En
moins de trois ans de règne par procuration, le Prince héritier
Mohamed ben Salman a rejoint le cénacle des tyrans de ce monde. Au
rythme de ses derniers exploits, la place qu'il laissera dans l'histoire
sera celle du pire sanguinaire de son époque. Il est temps que Trump
change d'ami.
L'holocauste
du Yémen
Dés
1941, tous les services de renseignements alliés savaient. En 1942
le journaliste Varian Free le révélait. Pourtant, refusant de voir
l'horreur, le monde s'obstinait à regarder ailleurs. Comparaison
n'est pas raison. Et pourtant, l'holocauste à huis clos du Yémen
est pareillement escamoté par une formidable propagande qui nie
l'évidence des massacres
de masse et présente les agresseurs en victimes.
Pour
la grande presse largement influencée par les agences de
communication d'Arabie et des Emirats Arabes Unis la guerre du Yémen
est décrite comme une simple opération de maintien de l'ordre
conduite par « une coalition
venu prêter main forte à un gouvernement légal au prise avec
des rebelles des milices houthis ».
Récemment, un quotidien francophone mal informé ou très bien payé,
déplorait que ce conflit fasse « des
dizaines de victimes ».
Une
autre presse de la même veine, citant l'ONU, persistait à dénombrer
très exactement 6 752 morts ; sans toutefois préciser que ce
macabre recensement des victimes avérées était assorti
d'un avertissement estimant que la réalité était probablement très
supérieure
à
ce chiffre.
16
500 raids aériens soit un toute les 90 minutes
Depuis tois ans, jours et nuits, 400 chasseurs bombardiers des Emirats arabes Unis et d'Arabie Saoudite pilonnent le Yémen y
compris Sanaa, la capitale, 2 millions d'habitants, Taez, 600 000
habitants, Hodeidah 400 000 habitants et quelques autres
villes et villages innombrables. Tous les réseaux de vie et les
infrastructures de transports ont été réduits en cendres. Des
quartiers entiers ont été rasés ; écoles et hôpitaux ne
sont pas épargnés. Les ONG médicales et même la Croix Rouge ont
jeté l'éponge en raison de l'hostilité des belligérants à leurs
égard. Seul le Croissant Rouge opère encore à Aden, zone occupée
par les Émirats Arabes Unis. Comme la population dépend à 90% de
l'aide alimentaire extérieure, le blocus de la coalition
Saoudo-émirienne a provoqué famines et épidémies. Comble de la
duplicité, l'Arabie Saoudite achemine quelques secours très
médiatisés
à des hordes d'affamés reconnaissants.
500
000 victimes
Jusqu'à
une date récente, l'ampleur du massacre avait été dissimulé à
l'opinion par une propagande diplomatique et médiatique insensée.
Chaque défi aux droits humains élémentaires étant compensé par
un achat d'armement, alors aucun chef d'État ne voulait se fâcher
avec un client en or. Pire, lorsqu'un missile prétendument tiré du
Yémen faisait long feu dans le
désert saoudien, les gouvernements occidentaux à l'unisson du Quai
d'Orsay se fendaient d'un
communiqué d'indignation et de soutien aux « agressés ».
Mais
depuis que le chiffre d'un demi million de victimes hante les
chancelleries bien informées, les « amis » de MBS sont
pris de hauts-le-cœur
et de nausées. Le crime contre l'humanité est avéré. Les
complices seront cités. Il suffit de lire entre les lignes le récent
rapport de la mission d'enquête de l'ONU. Son courageux Président,
Kamel Jendoubi, illustre juriste d'une parfaite intégrité a fait
l'objet d'une ignominieuse campagne orchestrée par l'Arabie Saoudite
sur les réseaux sociaux. À tel point que ses amis craignant pour sa
vie ont pris l'initiative d'alerter l'opinion par voix de pétition.
Un
mort de trop
L'assassinat
prémédité dans d'atroces conditions
du journaliste Jamal Khashoggi à Istanboul s'inscrit dans cette même
politique du règne de l'intimidation par la terreur. Le bombardement
délibéré de rassemblements de civils au Yémen : mariage,
enterrement, bus scolaire, hôpital, école ...La séquestration
contre rançon de milliardaires et de dignitaires saoudiens, le rapt
du chef du gouvernement libanais, le blocus du Qatar, l'enlèvement
et la disparition de milliers de citoyens mal pensants sont autant de
mesures destinées à figer toute contestation. Le nouveau Tamerlan
saoudien, ne supporte pas que des yeux se lèvent sur son passage.
Jamal Khashoggi était du sérail, journaliste de carrière, familier
des services secrets du royaume, proche des Princes en disgrâce, il
s'était exilé à New York d'où il dénonçait la guerre et les
persécutions. Sa liberté de ton donnait des boutons au Prince
régnant qui a ordonné pour l'exemple son exécution. Las, ce qui
devait servir d'avertissement aux transfuges et aux dissidents s'est
retourné contre son auteur. MBS est désormais mondialement abhorré.
Trump lui-même
est en train de le lâcher. L'épisode de son règne funeste va t-il
s'achever ? La branche des Salman sera t-elle coupée ? Il
est plus probable qu'un Prince chasse l'autre et que l'actuel
ambassadeur saoudien
à Washington, Khaled fils du Roi Salman remplace son frère indigne
comme héritier de la couronne. À condition toutefois que la
commande saoudienne aux USA de 110 milliards de dollars d'armements
soit confirmée. Cela va de soi.
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