En 1873, Patrice, comte de Mac Mahon, entrait à l’Élysée. Héros auréolé de blessures et de victoires sur les champs de bataille, il avait été fait quelques années plus tôt, duc de Magenta et Maréchal de France. Ensuite, après une expédition peu glorieuse en Algérie, il avait pris la tête des Versaillais et réduit la Commune de Paris. Ce palmarès lui avait valu d’être élu Président par une assemblée où siégeait une majorité de royalistes. Pour la première fois de son histoire, la République était conduite par un authentique militaire. Pour la première fois, succédant au bourgeois Adolphe Thiers, ancien ministre de Louis Philippe 1er, un sang bleu devenait chef de l’État Républicain.
De Gaulle lui, n’était pas issu de la noblesse, mais il en avait le port et le patronyme. Comme Mac Mahon, il était général victorieux, il était l’homme du recours d’une France à genoux et divisée. Ces deux hommes avaient en commun leur attachement à la foi chrétienne et leur formation à la prestigieuse école militaire de Saint-Cyr qui instruit depuis 1802 les officiers de l’armée de terre.
Il se pourrait bien qu’en mai 2022 le Général d’armée Pierre Le Jolis de Villiers de Saintignon, dit Pierre de Villiers soit le troisième de la lignée d’officiers généraux à s’installer à l’Élysée.
Les circonstances qui s’accumulent le rapprochent de ce destin.
La pandémie a mis en évidence le désarroi d’une gouvernance qui s’agite dans tous les sens pour parer au plus pressé en oubliant l’essentiel. La bonne volonté des hommes n’est pas en cause, c’est leur capacité d’anticipation et de savoir commander qui fait défaut. Un énarque sait expliquer une crise, il ne sait ni la prévoir, ni la gérer. L’ENA qui éduque toutes les élites de la politiques et de la fonction publique n’est pas celle du pragmatisme; gouverner n’est pas seulement administrer, c’est prévoir, mobiliser, encadrer, organiser, fixer des objectifs, répartir les missions, c’est agir.
Brillant esprit et talentueux rhéteur, Macron a qualifié la pandémie de guerre sans pour autant mobiliser les combattants: armée, protection civile, réservistes, associations, ONG, collectivités locales…Toutes les énergies citoyennes ont été délaissées. Le Président, les ministres et des comités siégeants à huit clos se sont arrogés l’exclusivité de la conduite des batailles qui sans exceptions ont été perdues. Il n’est pas étonnant de constater qu’aucun des artisans de cette débâcle n’est issu de nos écoles d’ingénieurs. Aucun ne sort de Saint Cyr: « Ils s’instruisent pour vaincre »
Devant la Covid, la France avec 50 000 victimes est à terre. Le pouvoir énarchique et jacobin ne s’en remettra pas car les électeurs se souviendront des mesures mesquines , des approximations, des mensonges, des voltes face et surtout de l’arrogante campagne d’infantilisation massive de la population.
À 16 mois des élections Présidentielles, tous les prétendants sortent du bois. Ils sont dix, ils sont vingt, ils seront cinquante à réclamer leur quart d’heure de gloire. La plupart ont échoué dans l’exercice du pouvoir, d’autres ont été dans le passé retoqué aux élections, peu de noms sont crédibles.
Alors, comme en 1873, (comme en 1940) comme en 1958, qui mieux qu’un général pour apaiser les angoisses de la débâcle post-Covid qui s’annoncent ?
Injustement abaissé devant ses troupes par le Président Macron la veille du 14 juillet 2017, le Général de Villiers Chef d’État Major des armées démissionna quatre jours plus tard. Abattu mais pas vaincu, il a pris la plume pour expliquer sa France aux Français. Chacun de ses livres « Servir » « Qu’est qu’un Chef ? » « L’équilibre est un courage » publiés chez Fayard s’est vendu à plus de 180 000 exemplaires.
Le prochain sortira peut-être à point nommé pour annoncer sa candidature à la Présidence de mai 2022.
En attendant il court les interviews et soigne sa communication. Il sillonne la France, va au devant des oubliés. Il se fait applaudir dans les librairies de Versailles et de Montpellier mais aussi dans les quartiers « difficiles » des Mureaux où il s’est impliqué dans le tissu associatif sportif et humanitaire. L’armée est populaire chez les jeunes, le Général n’est jamais raillé, les marginaux lui serrent la main en le regardant droit dans les yeux.
L’ancien Lt-Colonel qui négociait sur le pont de Mitrovica au Kosovo connait sur le bout des doigts la force du verbe et de l’adjectif. Avant de devenir le Chef d’État Major des trois armée en 2014, il avait rodé ses talents de communiquant dans les cabinets des Premiers ministres Raffarin et Fillon. Pour avoir trop fort réclamé des sous pour ses troupes, il a été remercié sans ménagement par un Président fraîchement élu, peu familier des choses militaires, qui inaugura par ce « fait d’arme » sans précédent, la première gaffe de son quinquennat.
La défense nationale est une communauté de plus d’un demi million de femmes et d’hommes à laquelle aucune élection nationale n’a jamais résisté.
Après Patrice de Mac Mahon et Charles de Gaulle, Pierre de Villiers emportera t-il l’Élysée ?
Sans même être candidat, il est aujourd’hui crédité par l’IFOP de 20% des intentions de vote. Quelle que soit sa décision, il sera pendant la campagne présidentielle le boulet que Macron trainera en pénitence d’avoir humilié le Chef des armées.
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