mercredi 25 février 2009

Le Perche et l'Europe agricole

Pas eu le cœur de pousser jusqu’au salon de l’agriculture porte de Versailles.
Je suis allé dans le Perche (c’est en France) à 2 heures de Paris. Région délaissée par les aménageurs de territoire et donc méconnue des touristes. Pas d’autoroutes, pas de SNCF à moins de 60km, autant dire un trou oublié de Basse Normandie. Aussitôt arrivé, je parcours le journal local « Le Perche » qui n’est pas distribué au-delà de Nogent le Rotrou, Mortagne et Mamers . Vous situez le journal et la région ? Alors une recherche Google s’impose…
J’apprends que François Fillon le discret Premier-Ministre de la France est venu à La Ferté Bernard (rebaptisée pour la circonstance Fierté Bernard). Pensez ! La petite cité n’avait pas reçu de premier ministre depuis Joseph Caillaux il y a cent ans. « Que faut-il retenir de cette visite ? » S’interroge le reporter qui couvre l’événement : « En gros qu’il va falloir se retrousser les manches. » Ce scoop ne valait pas le déplacement ! Le but du voyage était parait-il tout autre. Le conseiller « audimat » de Matignon avait concocté un plan média d’enfer : une rencontre avec André Verchuren, 89 ans aux prunes, légende tricolore du piano à bretelles et vedette d’un soir au bal de Saint-Denis-des-Sarthons. Las, le pauvre Fillon nous apporte une nouvelle fois la preuve de son inconsistance politique puisqu’au dernier moment il s’est défilé au motif d’une réunion urgente sur la pwofitation à l’Elysée.

Mon voisin possède un troupeau de 50 vaches. Il y a un truc qui me chiffonne ; je n’ai jamais vu de camion citerne s’arrêter. Comment écoule-t-il sa production ? Par pipe line ? Je me décide enfin à l’interroger. Ah le parisien, y sait pas ! « On est moderne faut pas croire, on travaille en direct avec Bruxelles ! Y’a en permanence un satellite géostationnaire au dessus de la Normandie. Tous les élevages sont repérés par infrarouge car les mamelles des vaches émettent une chaleur particulière. L’ordinateur de Milksat calcule ma production journalière de lait pile-poil. Il ne se trompe jamais ! Enfin sauf l’année dernière il a compté Jeannine qui allaitait les jumeaux. Tous les mois l’Europe me vire la paye des vaches sur mon compte, aussi sec ! » - Oui mais le lait ? Il en fait quoi ? (dans la France oubliée le tu et le vous n’existent pas on s’adresse toujours à la troisième personne du singulier) « On l’donne aux veaux pardi, pour faire de la vache ! »

Sur le marché qui était encore animé il ya seulement cinq ans, il ne reste plus que deux maraichers et une marchande de lapins. Salut l’parisien ! Je vais serrer la main de Maurice. J’ai appris il y a peu qu’il s’appelait en vérité Philippe et qu’il n’était pas de la région. Sa famille a immigré de Vichy après la guerre. Son père était pétainiste d’où le prénom de Philippe. Le rejetons a maltourné, à 16 ans il est entré simultanément à l’usine Moulinex et au parti communiste se faisant alors appeler Maurice (rapport à la visite de Thorez en 62 avant celle de Fillon). Bref Philippe-Maurice a arrêté de fumer juste avant de finir au chômage à 50 piges comme tout le monde. Depuis, il cultive les meilleures patates de la région. On cause : « c’est descendu à moins 15 pendant que l’parigo était au chaud ! » Je détourne la conversation sur les perspectives du résultat brut de son exploitation. Il rétorque fou de rage : « il a été à Intermarché ? 39 centimes le kilo, je ne pas lutter contre la pomme de terre importé de Pologne ! » J’essaye de le consoler : - Oui mais la polonaise c’est de la patate pour distiller de la vodka rien à voir avec tes Belles de Fontenay ou tes Bintje bio d’appellations incontrôlées! - « La polonaise, variété Agata, c’est ce qu’on donnait aux cochons dans l’temps ! Aujourd’hui elle est rachetée par Bruxelles au prix fort pour que les pollacks ne la transforment pas en Vodka. Une subvention pour lutter contre l’alcoolisme quoi ! » Une question Maurice ! On ne pourrait pas nourrir les vaches avec des patates Agata ? « Ca se pourrait bien, mais pour quoi faire, il a une idée l’parisien? » Ben traire du Kalva aux frais de l’Europe pardi !

J’arrête de boire du lait et je rentre à Paris !

jeudi 19 février 2009

Gwadloup suite: Ce n’est pas grec, c’est loufoque, c’est n’importe quoi !

Grande prestation présidentielle à la télé hier soir. Tout était parfait. Du grand art. Chapeau l’artiste ! Trop fort ! Et merci pour ce moment évocateur des octo’s - j’ouvre une parenthèse pour mon épouse : ça veut dires les années 8O en grec, je ferme la parenthèse -. Oui, vous vous souvenez sur TF1, Pierre Bellemare, Télé Achat ? Franchement j’ai été bluffé. J’ai décroché mon portable : – bienvenue à l’Elysée ; pour recevoir chez vous les promesses du Président, tapez étoile suivi du numéro de votre carte bancaire…

Seul bémol, j’ai été un peu déçu par l’absence de produits d’Outre mer. Il parait que RFO est détenteur exclusif des droits de commercialisation et qu’une émission spéciale est programmée. Je rage un peu. Vous avez déjà essayé de capter RFO sur votre téléviseur métropolitain ? On va rater une affaire ! C’est de la concurrence déloyale et discriminatoire !

Encore une fois, les Domiens (pour ma femme encore : habitants des Départements d’Outre-mer) vont bénéficier de soldes privées. C’est d’autant plus scandaleux que leur chef éponyme (du grec epos) Elie Domota (guadeloupéen domien dont l’arrière grand-père serait un esclave capturé à Porto Veccio) affirmait récemment « la Guadeloupe est une colonie parce que dans un département français (métropolitain ndlr), jamais on n’aurait laissé pourrir la situation avant d’intervenir »
Mon voisin de comptoir me disait ce matin en avalant son rhum-calva : « cette opération de marketing est cousue de fil blanc ! ».
Je ne suis pas d’accord. Je penche plutôt vers l’analyse plus pertinente de mon jeune fils qui lit par-dessus mon épaule : - c’est n’importe quoi papa !

Post-scriptum
Message à l’Union des travailleurs de Guadeloupe

"Chers camarades !
Nous apprenons avec enthousiasme les nouvelles de la lutte combative et prolongée de vos peuples contre l’exploitation…imposée par le gouvernement colonial français…blablabla
Les médias bourgeois nous disent ce qui se passe actuellement en Guadeloupe et en Martinique…blablabla
Votre combat est aussi le notre…blabla. Victoire à la mobilisation populaire". Sic et fin
Athènes, le 18 février 2009
Signé : Kommounistiki Organosi Ellada

mardi 17 février 2009

Gwadloup: attention chute du mur.

« On sait où peut mener l'anticapitalisme extrémiste. C’est pourquoi le combat pour la moralisation du capitalisme est si important. »

C’est Henri Guaino, le conseiller spécial du Président qui s’exprime ainsi dés ce soir dans « Le Monde » en vedette américaine, pour chauffer la France impatiente d’écouter demain Sarkozy.

Il revient à la surface de ma mémoire mes séjours à Moscou, Tachkent, Almaty, Bichkek entre 1992 et 1994. La politique réformiste de Gorbatchev s’était soldée par un échec. Le « marché commun » de l’URSS avait volé en éclats. L’économie était exsangue. Des artères vides de toute circulation, des magasins désachalandés, des marchands à la sauvette pour quelques oignons et tomates vendues à la pièce, du beurre, un bocal de cornichons. Le rouble ne valait presque plus rien. Mes dépenses : hôtel, repas, taxis, interprètes blondes et brunes, vodka … me coûtaient au total pas plus de 15 dollars par jour. La plupart de mes interlocuteurs ne s’étaient pas offerts de chemises neuves ou une paire de chaussure depuis sept ans. Le pays était clochardisé.
On connait la suite, à la faillite du communisme a succédé la renaissance d’un capitalisme peut-être pas tout à fait « extrémiste » certainement pas « humaniste » ni « libéral » … A vous de trouver !

Il me revient aussi mes voyages à Sarajevo entre 1994 et 1996. Le siège de la ville par les barbares, une guerre du moyen-âge dans la banlieue de l’Europe. Le massacre de 350 000 malheureux boucs émissaires de la politique des grands. Mais l’exacerbation des communautés qui a conduit à l’implosion de la Yougoslavie sous la poussée des ultra nationalismes a été facilitée par la crise économique que traversait le pays.

Nous n’en sommes pas là.

Demain, comme Gorbatchev en 1985, Sarkozy va nous annoncer la fin des excès et le lancement d’une politique de moralisation dans la transparence, la glasnost quoi ! Le LPK, en apparence, ne demande pas autre chose « détewminasyon pou nou détotyé GWADLOUP »

Rassurons-nous. Il n’y a pas d’alternative, le capitalisme est le SEUL système proclame-t-on. Il est indestructible murmure-t-on. Il ne peut pas s’effondrer chuchote-t-on.

L’histoire ne bégaye jamais dit-on.

Bon mais restons vigilants, écartons nous du mur !

dimanche 15 février 2009

En Guadeloupe le pouvoir résiste, en Arabie il cède à la pression populaire.

« La célébration de la fête de l’Amour est une violation des lois de Dieu ». La fatwa des oulémas saoudiens est sans appel.

Comme chaque année, en Arabie Saoudite la Saint Valentin a été le prétexte à une confrontation entre les progressistes et les conservateurs. Un communiqué officiel a rappelé que la commercialisation des objets se rapportant à cette fête était strictement interdite. Du coup, le prix de vente sous le manteau des roses rouges s’est envolé de trois cents pour cent. Malgré d’astucieuses manœuvres d’intimidations, les brigades de la commanderie de la vertu ne sont pas parvenues à gâcher la journée des amoureux.

Il faut rappeler que l’Arabie Saoudite est un sanctuaire sacré. Le rire est malséant, il même tout à fait suspect. J’ai le souvenir d’une interpellation par la police de Riyad il y a quelques années au motif que je riais aux éclats au volant de ma voiture. Non je n’étais pas saoul Dieu m’en préserve ! Je blaguais avec un copain au téléphone. Je fus invité à la décence, mon attitude étant jugée inconvenante et incompatible avec mon devoir de récitation in petto et en boucle du Coran.
C’est sans doute pour se distraire de cette chape d’austérité qu’à la Saint Valentin, les saoudiens (pas tous) se lâchent. C’est la journée de l’Amour, du Rire, du Bonheur, c’est Carnaval sans déguisements, on joue avec les interdits, on brave les muttawa de la commanderie, on échange des signes imperceptibles de connivence, on achète clandestinement des ballons rouges en formes de cœurs, on drague par SMS, l’ambiance est d’autant plus jouissive qu’elle est partagée par une foule de complices discrets.

Dans les restaurants impossible de trouver une place. C’est réservé depuis trois semaines. En Arabie Saoudite, les lieux publics sont divisés en deux zones « hommes » et « famille », mais le Valentin’s day les restaurants sont entièrement réservés aux familles qui ce jour la viennent sans enfants ni belles mères. Les couples dînent aux chandelles, se font des cadeaux coquins, dégustent des mets succulents, « s’enivrent » au Saudi Champagne (Perrier plus jus de pomme) roucoulent, se murmurent des douceurs, font des projets de voyages libertins à Dubaï, Bombay, ou même Paris…

Tout cela fait désordre.

Alors que les observateurs internationaux et étasuniens s’accordent à reconnaître l’efficacité du programme gouvernemental de réhabilitation des « égarés » qui a éradiqué le terrorisme dans le royaume, ils constatent l’impuissance chronique du pouvoir contre les forces de l’Amour.

Le sage vieux Roi Abdallah semble avoir saisi l’ampleur du mouvement. Il a pris une mesure apaisante que les politologues ne manqueront pas de saluer comme révolutionnaire et historique: il a nommé comme vice-ministre de l’enseignement une FEMME !

En remaniant de la sorte son gouvernement un 14 février, jour de la Saint-Valentin, le souverain à voulu adresser à son peuple un double message : d’abord que nul n’est prophète en son pays et ensuite que l’Amour en Islam est une obligation tout au long de l’année.

vendredi 13 février 2009

Le Qatar au secours de la plus grande faillite française ?

8 milliards de chiffre d’affaires, 130 000 travailleurs faisant vivre une population de 400 000 personnes, une région entière au désespoir qui risque d’être emporté par le tsunami de la déflation.

Pourquoi personne n’en parle ? Pourquoi le MEDEF d’habitude si prompt à la mobilisation laisse-t-il faire ? Pourquoi Sarkozy qui a sauvé les banques, les automobiles, le BTP, les infirmières bulgares, la bande de Balkany, la bande de Gaza et biens d’autres encore, reste-t-il totalement muet et comme impuissant face au naufrage ? Que font les dames du Fouquet’s Christine Lagarde, Anne Parisot, et leurs copines du café des Deux Magots Ségolène et Martine ?

Comment en est- on arrivé là ?

C'était une affaire qui tournait rond, dont la croissance annuelle régulière de 3% faisait des envieux. Les britanniques et étasuniens d’Amérique ont longtemps été tentés par une OPA « amicale » sur cette perle française. Rien ne laissait supposer que la banque Durant-Madoff allait acculer à la faillite cet établissement prestigieux. Certes les exercices précédents avaient noté quelques faiblesses en particulier le secteur agroalimentaire, mais l’activité tertiaire s’était redressée et puis la branche industrielle et celle du BTP avaient réalisé une bonne performance (+4%). Certes, Il y a deux ans, le rapport d’un audit indépendant (le Cenat) pointait les faiblesses managériales et les rivalités de gouvernances au sommet du groupe. Il soulignait la sur-rémunération (over salaries) de l’ordre de 40% de l’encadrement, ainsi que le déséquilibre entre les effectifs des départements fonctionnels et ceux opérationnels de la production. Enfin il préconisait la réduction de la dépendance oligopolistique des commandes publiques. Mais à aucun moment les experts n’avaient alerté le conseil ou les pouvoirs publics sur les créances douteuses et les positions hyper spéculatives du groupe.

Selon mes sources, plusieurs conseillers de Elysée plancheraient depuis hier pour étudier un plan de sauvetage. Des contacts discrets auraient été initiés avec l’Etat du Qatar dont le fonds souverain Diar pourrait reprendre une partie des actifs notamment ceux de la Soufrière. En effet, ce petit Etat qui culmine à 37 mètres au dessus du niveau de la mer, envisage de remorquer le volcan pour en faire un parc d’attraction sur les bords du Golfe. Rachida Dati à qui la rumeur toujours bienveillante, prête une liaison avec un haut magistrat qatari serait nommée Ministre déléguée à la relance, en charge de la vente de la Guadeloupe.

Mea culpa

Mea culpa. Il est vrai que je n’ai retenu du Maghreb des Livres que mon bavardage avec Jean Lacouture.

Je n’ai pas parlé de Yasmina Khadra caché par une grappe de groupies. Les journalistes s’en sont chargés. Ni d’Hubert Vedrine et Azzouz Begag qui papotaient et semblaient s’ennuyer ferme. J’ai bien fait de me taire car la presse a fait la promotion de ces deux produits politiques de grande consommation sans saveur littéraire.

Je n’ai pas parlé de la conférence-hommage au tunisien Mohamed Charfi , père de la première ligue des droits de l’homme en Afrique. La presse non plus à l’exception du magasine en ligne Jetset le bien nommé. J’ouvre une parenthèse, si vous vous intéressez à la Tunisie ce clic est incontournable : http://www.jetsetmagazine.net/index.php , je ferme la parenthèse.

Tout comme les médias, j’ai passé sous silence l’absence de Tahar Ben Jelloun Prix Goncourt, donc écrivain français au sens où l’entend la Fnac et celle très regrettée d’Oum Zohra la gardienne des sceaux dont les multiples biographies téléguidées figurent au top 50 des meilleurs ventes chez Auchan.

Pour me faire pardonner allez visiter le site de l’association coup de soleil en attendant l’année prochaine. http://www.coupdesoleil.net/

jeudi 12 février 2009

La FNAC annonce la couleur

Je musarde à la Fnac Wagram la grande surface favorite des bobos parisiens. J’achète avec gourmandise le dernier livre de poche de José Saramago, Prix Nobel de littérature. Saramago est portugais.
Un peu plus loin je prends « l’Etranger » de Camus, Prix Nobel de littérature. Camus est français. Sur la même étagère, je feuillette deux livres de François Cheng de l’Académie française et deux étagères plus bas ceux de Julien Green le bien nommé immortel en habit vert.
Je cherche l’auteure de « l’Amour » Assia Djebbar de l’Académie française, et aussi Yasmina Khadra (en arabe Jasmin Vert) auteur sans prix, nobélisable et qui mériterait d’honorer l’épée sous la coupole - au fauteuil de Green ? - Je les trouve relégués au rayon littérature étrangère rubrique Afrique du Nord.
-- Pourquoi les académiciens ne figurent-ils pas tous au rayon littérature française ?
Interpellée, la vendeuse convient d’une anomalie de classement dont elle cherche la logique.
-- Je crois qu’Assia Djebbar n’est pas française alors que François Cheng l’est ! Me dit-elle avec assurance.
Je fais les grands yeux, la mâchoire m’en tombe.
-- Vous classez les auteurs selon leur carte d’identité ?
La libraire est contrite : -- ce n’est pas moi qui fait les rayons, c’est un jeune spécialiste du marketing formé à la grande distribution, un parfait inculte !
--Allons, je vous trouve bien médisante, dites lui que chez Auchan la purée Mousseline, le tapioca, les lentilles, le riz, les pâtes et le couscous sont au même rayon. Parlez-lui son langage il comprendra !

mardi 10 février 2009

Lacouture & Daniel

Je suis passé samedi à la Mairie du 13 ème arrondissement où se tenait le 15ème Maghreb des livres.

C’est le salon des arabes lettrés du nord, un rassemblement à la bonne franquette, convivial, fraternel : des tables rondes, des conférences, un salon de thé vert avec des patisseries rose.
Dans la grande salle des mariages, 150 auteurs dédicacent leurs bouquins avec le sourire et un mot gentil. Cette manifestation ressemble à une fête de famille, elle est organisée par l’Association Coup de soleil. Bravo et merci, j’ai passé un moment de miel et de jasmin.

Jean de Lacouture, l’œil pétillant, le sourire généreux signe son livre sur « l’Algérie Algérienne », la préface est de Jean Daniel. Pour les jeunes qui fortuitement liraient ces lignes, je précise que ces deux larrons sont les derniers survivants des légendes du journalisme de la seconde moitié du 20ème siècle. Lacouture est aussi un biographe : Ho Chi Minh, Nasser, Bourguiba, Kennedy, Blum, Mendes France, Castro, Mauriac, Malraux, Mitterrand, il n’est pas d’homme important qui ait échappé à son talent; de quoi remplir une bibliothèque. Sur de Gaulle ? Voyez Lacouture ! Sur Lacouture, voyez Wikipédia.

Lacouture, c’est honnêteté au service de l’Histoire. Dans une dizaine d’année il aura cent ans et trente ouvrages de plus !

J’ai envie de lui parler, il m’invite du regard. Il est curieux, journaliste, s’enquière avec gourmandise de cet intérêt qui heurte sa modestie. D’emblée je confesse avoir en 1968 chapardé quelques manuscrits dans le grenier de la Sorbonne, parmi lesquels sa thèse de doctorat de lettres modernes que j’ai longtemps conservée.
On bavarde. Avant de le quitter je lui demande : « vous qui avez peint tant de grands homme, quel personnage politique contemporain mériterait à vos yeux une biographie ? » « En France, je ne vois personne, mais Obama ! »

Lacouture, Daniel, deux grands observateurs de leur temps. Mais qui fera leur biographie ?

vendredi 6 février 2009

Eden à l'Ouest...de pas grand chose !

Vu hier soir en avant-première le dernier Costa Gavras.

En quelques mots le cinéaste présente son film : « vous avez la chance d’être dans une belle salle avec une qualité de son excellente…, j’ai traité un sujet difficile de façon différente…bonne projection ! » Il se sauve.

On applaudit à tout rompre. Je suis content, j’ai vu Costa en chaire et en os, l’homme de « l’Aveu », le pote de Simone Signoret et d’Yves Montant. Gavras, c’est une légende ! Je le croyais mort, mais non. L’homme de « Z » zi, en grec, il vit !

Dés les premiers plans, on devine le sujet du film, l’immigration clandestine. On est prêt à en prendre plein les mirettes, l’émotion est aux aguets. Les boats peaple racontés par Costa ça risque de remuer les tripes.

Pas – du –tout.

C’est très clean, distrayant, racoleur, commercial en diable.
Vous avez aimé « Le grand blond.. » « les bronzés » vous adorerez le dernier Gavras !

En sortant du cinéma, les sobres propos du cinéaste me reviennent. Je comprends mieux maintenant les raisons de sa modestie. L’homme sait que son film est mauvais.
La salle était confortable, le son était de bonne qualité. Merci Costa Gavras d’avoir eu la délicate attention de nous prévenir, ça montre combien par son « aveu » cet homme est grand.

mardi 3 février 2009

Carla, l'élue du troisième tour


Citations :

« Vous comprenez quelque chose, vous, à Edgar Morin ? Honnêtement. La pensée complexe ? L'auto-éco-organisation ? Le principe dialogique et celui de récursion ? Oui ? Et celui hologrammatique ? Et les six volumes de La Méthode, vous avez lu une seule intro ? »
Eric Le Boucher Le Monde 20/21 janvier 2007

« Les femmes ne sont séduisantes que par rapport à un écart qu’elles font à leur destin »
« Sexy, fine et charnelle, joueuse avec plusieurs styles d’existence à sa disposition. J’ai toujours été attiré par les femmes qui dégagent ce type d’énergie… »
Jean Paul Enthoven, février 2006, rencontre avec Pascal Jardin

Quel rapport me direz-vous ?

Jean Paul Enthoven, JPE forme avec Bernard Henry Lévy BHL qui est plus connu, le couple d’intellectuel (hétéro) le plus uni, le plus brillant et le plus influent de ces trente dernières années. Même âge, mêmes origines, mêmes milieux, mêmes études, même aisance, même charisme, riches, beaux, intelligents. Les jaloux les dénigrent. Leurs cotés jet-sets agacent les universitaires désargentés. Mais JPE + BHL, au plan de la philosophie, de la sociologie, de la littérature contemporaine : c’est du sérieux !
Les siamois du café de Flore brassent et diffusent inlassablement des idées et des concepts nouveaux que des intellectuels plus paresseux ou moins doués (les Attali et autres Minc de service) s’empressent de récupérer avant d’aller les colporter sur la rive droite de la Seine. Succès et notoriété assurés !

JPE et BHL sont parents. Le fils du premier, normalien agrégé de lettres, à épousé la fille du second, éditrice. Ils divorcent en 2000 parce que Raphaël est amoureux de Carla la compagne de JPE, ils ont un fils….dont le future beau-père a une situation enviée à l’Elysée.

Carla, c’est JPE ou BHL faite femme. Intelligente, cultivée, brillante, riche et belle. Irrésistible !
Carla n’a pas vécue avec JPE et Raphaël et fréquentée BHL sans s’être hissée à leur niveau et ou avoir été influencée par leur approche philosophique et leurs idées politiques. Carla n’est pas seulement une silhouette et une guitare.
Carla à l’Elysée c’est Simone de Beauvoir chez de Gaulle ! C’est le jumelage du Fouquet’s avec le café de Flore. C’est la tournée Bigard et Bedos, c’est la pluie et beau temps !

Citations :

« Que le président fasse ce travail psychanalitico-politique de fond sur lui-même (inpiré par Edgar Morin), tant mieux. A bientôt 52 ans, il serait temps, pourrait-on dire. »
Eric Le Boucher Le Monde 20/21 janvier 2007


« Il est périlleux d’entrevoir, fût-ce brièvement qui l’on est vraiment. En général, on ne s’en remet pas.»
Jean Paul Enthoven, février 2006, rencontre avec Pascal Jardin
C'est tiré par les cheveux. Il n'y a aucun rapport n'est-ce pas ?

Janvier 2008

lundi 2 février 2009

Devinette

vert ou bleu ?

Une délégation du
CFCM (Conseil Français du Culte Musulman)
ou
du CRIF (Conseil Représentatif des Institutions juives de France),
a été reçue vendredi matin par le président Nicolas Sarkozy pour lui faire part de
« sa gratitude pour le témoignage de sympathie qu’il a manifesté à la communauté musulmane de France qui porte le deuil de Gaza »
ou
de "son inquiétude face à la multiplication d'actes antisémites".

Leçon de cynisme à un intellectuel disparu


La guerre contre le terrorisme touche à sa fin. Obama demande à Israël victime des traumatisantes agressions du Hamas, de passer l’éponge pour quelques temps.

Oublions la politique, l’heure est au recueillement et à la compassion car le bilan est terrible :

Tsahal : une dizaine de soldats sont morts – dont il est vrai la plupart dans un accident de voitures et d’autres à cause d’une regrettable erreur de pointage de leurs camarades - il n’empêche, cela ne serait pas arrivé si le Hamas n’avait pas provoqué les hostilités !

Palestiniens : « officiellement selon l’ONU et les ONG», mais il faut se méfier des chiffres et employer le conditionnel avant (d’annoncer le nombre de treize cents morts dont quelques centaines d’enfants et de femmes (boucliers humains volontaires ?).

Les photos diffusées depuis trois semaines par les médias arabes sont suspectes. Le Mossad (je mets un majuscule à ce mot car le correcteur automatique d’orthographe de mon ordinateur me l’ordonne), le Mossad donc soupçonnerait Charles Enderlin de France 2 de piger comme conseiller de la chaîne du Qatar.
Par conséquent, si vous êtes ni arabe ni spectateur aguerri des télévisions d’informations subversives orientales, je vous recommande de ne pas regarder les images d'Al Jazeera qui « seraient, (au conditionnel )» un montage grossier destiné à gagner l’émotion et l’empathie des occidentaux aux cœurs fragiles .

En France : cette propagande scandaleuse a fait sortir dans la rue quelques milliers de naïfs hypersensibles. Heureusement nos politiques sont restés dignes. Certes la posture gesticulatoire de Sarkozy est insupportable, elle « serait, (reconditionnel) » due à l’influence de Carla qui depuis sa lune de miel reste profondément attachée à l’Egypte de Moubarak. Le PS en revanche a été exemplaire. Martine et Ségolène sont avant tout des mères de familles. D’ailleurs n’ont-elles pas adressées des messages émouvants à Rachida la maman de Zohra (mon dictionnaire ne reconnaît ni Zohra, ni Rachida et il ne réclame pas de M majuscule à Maman). Les dames du PS n’ont pas craint d’alimenter la rumeur attribuant la paternité à Abou Baba, figure emblématique palestinienne bien connue !

Nos intellectuels sont eux aussi restés très dignes. Par respect vis-à-vis de l’Etat hébreu agressé, et en témoignage de solidarité des souffrances endurées par les israéliens, ils ont déserté les Deux Magots (dont le patron aurait de la famille à Tel Aviv), pour se réfugier au café de Flore et à la Closerie des Lilas propriétés d’un Serbe qui a lui aussi, bien souffert jadis.
Hélas, l’une des victimes collatérales et innocentes de l’agression palestinienne est française !

Il s’agit de notre grand intellectuel national qui n’a pas hésité à faire le voyage de Gaza… dans un char de Tsahal. Cette audace inouïe est un acte de bravoure ultime. En effet, BHL n’est plus. Alors qu’il rejoignait le quartier Latin pour y recevoir le prix Albert Londres, il a succombé aux jets de crachats de ses lecteurs.
Janvier 2009