Le Président Hollande a promis des armes aux rebelles de Syrie. La chose paraît simple, elle ne l'est pas. La France ne produit pas d'armes légères de petits calibres. Ainsi, on cherchera en vain dans son catalogue des pistolets, des fusils, des mitraillettes, des mortiers... le rayon "made in France" est vide. La manufacture de Saint Etienne a livré son dernier fusil il y a quinze ans !
Les industriels français aux catalogues impressionnants sont spécialisés dans le haut de gamme. La performance des exportations est loin d'approcher celle des USA et de la Russie mais la France joue dans la même cour que la Grande Bretagne, l'Allemagne et Israel. Le complexe militaro-industriel tricolore excelle dans les trois armes: terre, air mer. Les spécialistes de toutes nationalités reconnaissent la qualité de ses blindés et artillerie, de ses aéronefs et satellites, de ses frégates, corvettes et sous-marins.
Ces systèmes lourds et très coûteux ne sont pas adaptés à la guérilla syrienne laquelle n'est d'ailleurs pas en peine d'approvisionnement. Les révolvers, fusils, pistolets mitrailleurs et bazooka sont achalandés à profusion. Pour le quidam, le marché de la Kalachnikov et du lance roquette est tout à fait abordable. Sur les trottoirs d'Alep, un AK 47 se négocie autour de 1 500$ et le premier pack de munitions à 100$ les cent balles est offert. Pour les groupes d'insurgés salafistes du matériel flambant neuf arrive généreusement de Riyad et de Doha en empruntant des circuits mystérieux.
Mais ce qui manque surtout pour faire la différence sur le théâtre c'est la technologie. Or, à l'épaulé tué, le missile anti-char français est infaillible, le sol air est un must.
Pour trente mille euros sans les options, la carapace de protection française permet au fantassin de tout voir et de tout entendre. Le combattant est dans une bulle façon Tintin sur la lune.
Hélas pour elle, la rébellion syrienne ne peut pas importer ces armes modernes car celles-ci sont tout bonnement interdites à l'exportation. Et le Président de la République aura beau taper du pied, les missiles français resteront sur les étagères faute d'autorisations.
Car en dehors des armes légères répliquées à des millions d'exemplaires et diffusées clandestinement sur toute la planète par d'habiles marchands de morts, la commercialisation des armements sophistiqués est drastiquement réglementée. Ainsi, toute exportation française est soumise à autorisation préalable du gouvernement, lequel est lui même inféodé au feu vert de chacun des pays de l'Union Européenne. Entre autres règles, la communauté internationale limite les autorisations d'achats aux seuls Etats reconnus vertueux par l'ONU. Bien entendu la réexportation vers les pays tiers est interdite et la traçabilité des armements est assurée par les rivalités du marché. Il y a bien des moyens détournés, mais il ne faut pas se faire piquer comme les italiens en Libye car cela fait mauvais genre dans les conférences internationales.
Si certains missiles bricolés peuvent se vendre à la sauvette, ce n'est pas le cas des vecteurs français dont l'efficacité meurtrière laisse une signature. En outre, la technicité des systèmes performants induit des conditions de stockage et d'utilisation réservés à des soldats ayant reçu une formation adéquate. Dans ces conditions, on voit mal comment les industriels français pourront, en dehors d'un engagement internationalement validé se prévaloir du label opérationnel "Syrian combat proven".
Reste que par ses incantations, le Président français aura bien mérité, car sa campagne de promotion a doublement séduit les exportateurs du secteur de l'armement et leur principal client l'Arabie Saoudite.
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