jeudi 22 octobre 2020
France-Tunisie, la même menace terroriste
Le prophète Mahomed débordé par ses intégristes a confié à Charlie: « c’est dur d’être aimé par des cons ».
Un député tunisien d’extrême droite qui se revendique de la confrérie des Frères musulmans a justifié l’abject assassinat du Professeur Paty : « L’injure faite au prophète est le plus grand crime qui soit. Celui qui ose le faire - État ou groupe d’individus - doit en supporter les conséquences. »
En France, tous les républicains outragés réclament que le propagandiste de la haine soit interdit ad vitam aeternam de fouler le sol où vivent ceux qu’il a insulté.
À Tunis, cette déclaration a provoqué l’indignation mesurée de la classe politique. Le Premier ministre a sobrement présenté ses condoléances téléphonées à son homologue français. Puis pour calmer la colère parisienne, il a ordonné l’ouverture d’une enquête pour « apologie du terrorisme ». L’affaire sera probablement enterrée car le pouvoir est faible et incapable de faire face à la surenchère des extrémistes.
Dans un communiqué de solidarité aux endeuillés, l’Association tunisienne des Femmes démocrates rappelle qu’en Tunisie aussi des enseignants sont régulièrement menacés pour oser braver l’ignorance.
L’opinion est blasée. Plus aucune barbarie n’étonne. Elle se souvient qu’en novembre 2015, au nom d’Allah, des takfiristes avaient égorgé un jeune berger de quatorze ans, puis ils avaient mis sa tête dans un sac en plastique et demandé à son frère d’aller la rapporter à la maison. Le paquet sanglant avait passé la nuit au frigidaire. Le lendemain, les villageois avaient été chercher les restes du corps entamés par les chiens.
C’était la veille de l’attentat du Bataclan à Paris qui fit 147 victimes.
En Tunisie, comme au Levant, en Mésopotamie, au Pakistan, en Indonésie.. partout, les soldats de l’inquisition islamique se sont imposés aux musulmans. Ils ont réussi à marginaliser la prestigieuse école de la Zitouna de Tunis qui depuis l’an 737 disait la loi. Ici comme ailleurs, les barbares imposent leur tempo, ils sont en train de gagner.
La France républicaine, 8 millions de musulmans, la Tunisie démocratique, 11 millions, sont victimes des mêmes fascistes qui instrumentalisent la religion dans le seul but de prendre le pouvoir et établir un État islamiste, séparatiste des genres et exterminateur de mécréants.
La France combat les foyers de terroristes au Mali alors que les manipulateurs de consciences sont en Arabie. À l’heure où elle pleure l’horreur de la décapitation d’un professeur, nul ne s’insurge que le G20 se tienne les 21 et 22 novembre prochain en Arabie Saoudite sous la présidence de celui qui a ordonné à un commando d’équarrisseurs de lui rapporter la tête de Khashoggi.
La mondialisation de l’islam rigoriste a été encouragée par la lâcheté de la communauté internationale qui a abdiqué devant l’argent. Le terrible attentat du 11 septembre 2011 n’a pas même réveillé les consciences. Les États-Unis ont rasé l’Irak qui n’y était pour rien, pour sauver la dynastie des Saoud qui y était pour beaucoup. Depuis, tout comme leurs frères ennemis wahhabites du Qatar, les Saoudiens affichent une vitrine présentable qui dissimule leurs officines de prédications haineuses aux ramifications planétaires.
On se souvient de la déclaration fracassante du ministre tunisien des Affaires religieuses Abdeljalil Ben Salem en octobre 2016 à la tribune de l’assemblée : oui, je dénonce l'influence néfaste du wahhabisme saoudien en tant que vecteur du terrorisme… Ce savant de la foi, ancien recteur de la Zitouna avait été immédiatement limogé par le Chef du gouvernement et le Président de la République, tous deux incapables de résister aux injonctions du roi d’Arabie.
La guerre idéologique qui se joue au sein de l’islam doit être menée avec des outils religieux et politiques, souligne Hakim El Karoui (Institut Montaigne 22-10-2020), un proche de Macron. Il a raison, encore faudrait-il que le Président choisisse entre ses faux amis musulmans du Golfe et ceux sincères de France et d’Afrique du Nord qui luttent au quotidien pour faire reculer la barbarie.
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