mercredi 30 juin 2021

L'école primaire du djihad

C’est un sujet qui met tous les hommes politiques dans l’embarras. Il est rarement documenté dans les médias. Il concerne pourtant le premier devoir de la République: celui de protéger les enfants de l’endoctrinement.

Il y a cinquante ans, l’état français considérait que l’immigration était un phénomène conjoncturel et que les travailleurs ayant fui leur pays par nécessité économique feraient le chemin inverse à la faveur d’un revirement de fortune. Dans la perspective d’une « réinsertion » dans leur pays d’origine, il était important que les enfants scolarisés sur le sol français ne perdent pas leur attache culturelle. Cette vision démagogique remporta un succès unanime auprès des capitales d’Afrique du Nord, de Turquie, du Portugal, de Yougoslavie… Ainsi naquirent les Enseignements de Langues et Cultures d’Origine ELCO. Le dispositif perdure. Il n’a pas été étendu à la Russie ni à la Chine. On comprendra pourquoi.


L’école du communautarisme

Dans la pratique, il permet à tout établissement d’enseignement public français d’accueillir un instituteur étranger chargé d’apprendre aux enfants la langue et la culture du pays de leurs ascendants à raison de deux heures par semaine. Les cours ont lieu en fin de journée ou le samedi matin. L’an dernier, une centaine de milliers d’écoliers dont 60 000 maghrébins de filiation ont suivi cette formation en option qui conforte les enfants dans leur authenticité et leurs racines mais aussi dans leur singularité et leur différence. 

Ce dispositif dérogatoire autorise les ingérences étrangères dans l’éducation nationale car les maîtres sont sélectionnés et rémunérés par le pays d’origine. Ces enseignants ne présentent aucune garantie de compétence pédagogique et certains d’entre eux parlent à peine le français. Recrutés par copinage et payés à la vacation par le consulat, ils ne sont ni notés ni réellement contrôlés ou inspectés. Les programmes sont établis hors de France. 

« Si la pratique des maîtres est à cet égard de bon aloi… l'attachement au pays d'origine, à son régime politique, à ses valeurs propres, et enfin aux valeurs de l'Islam, est constamment rappelé… » alarment les inspecteurs généraux Jean David et Bruno Levallois dans leur rapport au ministre de l’Éducation nationale en mars 2006. Ils tentent toutefois de nous rassurer « Aucun cas de manquement aux règles de la laïcité n’a été signalé par les inspecteurs d’académie » mais soulignent la difficulté d’organiser ces inspections car elles doivent obligatoirement être conduites par un binôme étranger et français, or notent-ils sans humour, les inspecteurs d’académie sont rarement arabisants ! 

Décryptage: on soupçonne ces maîtres d’écoles de diffuser la propagande du régime dictatorial qui les rémunère et de répandre un catéchisme islamiste.


La prétexte de la langue arabe

Critiqué par tous, ce dispositif aberrant, d’asservissement des enfants à l’école primaire, n’a jamais été aboli malgré les promesses répétées des candidats aux élections. "L'apprentissage de l'arabe au CP mènera droit au communautarisme" Bruno Le Maire (RMC/BFMTV) #BourdinDirect janvier 2016. Durant sa campagne électorale, Emmanuel Macron multiplia lui aussi, les belles envolées indignées.  Las, à peine élu, il se contenta de faire concocter par son ministre une réforme à la marge dont le décret du 30 avril 2020 est un modèle de rhétorique grammaticale. Il reconnait que le dispositif des ELCO est « insatisfaisant », et le remplace par les EILE (Enseignements Internationaux de Langues Étrangères). C’est un faux-semblant qui ne change rien sauf à masquer le diable dans les détails de la formulation. C’est ainsi qu’un accord récent entre la France et la Tunisie prévoit en termes alambiqués que désormais: « Dans les écoles d'enseignement public en France, il peut être organisé, en coopération avec les autorités tunisiennes, et selon les conditions locales, un enseignement complémentaire de langue étrangère se rapportant à la langue arabe… par des  enseignants sélectionnés par la Tunisie ». Il n’est plus question de culture d’origine mais de langue étrangère se rapportant à l’arabe. La belle affaire !

Le prétexte est commode: il s’agirait de pallier le déficit de professeurs d’arabe en France. On use du même motif pour importer des imams ! On feint toujours d’ignorer que le premier enseignement de l’arabe en France remonte à 1530 au Collège royal ( Collège de France); conforté par celui de l’École des langues orientales en 1795; propagé par l’Ecole Normale d’Instituteurs à Alger en 1865; consacré par la création de l’agrégation en 1906 et du CAPES en 1975. Il y a probablement aujourd’hui en France plus de savants dans cette langue que dans nombre de pays arabes. Mais depuis 40 ans, le ministère préfère sous-traiter plutôt qu’ouvrir largement les concours de recrutement dans la fonction publique pour l’enseignement d’une langue qui est la seconde de France.


La laïcité à l’école est menacée

On peut se demander si des instituteurs tunisiens, algériens, marocains, turcs dont la formation est pétrie de religion et dont toutes les copies d’examen rédigées dans leur pays commencent sous peine de « zéro »  par la formule: « au nom d’Allah le miséricordieux »… sont qualifiés pour enseigner dans les écoles publiques françaises. 

En Tunisie, les parents fortunés qui souhaitent donner une éducation laïque à leurs enfants n’ont d’autres choix que les établissements français de La Marsa et de Mutuelleville. Dans sa thèse, la sociologue Émilie Pontanier rapporte qu’un professeur d’arabe recruté localement qui s’était révélé prosélyte, a été limogé sous la pression d’une association de parents d’élèves tunisiens musulmans, « farouches défenseurs d’une liberté menacée ». Toutes les observations de ces dernières années documentent que la formation des maîtres et des élèves en Tunisie est une insidieuse école de la bondieuserie. Cette islamisation rampante de la jeunesse n’est d’ailleurs pas spécifique à ce pays.

Dans le quotidien Liberté-Algérie, l’écrivain Amin Zaoui s’insurge : « L’école algérienne est une sorte de bivouac toléré pour l’endoctrinement idéologique, fanatique, perpétuel….Aujourd’hui, la guerre contre l’islamisme…est avant tout une guerre pédagogique…On ne peut mettre fin à l’islamisme fanatique sans une vraie révolution dans l’école et pour l’école. »


Un séparatisme islamiste assumé

Alors que l’islamisme se propage en France, les pouvoirs publics tergiversent. Le danger de contamination des jeunes consciences est éludé car politiquement il n’y a que des coups à prendre. La droite est à l’offensive calculée, la gauche défend les immigrés, les syndicats ont la tête dans le sable. Les collectivités territoriales, en particulier les mairies qui gèrent les locaux et les servitudes scolaires ne veulent pas se mettre les parents d’élèves à dos. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin observe « Petit à petit, la contagion islamiste gangrène nos quartiers sous la férule d’élus tantôt résistants tantôt collaborateurs. » (Le séparatisme islamiste éditions de l’Observatoire 2021). Dans son opuscule, le ministre des cultes ne mentionne pas les ELCO/EILE; sans doute pour ne pas empiéter sur le domaine de son collègue de l’éducation nationale, lequel lui sert la réciproque. Lucide mais bras ballants, Darmanin se débarrasse de la patate chaude en jouant au Mistigri.

Des députés ont bien à plusieurs reprises réclamé une commission d’enquête. Elle a chaque fois été repoussée par la majorité parlementaire au motif que « si des problèmes d'ordre pédagogique ou organisationnel se posent pour les enseignements de langues et cultures d'origine, il revient aux inspecteurs d'académie de faire respecter les dispositions en vigueur ». C’est pas moi, c’est l’autre !

Le quai d’Orsay - qui s’occupe surtout de commerce extérieur - est aux abonnés absents. Il n’ose plus évoquer la suppression du dispositif ELCO/EILE depuis que les capitales d’Afrique du Nord ont clairement laissé entendre qu’elles pourraient en rétorsion « nationaliser les lycées français » installés sur leur sol. La Francophonie serait pareillement menacée ! Alors l’Élysée - domaine réservé de la Françafrique -  a sans témérité, décidé de mettre un mouchoir sur les principes républicains. Le pouvoir feint d’ignorer les menaces graves que ce dispositif fait peser sur la sécurité du pays car le danger d’endoctrinement est réel pour ces enfants de 6 ans, âge où tout se joue.


Une seule question

La plupart des 600 instituteurs d’arabe nommés par l’étranger sont probablement de braves musulmans; mais s’il n’est qu’un seul Satan parmi eux, qui le détectera, qui le dévoilera, qui cafardera le pervertisseur d’âmes des petits enfants ? Dans tous les pays arabes,  religion et  langue sont d’État. Au fil des ans, sous la pression insidieuse des salafistes, la langue arabe s’est liturgisée. Protéger l’école laïque contre ce prosélytisme est la priorité de toutes les urgences républicaines. Parmi la trentaine de  djihadistes-tueurs  qui ont semé la terreur en France au cours de ces six dernières années, combien avaient fréquenté les ELCO dans leur enfance ? C’est la seule question qu’il faut poser.



https://www.vie-publique.fr/sites/default/files/rapport/pdf/174000080.pdf


https://www.cairn.info/revue-education-et-societes-2014-1-page-63.htm


https://www.liberte-algerie.com/chronique/lecole-est-le-plus-grand-parti-islamiste-en-algerie-522


https://www.assemblee-nationale.fr/12/rapports/r1618.asp


https://hybel.blogspot.com/2013/10/larabe.html

dimanche 6 juin 2021

Armée, Algérie, Rwanda, Bosnie



La grande muette taiseuse par devoir et principe, s’est échappée du mess pour aller bavasser au café du commerce. Une poignée d’officiers de réserve ont réclamé leur quart d’heure de gloire à la table d'Éric Zemmour. Tempête furtive dans un verre d’eau. Si l’objectif était de provoquer un défilé de troufions façon policiers, c’est raté. L’armée est à l’image de la France qui compte 300 fromages, c’est un patchwork, un assemblage d’idées divergentes  autour d’une seule: celle de la nation. Dans les casernes chacun connait les opinions de chacun. On les respecte plus ou moins, mais on n’en vient jamais aux mains car c’est un débat entre frères d’armes sur la vie des civils, autrement dit sur celle des gens du dehors. Les sujets « maison » terrorisme, patrouilles Sentinelles, Mali… font cohésion. Même l’islam est entré dans le rang. L’imam en chef aux armées est un haut gradé, aucun soldat musulman ne conteste la primauté de la mission sur la religion. On ne mélange pas la charia avec le règlement. 


Le rapport Stora sur la guerre d’Algérie n’a pas d’avantage passionné la troupe; mais elle a excité les souvenirs des grands anciens qui n’y ont d’ailleurs pas trouvé matière à polémique car le texte très habile ne s’y prêtait pas. Seuls quelques irréductibles hystériques ont saisi le prétexte pour cracher des insultes qui n’ont fait que ronds dans l’eau. Pour autant, les historiens qui réclament depuis 60 ans l’accès aux archives ne sont pas près d’obtenir satisfaction. Alger et Paris continuent de couler du plomb sur la mémoire de leur peuple. Les lycéens et les étudiants algériens et français ne connaissent l’histoire de leurs arrières grands pères qu’à travers des récits tronqués, glorifiés, souvent mensongers. Des millions de binationaux franco-algériens sont infantilisés par des pouvoirs politiques qui ne les jugent pas assez matures pour connaitre la vérité des faits.

Le rapport Stora n’est qu’un  premier petit pas, on attend qu’il soit imité à Alger où il faudra attendre l’inéluctable changement générationnel à la tête de l’État. Le jour où un jeune Président décomplexé à l’image d’Emmanuel Macron - dont le papa avait douze ans à la fin de la guerre d’Algérie - sera élu, alors les historiens pourront peut-être fouiller et confronter librement les mémoires des deux rives.


En attendant, il faut applaudir le Président français d'avoir ordonné l’enquête sur le Rwanda.

Le formidable travail de l’équipe d’historiens conduite par le Professeur Vincent Duclert sur le Rwanda est un pavé de 900 pages: denses, impeccablement documentées, minutieusement analysées. C’est une somme ! C’est la première fois en France que des historiens sont dûment habilités à fouiller les archives classifiées. Tous les secrets enfouis dans les bibliothèques fortifiées des services des armées ont été passés au crible. La vérité sur le rôle de la France pendant le génocide du Rwanda a été mis à jour intégralement. Incontestablement.

On y apprend que le Président François Mitterrand a soutenu les Utus qui d’avril à juillet 1994, ont massacré à la machette un million de Tutsis au rythme de 10 000 par jour ! Ce génocide de masse avait été pressenti par les services de renseignements extérieurs, les diplomates, les missions militaires détachées sur place. Mais l’Élysée était occupé par « les singes aveugles, sourds, muets » qui avaient choisi de soutenir le camp des assassins. Quelques lanceurs d’alertes avaient tenté en vain de réveiller la conscience du Président: ainsi Pierre Joxe qui n’était plus ministre depuis mars 1993, ainsi Pierre Conesa à l’époque à la direction des affaires stratégiques ainsi de nombreux autres dont la témérité entacha leur carrière. Les empêcheurs de tourner en rond militaires, diplomates, hommes politiques … seront ignorés ou écartés. À l’Élysée, une petite équipe de Mitterrandolâtres filtraient les messages et s’abstenaient de contrarier le vieux Président malade, figé dans sa vision coloniale héritée des années 50, du temps où il avait été plusieurs fois ministre de la répression. La France-Afrique était -est toujours- sous protectorat personnel du Président.

Le rapport de l’équipe du Professeur Vincent Duclert confirme qu’en situation de crise, la démocratie est court-circuitée, tout remonte à l’Élysée vers le Président qui se complait et se grise de ces moments de dérive monarchique. 


Pendant qu’à 8 000 km de Paris, on massacrait à tout va, dans les Balkans, banlieue de l’Union Européenne, on faisait de même. Des diplomates constataient la barbarie humaine: des nouveaux nés cloués à la porte des granges, des familles alignées écrabouillées par les chenilles des chars…Alors, des soldats français sous casques bleus tentèrent de s’interposer. Plus d’une centaine y laisseront leur vie. Le Président Mitterrand - son hélicoptère essuyant le tir d’un sniper - parvint à forcer le blocus de Sarajevo pour permettre l’ouverture d’un pont aérien humanitaire qui sauva des milliers de vies. Mille jours d’enfer plus tard, son successeur Jacques Chirac par un coup d’audace mit fin au siège de la ville et précipita le processus de paix. Entretemps, combien d’erreurs, d’hésitations, de querelles et de rivalités franco-françaises, de mesquineries mais aussi de vaillance, de générosité, d’abnégation. 

Sur la Bosnie et le Kosovo, Macron ordonnera t-il pareillement de fouiller l’histoire pour dire la grandeur et la lâcheté de ceux qui n’étaient que des hommes ? 



https://www.vie-publique.fr/rapport/278186-rapport-stora-memoire-sur-la-colonisation-et-la-guerre-dalgerie

https://www.vie-publique.fr/rapport/279186-rapport-duclert-la-france-le-rwanda-et-le-genocide-des-tutsi-1990-1994

https://www.liberation.fr/international/afrique/rwanda-la-france-a-rendu-possible-un-genocide-previsible-20210419_IOSAXGL6LVE4RNS2VMU7U2PYHY/

Hugue Dolley Action des commandos de l’air en ex-Yougoslavie https://fr.calameo.com/read/00008198013666add8dfd