dimanche 15 février 2009

En Guadeloupe le pouvoir résiste, en Arabie il cède à la pression populaire.

« La célébration de la fête de l’Amour est une violation des lois de Dieu ». La fatwa des oulémas saoudiens est sans appel.

Comme chaque année, en Arabie Saoudite la Saint Valentin a été le prétexte à une confrontation entre les progressistes et les conservateurs. Un communiqué officiel a rappelé que la commercialisation des objets se rapportant à cette fête était strictement interdite. Du coup, le prix de vente sous le manteau des roses rouges s’est envolé de trois cents pour cent. Malgré d’astucieuses manœuvres d’intimidations, les brigades de la commanderie de la vertu ne sont pas parvenues à gâcher la journée des amoureux.

Il faut rappeler que l’Arabie Saoudite est un sanctuaire sacré. Le rire est malséant, il même tout à fait suspect. J’ai le souvenir d’une interpellation par la police de Riyad il y a quelques années au motif que je riais aux éclats au volant de ma voiture. Non je n’étais pas saoul Dieu m’en préserve ! Je blaguais avec un copain au téléphone. Je fus invité à la décence, mon attitude étant jugée inconvenante et incompatible avec mon devoir de récitation in petto et en boucle du Coran.
C’est sans doute pour se distraire de cette chape d’austérité qu’à la Saint Valentin, les saoudiens (pas tous) se lâchent. C’est la journée de l’Amour, du Rire, du Bonheur, c’est Carnaval sans déguisements, on joue avec les interdits, on brave les muttawa de la commanderie, on échange des signes imperceptibles de connivence, on achète clandestinement des ballons rouges en formes de cœurs, on drague par SMS, l’ambiance est d’autant plus jouissive qu’elle est partagée par une foule de complices discrets.

Dans les restaurants impossible de trouver une place. C’est réservé depuis trois semaines. En Arabie Saoudite, les lieux publics sont divisés en deux zones « hommes » et « famille », mais le Valentin’s day les restaurants sont entièrement réservés aux familles qui ce jour la viennent sans enfants ni belles mères. Les couples dînent aux chandelles, se font des cadeaux coquins, dégustent des mets succulents, « s’enivrent » au Saudi Champagne (Perrier plus jus de pomme) roucoulent, se murmurent des douceurs, font des projets de voyages libertins à Dubaï, Bombay, ou même Paris…

Tout cela fait désordre.

Alors que les observateurs internationaux et étasuniens s’accordent à reconnaître l’efficacité du programme gouvernemental de réhabilitation des « égarés » qui a éradiqué le terrorisme dans le royaume, ils constatent l’impuissance chronique du pouvoir contre les forces de l’Amour.

Le sage vieux Roi Abdallah semble avoir saisi l’ampleur du mouvement. Il a pris une mesure apaisante que les politologues ne manqueront pas de saluer comme révolutionnaire et historique: il a nommé comme vice-ministre de l’enseignement une FEMME !

En remaniant de la sorte son gouvernement un 14 février, jour de la Saint-Valentin, le souverain à voulu adresser à son peuple un double message : d’abord que nul n’est prophète en son pays et ensuite que l’Amour en Islam est une obligation tout au long de l’année.

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