mardi 8 février 2022

Tunisie, coup de cafard Général ?

Lorsqu’un vieux Général sort de sa réserve pour lancer un appel à la sédition sur les réseaux sociaux, ça fait écho. Moncef Bey, noble patronyme, s’est réveillé un matin pour exposer ses cauchemars en tenant à peu près ce discours: « La patrie est en danger. Elle mettra plus de dix ans à se relever du chaos dans lequel l’a plongé Kaïes Saïed qui obéit aux services spéciaux égyptiens…j’appelle les Chefs d’États-majors des trois armes à dépêcher des médecins psychiatres à Carthage pour constater la démence du Président de la République et l’interner dans un établissement spécialisé. Vaillant peuple tunisien qui avez résisté et chassé le dictateur Ben Ali, réveillez-vous… »


Coup d’éclat à bas bruit

Le ton est solennel, pathétique. La souffrance lue dans les yeux du vieil homme traduit la sincérité de ses propos. Bien au chaud dans le confort de sa retraite, on imagine qu’après avoir ressassé pendant des jours les malheurs du pays, le Général a bondi de ses pantoufles, posé son smartphone sur un guéridon et d’une traite, avec des mots simples que tous les Tunisiens peuvent comprendre, a vidé sa conscience. Après sa courte allocution, l’homme au grand âge que l’on ne peut soupçonner de calculs et d’ambitions personnelles a sans doute poussé un grand soupir de soulagement. "Bon sang ne saurait mentir, l’honneur de la lignée et de l’armée est sauve » aura t-il pensé. Pour ses propos factieux le Général Moncef Bey sera-t-il jugé à huis clos et condamné à la prison en catimini comme l’ont été l’ancien President de la République Moncef Marzouki et une ribambelle d’autres vulgaires blogueurs ? 


Habitué à douter, on se demande si la déclaration de cet étoilé inconnu au bataillon est réelle ou bidon. Viral sur la toile, le message publié sur la page Facebook de Carthage FM n’a pas été repris par les médias et nul communiqué officiel n’est venu le discréditer. Coïncidence, l’activité du chef de l’État s’est réduite au cours de la semaine dernière à une brève audience avec le ministre de la Défense et une visite au ministère de l’Intérieur pour annoncer la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature accusé... de corruption !


Y-a t-il un pilote dans l’avion ?

Depuis le coup d’état de juillet qui a muselé la démocratie, les difficultés s’accumulent, aggravées par l’amateurisme de celui qui s’est approprié tous les pouvoirs. D’évidence, ni le Président verbeux, ni son gouvernement paresseux ne parviennent à guider le pays hors du chemin qui conduit au gouffre. La révocation d’une palanquée de hauts fonctionnaires, policiers, diplomates, magistrats et leur remplacement par de dévoués incompétents alimentent la défiance. Menacés de rendre gorge, les entrepreneurs craignent de figurer sur une mystérieuse liste de "malfaiteurs". Ils se sont auto-confinés et attendent des jours meilleurs. Les rumeurs incendient la toile, les pénuries se multiplient, les prix flambent. Les riches s’enrichissent, les moyens survivent à crédit usuraire, les pauvres rationnent leur pain. Doucement, la chienlit métastase pendant que, dépassés par une gouvernance menaçante et imprévisible, les partis politiques et la société civile font le dos rond.


Discours cryptés 

Fort du soutien populaire attesté par des sondages incontestés qui le créditent d’un score de dictateurs, le Président Saïed a lancé une révolutionnaire consultation numérique. Il suffit de se connecter à une plate-forme, de donner son numéro de téléphone, celui de sa carte d’identité puis de se laisser guider… Même pour les Tunisiens qui ne sont pas analphabètes ( 2 millions ) ce n’est pas simple; ça coince et personne ne sait à quoi ça sert. Le Président s’en est expliqué mais nul n’a compris son jargon juridique incantatoire. Ses anciens collègues professeurs de droit lèvent les sourcils; seul un journaliste facétieux s’y est essayé, il a titré « Parlez-vous le Kaïes Saïed ? »

Le Président ne semble pas maîtriser davantage les chiffres, il confond les dinars, les dollars et les milimes. Pareillement candide en économie, il est incapable de lire un budget ou une loi de finances, il prend le FMI pour une ONG. Même l’inoxydable chroniqueur « Z » semble baisser les bras « Je me demande d'ailleurs par quelle force occulte, je continue à perdre mon temps à suivre l'actualité d'un pays où l'espoir semble être anéanti »


Circonstances atténuantes

Pourtant, on aurait tort de charger de tous les mots le Président Saïed et le gouvernement Bouden. Ils ne sont pas responsables de la situation mais assurément de son aggravation car ils n’ont ni la connaissance, ni l’expérience, ni la compétence de l’État. 


La Tunisie a vécu pendant des siècles de pillages et rançons avant d’en être victime. Cet atavisme a été circonscrit pas l’élan nationaliste de Bourguiba en 1956, mais la mafia est revenue en 1987 pactiser avec le dictateur Ben Ali. Contrairement à ce que pouvaient laisser espérer les premiers temps de la Révolution de 2011, elle a profité des failles d’une constitution nouvelle imparfaite pour accaparer les rouages de la jeune démocratie. En 2014 et 2019, les élections des représentants du peuple au scrutin de liste au plus fort a permis l’achat aux enchères de sièges de députés auprès de certains partis politiques. L’honorabilité de la chambre, aujourd’hui dissoute était composée à 40% d’hommes d’affaires dont une kyrielle de repris de justice et de grands voyous. Cette camarilla a infiltré les rouages de l’État par la nomination de leurs affidés aux postes clés. Pour équilibrer les pouvoirs, la constitution de 2014 avait prévu l’élection d’un Président au scrutin majoritaire à deux tours comme en France. En 2019, la Nation à la rencontre de son Chef a élu le seul candidat qui ne pouvait être suspecté de corruption. Ce n’était pas le plus compétent, mais assurément le plus honnête. Depuis, Kaïes Saïed, rigide et droit comme un Ï tréma se démène avec ses petits  moyens. Il lui faudrait une armée de sabreurs incorruptibles, il n’a qu’un bataillon de flagorneurs. Il lui faudrait des économistes, il a recruté des comptables. Le pays est en coupe réglée. Les ministres sont espionnés, toute intention d’action est immédiatement entravée. La pieuvre qui régente clandestinement 50% de l’économie du pays est impunie.  


Une économie sauvage

Les études de Abderrahmene Ben Zakour publiées en décembre dernier au Forum Tunisien pour les Droits Économiques et Sociaux posent la bonne question « Autorité de l’État ou autorité de l’informel ? ». 

Une demi-douzaine de barons de la fraude gouvernent le pays à l’échelle nationale. Aux frontières de la Libye et de l’Algérie les malfrats reçoivent dans des palais. On compte à Tunis 22 000 sociétés « off shore » à salarié unique dont la plupart sont soupçonnés de lessiver l’argent sale; il y a aussi des milliers d’associations « caritatives" douteuses… En janvier dernier en Équateur, la police a saisi un conteneur destiné à la Tunisie qui contenait 600kg d’héroïne. Cette prise de 42 millions de dollars atteste d’une filiation avec les cartels intercontinentaux de la drogue. Face à ces désordres et en absence de perspectives, les élites fuient. 1 200 médecins viennent de réussir le mois dernier les épreuves EVC d’intégration au ministère français de la santé. Dans chaque hôpital de France il y a au moins un praticien tunisien ! La Tunisie de Bourguiba n’est plus qu’un souvenir de fierté que rabâchent les vieux, pire elle est revenue au temps de la faillite qui causa sa colonisation en 1881 !


Vers la libanisation 

Prédite par tous les spécialistes depuis plus de six mois, une secousse tellurique financière vient de faire trembler le pays. En Janvier, le traitement des 800 000 fonctionnaires et agents des entreprises d’État n’est pas tombé à date habituelle mais inégalement avec deux semaines de retard. La ministre des Finances a bredouillé des calembredaines sans oser avouer que les caisses étaient vides. Appelés à la rescousse les amis de la Tunisie ont regardé leurs souliers. Ils ont pour la plupart déjà donné. L’Allemagne a sobrement annoncé une rallonge de 100 millions d’euros, diplomatiquement assortie de conditions de restauration des institutions démocratiques. Le Président Macron, sans doute pour écourter l’appel téléphonique pressant mais trop long de son homologue tunisien, à promis de lui envoyer son directeur du Trésor public. Quelques jours après, Monsieur Moulin est venu apporter « le soutien de la France aux réformes envisagées par la Tunisie dans le cadre de ses négociations avec le FMI » 


Fragiles piliers républicains

Tous ces indices annoncent des jours difficiles de restrictions. Traitements, salaires, pensions, subventions, vont diminuer, prix, taxes et impôts vont augmenter. La purge imposée par les institutions financières internationales sera douloureuse. La puissante centrale syndicale UGTT habituellement accommodante avec le Président a senti le vent se lever chez les militants de la base. L’histoire de la Tunisie retient les souvenirs sanglants des émeutes du pain. Le pouvoir dont la popularité s’effrite repose encore sur le soutien républicain des sécuritaires et de l’armée. Mais pour combien de temps ?


Sur sa page Facebook, l’ancien Chef d’État-major de la marine le Contre-amiral Kamel Akrout qui ne cache pas ses ambitions politiques est sorti lui aussi de sa réserve, il est monté à la passerelle en maugréant:

J’en ai ras-le-bol

-de la politique politicienne, 

-de la démocratie de façade, 

-de la médiocrité, 

-des esprits étroits,

-de l’égocentrisme,

-et de l’inefficacité.


https://www.facebook.com/RadioCarthageFm/videos/812304050166337 

http://www.debatunisie.com/archives/2022/02/08/39339301.html

https://www.businessnews.com.tn/parlez-vous-le-kais-saied,523,116218,3

https://nawaat.org/2022/02/02/consultation-nationale-au-nom-du-peuple-exclu/

https://ftdes.net/rapports/secteur.informel.pdf

https://northafricapost.com/54837-ecuador-seizes-over-600-kg-of-cocaine-bound-for-tunisia.html

https://www.facebook.com/Adm.Kamel.Akrout

mercredi 2 février 2022

Yémen, vers la fin de la guerre de 7 ans ?

Les récentes attaques de missiles sur Abu Dhabi marquent un tournant dans la guerre du Yémen. Elles portent l’espoir des derniers soubresauts du confit avant la paix mais aussi la crainte de l’extension de la guerre à l’ensemble de la péninsule arabe et du Golfe persique. Ce qui bouleverserait les flux de la mondialisation et aurait des répercussions incalculables.


Le Yémen ou l’Afghanistan à bas bruit

On se souvient qu’en mars 2015, encouragé par Donald Trump, le Saoudien Ben Salman (MBS) s’était lancé avec son compère Ben Zayed (MBZ) des Emirats Arabes Unis dans une expédition guerrière chez leur voisin. À la manière de Geneviève Tabouis, l’auteur de ces lignes avait alors prédit que le Yémen jamais ne serait asservi. Sept années plus tard, la coalition des agresseurs est sur la défensive, le pot de terre est en train de vaincre le pot de fer. Le scénario afghan se répète.

« Les puissants sont toujours prêts à abattre les brebis rebelles…ils se nourrissent de conflits et de querelles d’influence qui n’engendrent que guerre, exploitation et servitude chez les petits peuples ». Propos de  Kadhafi au  temps de sa lucidité rapportés par l’ambassadeur de France en dignité Guy Georgy (Kadhafi le berger des Syrtes Flammarion 1996).

Dans cette contrée jadis nommée « l’Arabie heureuse », les plus riches bombardent méthodiquement les plus pauvres. Qui se soucie du Yémen ? Là bas, les médias ont déserté l’horreur: plus un journaliste ni même une ONG ne s’y risque. Le Yémen, c’est l’Afghanistan sans témoin. L’écho des cris de douleur des populations nous parviennent chuchotés par quelques lanceurs d’alertes. 


Les alertes de l’ONU sans conséquences

 « Le Yémen reste une terre de torture, avec son peuple ravagé d’une manière qui devrait choquer la conscience de l’humanité… Les civils au Yémen ne meurent pas de faim, ils sont affamés par les parties au conflit…et  il n'y a tout simplement pas d'endroit sûr pour échapper aux ravages de la guerre » déclare M Kamel Jendoubi, président du Groupe d’experts des Nations Unies, espionné par l’Arabie saoudite avec le logiciel intrusif israélien et qui se bat pour réveiller la conscience internationale. Les chiffres publiés par le bureau humanitaire de l’ONU puis du PNUD documentent par méthodes analogiques et recoupements imprécis 377 000 victimes sur les 30 millions que compte les pays. Mais la réalité est sans doute beaucoup plus dramatique.


Qui sont les belligérants ?

Comme dans toute guerre, il y a les bons, - ceux qui sont de notre côté - et les méchants. « Les gentils » sont une partie de la population et de l’ancienne armée gouvernementale, l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis, tous soutenus par les USA, GB, France, Israel, Égypte… 

« Les méchants » sont les rebelles Houthis aidés par l’Iran. Les Houthis sont une tribu d’une centaine de milliers d’irréductibles guerriers qui ont rallié à leur cause la capitale Sanaa et les trois quarts de la population du nord montagneux qui est la partie la moins pauvre du pays, celle frontalière de l’Arabie. En d’autres circonstances et autres lieux, on les eut nommés « résistants » ou « révolutionnaires » car après tout, ils se battent pour repousser les agresseurs.

Si les « gentils » de l’Arabie Saoudite ont échoué dans toutes leurs offensives terrestres, ceux des Émirats Arabes Unis ont réussi à conquérir les ports stratégiques d’Aden, Mukalla, l’île de Socotra sur la mer d’Arabie et les ports de Moka, Hodeida, et l’île de Périm sur la mer rouge. 

En résumé, « les méchants » rebelles-résistants sont encerclés et bombardés sur leurs terres de repli.


Astérix au Yémen

Dans ces conditions désespérées, on se demande par l’usage de quelle potion magique les irréductibles yéménites sont parvenus à menacer directement les puissants Émirats arabes unis encore récemment qualifiés de « nouvelle Sparte » à la une du Monde Diplomatique

Le 17 janvier un essaim de drone s’abat sur la zone industrielle de Musaffah à 20km du centre d’Abu Dhabi. Bilan: trois morts et une dizaine de blessés; tous ouvriers immigrés. Alors, les autorités tentent de maquiller l’événement en accident. Mais le lendemain, deux missiles sont détruits en vol alors qu’ils s’apprêtaient à frapper la gigantesque base militaire voisine d’Al Dhafra. C’est là où stationnent 2 000 soldats du commandement des forces aériennes US et les effectifs dix fois plus modestes de la  Base 104 « Lt-Col Charles Pijeaud » de l’armée française que l’alerte a confinés dans les bunkers. 

Le 30 janvier un autre missile est intercepté pendant que le Président israélien entame une visite officielle à Abu Dhabi et Dubaï. Cette attaque fait beaucoup de bruit !


Escalade de menaces

Au plan opérationnel ces raids démontrent l’efficacité des batteries anti-missiles mais aussi l’incroyable capacité offensive des Houthis qui ont réussi à lancer depuis leur montagne d’Al Jawf à 1 200Km de distance des engins de plusieurs tonnes au décollage et emportant chacun une charge explosive de 500kg (des Zulfikar Qasem de fabrication iranienne). Comment sont-ils parvenus à acheminer ces engins au coeur d’un pays assiégé et sous embargo, dans une contrée observée en permanence par des satellites ? 

La capacité et la sophistication des moyens balistiques des Houthis en progression constante représentent désormais une menace avérée pour la sécurité des sites vitaux saoudiens et émiratis: aéroports, centrales électriques, usines de dessalement d’eau de mer, terminaux pétroliers…

Les Yéménites ont menacé que la prochaine salve ciblerait l’Exposition Universelle de Dubaï…


Le message c’est le missile

Les Émirats ont vite résumé le dilemme: évacuer leurs troupes du Yémen ou intensifier les combats. 

La première perspective garantirait leur sécurité intérieure mais les priverait du contrôle de la navigation du golfe d’Aden et de l’accès à la mer Rouge. La seconde impliquerait une offensive massive de fantassins pour monter à l’assaut à la baïonnette des monts du Yémen. Ils n’en ont pas les moyens. Les sept petits émirats de la fédération rassemblent seulement huit cents mille citoyens et huit millions de corvéables immigrés. Ses forces armées suréquipées sont servies par des supplétifs de toutes nationalités. Le corps à corps n’est pas leur fort.  

Les dirigeants du golfe se sont en hâte réuni, à l’exception notable de ceux de l’Arabie Saoudite, mais avec le Président égyptien, seul de la région capable d’aligner plus d’un million d’hommes. Mais il est improbable que Sissi répétera l’erreur de Nasser qui se lança dans les années soixante dans une guerre d’usure dont les bénéficiaires furent l’URSS (qui occupa le Sud Yémen) et dont l’armée affaiblie par cette aventure permit à Israël d’annexer en six jours le Sinaï, la Cisjordanie, Gaza et le Golan. 


La nouvelle Sparte capitule

Moins d’une semaine après les attaques sur Abu Dhabi, les mercenaires et les milices de la « Brigade des Géants » financés par les Émirats annonçaient leurs replis du front de Marib.

Ambitieux mais réalistes, les EAU n’entendent plus risquer leur prospérité qu’une insécurité durable pourrait ruiner. Cette « capitulation » place l’Arabie Saoudite en posture d’unique belligérant condamné à mettre  rapidement à son tour un genoux à terre. Le Prince Salman d’Arabie dont la succession à son roi de père s’annonce problématique est plus que jamais isolé. La fin de la guerre du Yémen pourrait bien correspondre avec la fin de ses ambitions.



La France Total

Coté Français, on s’est fait des frayeurs en imaginant qu’un missile aurait pu frapper l’une des trois bases militaires françaises à Abu Dhabi ! Quelle eut été alors la réponse de Macron ? Pour autant, ces événements épargnent les intérêts français. Le pétrolier Total demeure le premier opérateur au Yémen mais ses gisements de Marib sont à la merci des Houthis et le terminal gazier de Balaf dans le golf d’Aden est sous la double protection des Émirats Arabes Unis et de sociétés militaires privées. Jusqu’à présent la diplomatie d’entreprise française tire son épingle du jeu. Mais pour encore combien de temps ? Dans un rapport dense et très documenté dont la presse ne s’est pas fait l’écho, l’ONG SumOfUs basée à San Francisco pose une question qui fâche: « La France et Total en guerre au Yémen ? "


https://blogs.mediapart.fr/hedy-belhassine/blog/060315/yemen-les-dernieres-nouvelles-de-demain

https://news.un.org/fr/story/2020/09/1076802

https://news.un.org/en/story/2021/09/1099342

https://reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/resources/Assessing%20the%20impact%20of%20war%20in%20Yemen%20-%20Pathways%20for%20recovery.pdf

https://www.monde-diplomatique.fr/2021/03/THIEBAUD/62841

https://www.oryxspioenkop.com/2019/09/houthi-drone-and-missile-handbook.html

https://s3.amazonaws.com/s3.sumofus.org/images/Rapport_Yemen_Total.pdf