« Ya
dhabbah ! » Peut-être m'avait-il bousculé ? Je me
suis retourné. Je l'ai vu. Alors j'ai explosé. « Maudite soit
la religion de ta mère qui t'a enfanté.... tartuffe, renégat,
apostat... » Le barbu déguisé en Pachtoune s'est vite éloigné
vers la sortie du centre commercial entrainant une Belphégor aux
yeux clairs et un enfant en poussette. A-t-il compris ?
Savait-il l'arabe ? Alors qu'autour de moi un petit attroupement
se formait il a brandi l'index, prenant Allah à témoin. J'ai hurlé
en français « égorgeur ! » Un vigile qui passait
par là m'a emprisonné dans ses bras « calmez vous monsieur,
vous avez raison, je vous comprends je suis musulman, calmez
vous... »
Nous
sommes tous Gourdelisés.
Il
est devenu insupportable de croiser les signes ostensibles
qu'arborent les salafistes : le poil au menton, les sandalettes,
le pantalon sous la jupe, le sourire béat et le regard fixe vers
l'au-delà.
Désormais, la passante innocente en hijab m'insupporte. Je change de
trottoir en demandant pardon.
En
tuant Hervé Gourdel l'assassin
a essaimé la révolution
arabe dans la suspicion de la rue française.
Pour
abroger leur destin de misère, les Tunisiens
par centaines s'étaient immolés. Puis, les Libyens, les Syriens et
les Irakiens se sont entretués par milliers. La Bastille c'était
Sidi Bouzid, la terreur, c'est Mossoul. Le Tigre est rouge de sang
depuis Mossoul jusqu'à Bagdad.
Mais
la Loire a déjà donné ! En quoi sommes nous concernés ?
Les
Français
qui connaissent pourtant l'Histoire n'ont hélas retenu de l'Orient
que les croisades, les colonies et les bonnes affaires. Ils ont
ignoré que les droits de l'homme, l'Etre suprême et autres laïcités
y étaient des concepts incongrus et que seul le dogme de la religion
dominait la pensée politique. En Israël les intégristes sont au
pouvoir. Chez les arabes, le salafisme, passéiste, sectaire,
régressif, ultra minoritaire a été propagé à coups de milliards
par la monarchie saoudienne, une pétaudière de 4 000 richissimes
princes corrupteurs. C'est depuis l'Arabie que l'idéologie de la
contrainte, de l'exclusion et de la cruauté a proliféré. Le modèle
saoudien a été exporté et testé en Afghanistan. Aujourd'hui, il
est appliqué en Irak et en Syrie. Car dans le triste Etat islamique
du Levant, les libertés publiques tout comme en Arabie Saoudite ont
été assassinées. La femme y est devenue objet empaqueté, les
hommes et les enfants sont endoctrinés à coups de fouets :
interdiction de rire, de chanter, de danser, de fumer, d'écouter de
la musique, pas de théâtre ni de cinéma, de salles de sport...la
joie de vivre a été abolie.
Mais
à la différence de Mossoul il faut reconnaître qu'à Riyad la
capitale de l'Arabie Saoudite, on décapite proprement. Cela se passe
le vendredi en place publique. Le bourreau pique le dos du condamné
à la pointe du sabre, instinctivement le pauvre diable agenouillé
se redresse et tend le cou, la lame le fauche dans l'instant. « La
tête vole, le sang jaillit, l'homme n'est plus ».
Barbarie
d'un autre âge que la France n'a pas oublié.
Le
Docteur Louis et Monsieur Guillotin étaient des humanistes soucieux
d'épargner l'agonie des suppliciés. Ils avaient scientifiquement
étudié le tempo du trépas afin qu'il soit instantané. La mise en
scène du réveil à l'aube, le petit verre de gnôle, le crucifix
brandi par le prêtre, les ciseaux du barbier sur le col et les
mèches... bref, avant même d'avoir atteint l'échafaud, le cœur du
condamné défaillait. La lame du couperet le faisait repartir de
plus belle provoquant
un geyser d'hémoglobine. La foule acclamait l'exploit.
La
machine tranchait les têtes par milliers. Par pitié sans doute, les
enfants et les femmes enceintes étaient épargnés, mais pas les
vieux dont une centaine, y compris une impotente de 88 ans,
furent proprement étêtés. La guillotine était devenue la façon
la plus à la mode de mourir. Bravant l'issue fatale, les snobs
faisaient la fête sur la charrette: « on
eut
juré qu'ils partaient vers un voyage de plaisir » écrivait la
Comtesse Dash. La romancière, par prémonition sans doute, avait
adopté ce pseudonyme qui deviendra à la lettre près, la
francisation de l'acronyme arabe (dawlat islamiya fil iraq wa sham) :
Daesh.
C'était
il y a deux siècles et des années. C'était hier !
Las,
la Mésopotamie rejoint l'Europe dans l'histoire de l'horreur. Dieu,
comme d'habitude, est le grand absent, car mêmement aujourd'hui la
religion est étrangère au sang répandu en son nom.
Dans
l'Etat du Levant, la foule vocifère à pleins
poumons
qu'Allah est grand.
Allah
en colère les entend. Il réserve son châtiment à ces mutants qui
ont commis le plus grand des crimes en assassinant malproprement.
Car
celui qui n'applique pas à l'homme la loi que l'islam réserve
pourtant aux animaux n'est plus un musulman.
L'imam
An Nawawi, Cheikh de l'islam dont l'interprétation du Coran fait
jurisprudence depuis huit siècles recommande pour l'abattage rituel
« de ne pas affuter le couteau près de la bête et de ne pas
égorger l'une en présence de l'autre ». Il préconise de
coucher l'animal sur le flanc et d'éviter de lui lier les pattes
afin d'éviter de l'effrayer inutilement.
Le
calife apostat est un méprisable boucher.
Le
4 octobre prochain, la planète musulmane célèbrera Aïd al Adha la
fête du sacrifice. En France, en hommage à la mémoire de Gourdel
l'égorgé, d'aucuns épargneront le mouton.
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