vendredi 18 octobre 2013

L'affaire Karachi sur Arte



On retiendra les visages et les mots de la douleur. Ceux de gens ordinaires comme nous. 
Un jour néfaste, il y a dix ans, onze des leurs ont été pulvérisés par 500 kilos de TNT. 
Pourquoi ? 

Le documentaire de Fabrice Arfi tente de documenter. Les interviewés défilent. Aux savants qui ignorent succèdent les ignorants qui font semblant de savoir. Les juges
et les ministres prennent la lumière des caméras. On oubliera vite leur visage et leurs expressions navrées, ils sont interchangeables. 
On retiendra la dignité et le parler vrai d'un rescapé et d'une orpheline. En retrait, les journalistes se taisent.
En demi ton on laisse entendre une musique de corruption qui serait à l'origine du massacre. 
Mais ce n'est qu'une hypothèse !  Le corrompu n'aurait pas touché l'argent du corrupteur alors il aurait lancé un sanglant avertissement. Le corrupteur et le corrompu étaient-ils de mèche par rétro -commissions interposées.
Qui sont les assassins ?

Le constructeur de sous-marins, la Direction des Constructions Navales, arsenal de l'Etat , a mené sa propre enquête mais n'a rien dit aux juges. 
Combien d'ingénieurs de l'armement combien de hauts fonctionnaires au nez pas très propre ? En se taisant ils ont ignoré leur devoir et l'article 40 du code de procédure pénale ? Qui s'en soucie ?
Toute la chaine de commandement s'est évertuée à regarder ailleurs.

Au Pakistan, Ben Laden était un coupable abonné.Mais comme tous les spécialistes démentaient alors diplomatie oblige, à Karachi une poignée de quidams ont été arrêtés, accusés, libérés…Puis l'embrouille s'est internationalisée avec la mise en cause des services de renseignement pakistanais dont une des "factions" afghane aurait pu déraper. 
A Paris on découvrait fortuitement à l'occasion d'une querelle de couple que les intermédiaires saoudiens étaient proches des militaires pakistanais. Autre "surprise", des pots de vin auraient été partagés avec des hommes politiques français. Des gonfaloniers de Sarkozy, Balladur, Léotard ont été mis en examen. Bien entendu, personne dans les milieux de l'armement n'aurait pu soupçonner pareilles turpitudes; d'ailleurs totalement ignorées des services de renseignements. Ben voyons !
En Arabie le backchicheur saoudien désigné eût l'élégance suprême de décéder. Allah yarhamouhou. En compensation, son chambellan parisien endossa le képi d'un mystérieux réseau  "K" dont la lettre était chuchotée dans les cercles d'initiés. L'arabe arrogant et bavard sera mis au trou: il y apprendra à se taire ou à mieux parler !

Retour sur image. Les ministres de la défense de droite et de gauche posent devant la caméra et parlent pour ne rien dire, ils s'arc-boutent sur les principes de confidentialité et de secret de polichinelle. 
Charles Million pédale dans la semoule. 
Alain Richard est pitoyable, la confession douloureuse lui reste au fond de la gorge.  
Un ancien magistrat bredouille. Son successeur sympathique et pragmatique explique que la justice ne peut pas grand chose lorsque l'exécutif est laxiste.

Heureusement, à Cherbourg, un député s'est levé. Il a tempêté et milité pour la vérité. En vain car la chape de plomb du silence n'a pas bougé. Mais récemment le sort a récompensé cet élu vertueux. Il est désormais ministre. Il a pris la place de celui qui avait effrontément menti "dans les yeux" à la République. 
Bernard Cazeneuve est maintenant un homme puissant qui dispose des services d'investigations de tous les circuits de l'argent.

Entre ses mains un double défit républicain: celui de dire qu'un ministre fraudeur est justiciable et que des puissants, complices d'un attentat  par compromission ou omission le sont aussi. 
Cahuzac, Karachi, deux affaires que les électeurs de gauche et de droite ne sont pas prêts d'oublier.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

bravo pour vos écrits
lus quelques uns
c'est clair, bien écrit et le fond est comme l'eau de roche
merci

marie claire crouzillat