En mai
2018, le Centre de sécurité sanitaire Johns Hopkins organisait à
Washington des ateliers de simulation avec des jeux de rôles
partagés par de hauts responsables de la sécurité nationale.
Le scénario décrivait les ravages de la propagation d'un virus
« Clade X » qui faisait 150 millions de
victimes dont 15 aux États Unis. La documentation des
conséquences collatérales aux USA fait froid dans le dos :
dégringolades boursières de 90%, faillite des banques et des fonds
de pension, économie en récession , chômage à 20%, paupérisation,
pénuries, émeutes, institutions décimées, vice-Président décédé,
Président en réanimation...
Il a six
mois, une équipe de prévisionnistes du Center for Strategic and
International Studies conduite par Samuel Banner imaginait
pareillement la fiction d'une pandémie de coronavirus en 2025 dont
voici le récit. Échappé suicidaire ou involontaire d'un
laboratoire ultra sécurisé en Allemagne, le patient zéro prend
l'avion pour New York , traine dans les aéroports et propage
l'infection. En trois mois la planète contamine 800 millions
d'habitants et cause 25 millions de morts. Ce thème a été soumis à
la réflexion d'une soixantaine de spécialistes de la prévention et
de la gestion des crises.
Les deux
« exercices » précités, réalisés par des institutions de notoriétés internationales concluaient à l'évidente nécessité
de mettre en œuvre une série de mesures préventives. Gouverner
c'est prévoir et prévoir c'est savoir écouter les
prévisionnistes.
Pékin a
vite compris que la bombe biologique était capable de tuer des
millions d'êtres humains. L'état d'urgence a été décrété,
l'armée nationale mobilisée. Masque pour tous, confinement,
réquisitions, constructions d'hôpitaux en quinze
jours. Exemplaires, les autorités ont collaboré avec l'étranger
et l'Organisation Mondiale de la Santé, elle ont communiqué au jour
le jour les statistiques, les symptômes, les essais thérapeutiques,
etc... Mais du haut de leur suffisance, les capitales étrangères ont
d'abord exigé le rapatriement de leurs ressortissants. Elles ont
ensuite cherché à comprendre, et surtout à identifier le
responsable, le patient zéro ; consommateur de viande exotique
ou travailleur au laboratoire de recherche P4 ultra confiné (vendu
par la France) ? Chacun était alors convaincu que le mal ne
sortirait pas de Wuhan. Les télé-experts ont même cru deviner
quelques manœuvres de circonstance au sein du parti communiste, ils
ont spéculé sur une action de sabotage d'un opposant au régime,
sur l'absence d'hygiène de la population, sur la défaillance des
infrastructures sanitaires.... Bref, ce n'était pas dramatique car
la maladie étant sino-chinoise, il suffisait d'un moment d'apnée
pour l'éviter. À Paris, les restaurants des quartiers de la porte
d'Ivry et de Belleville se sont vidés. Dans le métro, des regards
hostiles croisaient ceux des yeux bridés. Pendant plusieurs
semaines, au lieu de nous préparer, nous avons contemplé à la
télévision l'agitation des fourmis masquées dans un monde qui ne
nous concernait pas. Las, il est peu probable que ce temps ait été
consacré à préparer la mobilisation des industries et des chaine
d'approvisionnement vitales.
La France
n'eut pas le temps de s'indigner de l'absence de frontières
sanitaires avec l'Italie qu'elle était à son tour infectée.
Affichant son sang-froid, Macron avec courage s'en fut serrer les
mains suspectes à l'hôpital de la Pitié-Salpétrière. Le
gouvernement attendit le dernier jour pour fermer le salon de
l'agriculture (bouillon de culture) mais se garda bien d'annuler le
foot. Les autorités françaises ont choisi de répondre à l'urgence
au jour le jour, de façon « proportionnée » pour ne pas
alerter « inutilement » la population. Mais les hôpitaux
sont débordés, le 15 est saturé, les masques et les combinaisons
sont introuvables. Pour rassurer, les professeurs de médecine
défilent à la télé. La protection civile et le service de santé
des armées n'ont pas encore été sollicités. L'état d'urgence
n'est pas envisagé. Matignon est obsédé par la réforme des
retraites et les élections municipales.
Contrairement aux asiatiques
qui perçoivent le temps long, les occidentaux agissent et
« profitent » de l'instant présent, le passé
révolu et l'avenir lointain ne les concernent pas. C'est sans doute
la raison pour laquelle tous les prévisionnistes ont imaginé dans
leurs scénarios que la bombe biologique sera désamorcée par la
découverte d'un vaccin miracle.... en Chine.
Reste
maintenant aux chercheurs en boule de cristal à imaginer le monde
qui émergera de la crise dévastatrice qu'ils avaient prédite.
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