Ah
quelle belle rentrée politique ! Bravo les communicants, ils
ont fait fort.
Pour
tenter d'endiguer la descente aux enfers de Macron dans les sondages,
ils ont rameuté le clan des 30 millions d'amis. Le décision n'a pas
été facile à prendre car ni Brigitte ni Emmanuel n'affectionnent
particulièrement les bêtes à poils et à puces. Mais, raison
d'état d'impopularité oblige, ils ont fini par y consentir.
Une
cellule a été créée dés les premiers jours du mois de juillet
pour notamment définir le profil de la bête, procéder à sa
sélection, préciser son rôle et désigner les différents
responsables qui lui seraient attachés.
Après
avoir écarté toutes les suggestions d'acquisition d'un animal de
compagnie « clivant » tels que chat, jugé trop
indépendant, panda, trop placide, perroquet trop bavard, veau,
vache, cochon, couvées...trop bassecour, le comité est vite tombé
d'accord sur le chien qui depuis Pompidou, Giscard et Mitterrand
symbolise l'attachement du Président au plus fidèle ami des
Français. Un pattu, certes, mais de quelle race ? grand, petit,
poils durs, longs, frisés ? de chasse, policier, à sa
mémère... ? Au troisième jour de concertation l'assemblée à
l'unanimité suggéra que le clébard soit de taille moyenne et de
race française ou issu d'une saillie mixte. Tous convinrent que le
pelage ne puisse en aucun cas rappeler la teinte des cheveux du
couple présidentiel. Ni jaune ni fauve et sans taches. Le noir, qui
ressort si bien sur le gravier blanc des allées de l'Élysée fut plébiscité.
Un
vif débat opposa les partisans de l'adoption d'un chiot à ceux
préconisant le recueil d'un cador adulte. Idem en ce qui concerne le
sexe de l'animal car comme chacun sait l'un projette sans
discernement ses mictions
contre un arbre, un angle de murs ou la jambe d'un garde républicain,
alors que la chienne se soulage sagement et discrètement en baissant
élégamment son derrière près du sol. Pour éviter tout pipi
intempestif et l'éclaboussure d'un cliché de paparazzy qui ferait
rire la France entière, la femelle fut préférée au mâle. Dans
leur élan, les crânes
d'oeuf du comité cabot imaginèrent que la chienne présidentielle
se ferait saillir à l'automne par l'épagneul breton du gardien de
La Lanterne et qu'une portée naîtrait
au printemps devant les cameras de Stéphane Bern et les reporters de
Paris Match. Consultée sur ce génial scénario à rebondissement,
Brigitte opposa son véto à la dynastie canine élyséenne. Va donc
pour un chien adulte moyen, bâtard sans tare.
Plusieurs
vétérinaires dont un psychocanidologue danois furent chargés
d'auditionner en grand secret les postulants des chenils et refuges
de l'hexagone. Un première meute fut dirigée vers un parc de la
région parisienne où les impétrants furent soumis à une batterie
de test bio médicaux et comportementaux. Les aboyeurs, les
léchouilleurs, les baveurs, les pendus de la langue, les queues
coupées, les donneurs de patte, les frotteurs lubriques, les
quémandeurs, les geignards et autres tarés furent impitoyablement
éliminés. Restèrent quatre candidats. La DGSI fut appelée en
renfort pour vérifier leurs origines, croiser leur pedigree,
enquêter sur l'honorabilité de leur portée. Il convenait de
s'assurer que le clebs ne fut pas un agent mordant dormant fiché
« S ». On passa à deux doigts de la catastrophe car
l'un des finalistes se révéla être un chien de la chienne fugueuse
de Mélenchon. Le médor sélectionné in fine présentait toute les
garanties
de lignage puisque né d'une union fortuite dans une partouze de
clébards de milliardaires à Saint-Tropez. Son maître, répondant
au nom prédestiné de Marin car de son état gardien de phare à
l'île des pendus en rade de Marseille, consentit à s'en séparer en échange d'une promotion-mutation aux Kerguelen où
il pourrait s'adonner à sa passion pour les phoques.
Une
jeune publiciste à l'imagination talentueuse fut alors chargée de
bricoler une fable biographique à faire pleurer dans les
chaumières : le
Labrador croisé Griffon de deux ans aurait été lâchement
abandonné en Corrèze par un vilain maître totalement insensible au
caractère « vif, intelligent et sympa » de son
animal...à la SPA de Tulle (seconde
allusion lourdingue à François Hollande) l'infortuné
corniaud ne trouvait pas preneur...alors, il a
été transféré
au refuge d'Hermeray en banlieue parisienne (à
500 km)... et
un jour d'été, son destin a basculé : le President et la
Première Dame dans une démarche inédite et généreuse...
C'est
bon ça coco, j'achète !
Restait
à habituer Kiki -c'est son nom de baptême – à répondre à
l'appel de Nemo, à le familiariser avec certains usages des Palais
de la République comme le respect du mobilier national et des
parterres fleuris. Pendant une semaine on l'accoutuma à l'odeur de
ses nouveaux maîtres en plaçant dans sa niche des vêtements portés
par le couple présidentiel. On lui fit répéter le parcours du
perron au jardin et du jardin au perron. On simula l'arrivée d'une
délégation officielle, le crépitement des appareils photos, les
projecteurs des caméras, les interpellations des journalistes, les
accents de la Marseillaise. On le dressa à rester impassible à son
environnement, à aller sagement vers son maître et à revenir vers
son dompteur au premier coup de sifflet à ultra son sans jamais
aboyer ni lever la patte.
Au
terme de huit semaines
de patience, la persévérance de la brigade com/canine de la
Présidence a vu ses efforts récompensés. Le 28 août lors du
sommet africain sur la crise migratoire, le Président du Niger
Mohamadou Issoufou a été accueilli en haut du perron de l'Élysée
par un Macron flanqué de Nemo la queue frétillante. De bon
augure pour des négociations sur les réfugiés. Toutes les
télévisions étaient là pour répandre les images de l'hôte du
Président et de son chien. Mais si certains téléspectateurs
de la France profonde s'attendrirent, les Africains
eux, ont serré les poings, car aucune offense plus grande ne pouvait
leur être faite que celle là. Kadhafi - qui n'était pas que fou -
aurait tourné les talons devant pareil affront car en Afrique et
chez les musulmans, le chien impur lécheur d'excréments n'entre
jamais dans les maisons.
Décidément, la diplomatie, le protocole et
la bienséance ont des exigences que les puissants petits Marquis de
la communication ignorent.
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