temps de leur gloire. Depuis 40 ans, en toute discrétion, les EAU se sont doté d’outils de persuasion très performants: une armée puissante, un complexe militaro-industriel moderne, une diplomatie tentaculaire. Si on ne leur marche pas sur les pieds et surtout si on s’abstient de toute propagande ou  prosélytisme les émirats sont ouverts à tous. Ils échangent avec Israël sans aucun complexe et font un important business avec l’Iran distante de quelques encablures. 

À Washington, ni l’administration républicaine, ni la démocrate ne sauraient se priver de l’avis des diplomates émiratis qui entrent sans frapper à la Maison Blanche.


À la cour de France au Moyen Âge, le bouffon était un personnage  extravagant libre de parole et de posture qui participait à l’équilibre mental des souverains. Si Trump est fou, il faut espérer que l’histoire contemporaine contredira celle du passé en inversant les rôles.

dimanche 13 octobre 2024

Élucubrations trans inclusives


Et si la manifestation de la liberté suprême du moi profond était le transgenre  ? 

Le sexe est inné, inséré entre les jambes  : faille ou protubérance  ! accessoire naturel de la procréation. Sauf rares exceptions de malformation, le mammifère humain ne diffère pas de la girafe ou du cétacé.  

Changer de sexe est une opération irréversible douloureuse alors que changer de genre est une liberté éphémère ou durable offerte à tout un chacune. Ce comportement est d'ailleurs admis et encouragé depuis la nuit des temps en période de carnaval. Pourquoi alors ne pas faire la fête en changeant de genre quand il nous plaît  ? Changeons de coiffure, de vêture, d'attitude et de posture au gré de notre envie. 

Changeons aussi d'écriture  !


Au nom de la tyrannie grammaticale, on impose d'accorder l'adjectif avec son entre-jambe. L'amputation de cette terminaison me traumatise  ! L'excroissance de la finale en «  e  » est une dentelle ornementale qui me plat. Désormais je me trouve ravie et heureuse de cette métamorphose littéraire. Elle me rapproche de Gertrude Stein et d'Alice Toklas hélas jamais rencontrées -  car je suis trop jeune - mais dont je partage le goût du beau, du bon et de la légèreté de la vie. 

Notons par ailleurs que l'écrivain ose rarement tricher sur son prénom (sauf Yasmina Khadra). Le mien est bi-genre. Il passe partout. Il est porté par les filles en Allemagne et par les garçons en Tunisie  ; en France il s'orthographie sans H mais se termine en ie comme Eddie au masculin et th comme Edith... Mais passons.

Pour écrire sans faire de faute, il faut accorder l'adjectif avec le sujet et inversement: l'écrivaillon devient écrivaillonne. Laquelle se heurte à une difficulté de syntaxe car écrivaillonne n'est pas français, écriteuse non plus, il faut écrire écrivaine ou auteure à la rigueur. Qualités que je ne saurais m’approprier car elles insultent ma modestie, outragent la mémoire d'Amantine George Sand ou des Marguerite Duras, Yourcenar, et j'en passe  !.. Tournons la page.


Afin d'être en condition d'écrire dans mes nouvelles disposition et profitant de l’éloignement de ma maisonnée estivant loin de Paris, je me suis achetée des guêpières, du rouge à lèvre et des hauts talons. Puis, j'ai poussé ma hardiesse jusqu’à emprunter à mon épousée une ravissante robe rouge qui me moule comme un gant. Le haut rembourré dessine une silhouette flatteuse, cependant qu’en contrebas s'échappent des jambes soigneusement mais douloureusement épilées au caramel brulant. 

Ma première audace a été d'aller sonner à la porte d'en face au prétexte de réclamer du sel en cui-cuitant ma voix. Interloqué le voisin a mis un certain temps à réagir  en criant «  Josiane, tu peux venir voir  ?  » Non moins stupéfaite Josiane vint  : «  ...vous allez bien  ???  » La garce m'a reconnue  !

Cette expérience m'a encouragée à perfectionner mon look en me rasant la barbe. Ce que, par conséquent, «  du coup  » (locution fautive à la mode) et après coup, en me regardant dans la glace, mon moi me picotait. J’ai eu honte de mon insincérité. 


Évidemment, je me suis heurtée à quelques difficultés au guichet de la Poste «  ça c'est la carte d'identité de votre mari  !  ». J'ai tonné de la voix et menacé de relever ma jupe pour qu'il consente à me donner ma lettre recommandée.  Agitant les mains en invoquant l'époque décadente où nous vivons, son chef  lui a expliqué que j'étais un trans, un «  msieur-dam  ». Li ber té  ! J'ai rétorqué.

Au fil des jours, j'ai pris de l'assurance. Ma métamorphose ne prêtait plus à confusion. Je suis devenue d'apparence insoupçonnable. Les commerçants me disaient «  madame  ». Il faut dire que j'y mettais du soin et de la peine.  Mais au boulot, les collègues ont tourné les yeux dans tous les sens, puis le patron a entre-baillé la porte pour me dévisager l'air de rien. La DRH m'a tout de suite assurée que la boite n'avait rien à me reprocher mais que ... Bref, finalement par un effort de compréhension mutuelle, j'ai intégré un poste mieux payé de télé-travail à plein temps.


C'est au marché de Belleville où j'ai mes habitudes que les choses se sont compliquées. Un marchand égyptien gueulard m'a reconnu, il a vendu la mèche qui s'est répandue comme une trainée de poudre. En un rien de temps j'ai été la cible de quolibets lourdingues: helwa, helwa, malla jamal  ! (quelle beauté!) Ma féminité balbutiante en a été choquée au point que de retour à la maison, je me débarbouillais, me débarrassais de ma garde-robe et décidais de taire mon nouveau genre à mon épouse et aux enfants qui rentraient de vacances le soir même.

Après tout, il y a d'autres moyens d'affirmer sa féminité me consolais-je. Mais pour me venger, désormais quand je vais au marché, je me travestie en Belphégore  : voile noir, lunette noires, masque chirurgical blanc. Les vendeurs n'y voient que du feu  ! Ils m'interpellent « ya lella  » et me donnent du madame en français. 


Tout ceci est une fable, mais il me plaît d'imaginer que le dimanche, je pourrais, transformiste transgenre éphémère d’un matin, aller sous un voile exprimer en secret  ma solidarité avec mes soeurs opprimées et  mes frères frustrés. 


Revenons à l’écriture, au plus important. Ce n'est pas la première fois que par inadvertance j'accorde mon sujet avec le genre d'à coté.  Fille, garçon, trans, qu'importe la syntaxe pourvu que cesse l'usage de cette abominable écriture inclusive qui comme le voile empêche les « scriboullards-de-s  » d'écrire et les «  lecteurs-trices  » d'entendre la jolie musique que font les mots bien orchestrés.