La
misère n'est pas moins pénible sous le soleil de Tunis. Tous
les Tunisiens
sont effondrés et navrés. Rares
sont ceux qui ont lu l'Hebdo satirique « bête et méchant »,
mais tous sont affligés sincèrement. Devant la résidence de France
à La Marsa, des jeunes sont venus déposer des fleurs et des
bougies. La communion dans la tristesse a même gagné l'ambassadeur
des Etats Unis en Tunisie ; devant un aréopage de galonnés de
l'armée tunisienne réuni pour la livraison d'un avion « made
in USA », il a commencé son speech par un inattendu « Je
suis Charlie !...»
Echo
tonitruant à la tragédie de France qui contraste avec la discrète
douleur quotidienne de la Tunisie.
Pourtant,
quelques heures plus tôt, un agent de police agressé à l'arme
blanche était parvenu à fuir.
Une
semaine auparavant, son collègue
n'avait pas eu cette chance. L'un des assassins, 20 ans, raconte: "le
soir des faits, nous avons décidé après la prière du ïcha,
d'aller vers le rond point. Nous étions armés de couteaux. Après
une longue attente, nous avons décidé de rentrer. C'est alors que
nous avons croisé le policier Mohamed Ali qui passait à bicyclette,
nous l'avons poursuivi et égorgé".
Faits
divers, dont les Tunisiens
ne tiennent plus la comptabilité. Ici, on assassine même les
députés ! Alors la terreur salafiste, on commence à
s'accoutumer.
Pourtant,
la sidération est grande car les barbares à présent, s'attaquent à
la France ; l'ultime refuge, le plan B de tous les
Tunisiens. Les liens de familles entre
les deux pays sont innombrables, alors forcément, dans le camp des
victimes comme dans celui des salauds, il y a des parentés.
Wolinski
était un peu de Tunis. Il avait fréquenté l'école Carnot, son
grand père tenait la fameuse pâtisserie en face du lycée de
l'avenue de Paris « Chez les nègres ». La compassion
solidaire des Tunisiens
avec les journalistes parisiens est d'autant plus sincère que deux
des leurs ont disparu en Libye. On les croit égorgés. « Je
suis Sofiane, je suis Nadir » proclament quelques calicots.
Heureusement,
« Z » est bien vivant. Le plus talentueux des
caricaturistes tunisiens avait pris la salutaire précaution de
se cacher sous la dictature. Il a estimé fort opportunément de
rester anonyme sous la révolution et pendant la restauration. « Z »
http://www.debatunisie.com c'est
un concentré d'intelligence et de drôlerie. C'est de la dynamite
pour les dictateurs et les salafistes, c'est le porte étendard
survivant de la joyeuse bande des crayonneux mécréants.
Nul
n'a encore osé lancer « je suis Hattab » du nom de cette
famille tunisienne endeuillée par la mort de Yohav, fils du grand
Rabin de Tunis, abattu dans l'épicerie de Vincennes. Les
condoléances officielles se font attendre, les hommages ne sont pas
spontanés à un exception remarquable : celle d'Ennahdha
le parti islamiste.
La
Tunisie est une banlieue de la France. Elle a été la première
à être frappée par l'onde de choc
des guerres d'Irak, de Syrie et de Libye. La semaine dernière, le
tsunami salafiste a traversé la Méditerranée. C'est sans doute
pourquoi, sur le registre de condoléance de l'ambassade de France à
Tunis, le premier ministre tunisien Mehdi Jomâa a écrit :
« Nous sommes du même coté... »
France
et Tunisie bras dessus bras dessous à Paris pour la journée de la
fraternité, de la République à la Nation. C'est heureux.
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