Hier, je suis parti en course avec un ami.
Sur la petite route qui mène à Saint-Patelin, on s’est d’abord arrêté près du grand noyer. La bourrasque de la nuit avait fait tomber quelques kilos de fruits mûrs que l’on a prestement collectés. Plus loin dans les sous-bois j’ai pris garde de ne pas rouler sur les châtaignes qui recouvraient la chaussée. On en a ramassé un plein sac. Ce soir j’en ferai rôtir quelques unes dans la poêle trouée sur le feu de la cheminée. Le reste qui n’aura pas été distribué aux copains sera accommodé en purée pour demain et en confiture vanillée si délicieuse avec une lichée de crème fraiche.
Après s’être vigoureusement massé les hanches en se redressant de la cueillette, mon complice suggéra une incursion chez des parigots têtes de veaux ; des amis qui possèdent quelques hectares de vergers autour de leur longère authentiquement restaurée.
En pénétrant sur le pré comme des braconniers nous nous trouvâmes bien embarrassés devant les tonnes de fruits amassés aux pieds des arbres. Que du premier choix ! Poires Comice, Passe-crassane, Beurré Hardy…Pommes Reine des reinettes, Boskoop, Akena, d’Api, Golden red et deux arbres magnifiques qui penchaient sous le poids de coings jaunes gros comme le poing ! Ragoût, gelée et pates confises en perspective ! Au fond du verger, un vénérable figuier offrit à notre gourmandise une douzaine de bourses fondantes et mielleuses que les merles repus avaient eu l’élégance de nous abandonner.
Au retour nous fîmes halte dans un endroit secret de la forêt de Perseigne où sous les feuilles de chênes centenaires, bien à l’abri des drones et des satellites espions, nous attendait tout un bataillon de champignons. L’omelette du soir était acquise, mais encore fallait-il chercher les œufs ? Contre un panier de ceps et une caisse de fruits, Denis le voisin nous en donna douze avec en prime une côte épaisse et la queue d’un veau… élevé sous la mère ça va sans dire.
Il nous raconta entre deux coups de cidre que l’animal était issu d’une vache rebelle qui obstinément refusait de se laisser traire. Sans doute avait-elle eu l’écho du prix dérisoire que l’on donnait au produit de ses pis !
Le Perche est un pays de cocagne. L’abondance est à la portée de celui qui peut se baisser. Et pour celui qui a mal aux reins, il lui suffit de pousser le caddy au supermarché du coin. Il y a en ce moment des promotions sur les noix du Brésil, les pommes de Hollande, les poires d’Italie, les figues de Turquie, les coings d’Israël, les bolets d’Ukraine, le lait de Hongrie, le veau d’Argentine…
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