Après les Rafale, la vente à la Grèce de quelques navires de guerre est une probabilité de 5 milliards qui enfièvre les diplomates français du commerce de l’armement.
Souvenirs
En Septembre 1975, le voyage du président Giscard d’Estaing en Grèce fut un triomphe. Comme il l’a confié : « De l’aéroport jusqu’au palais du Premier ministre, il y avait une foule de quatre rangs pour m’applaudir ». Comme le montrent les images de l’INA le président Giscard d’Estaing était applaudi par les Grecs assistant à la cérémonie d’accueil et les personnes présentes criaient mélodiquement le fameux slogan : « Ελλάς-Γαλλία-συμμαχία » Grèce-France-Alliance*
En février 2013, le parcours de la visite officielle de François Hollande en Grèce était bordé des seules forces de sécurité et de quelques badauds qui lui tournaient le dos.
Mais si Emmanuel Macron décide d’aller à Athènes à la fin du mois, il y sera à bras d’hommes porté par la foule jusqu’au Parthénon,
Diplomatie de la canonnière
En juillet dernier, au large de la Libye, face à des navires turcs, une frégate française ont été à deux doigts d’ouvrir le feu. Cet acte d'audace et de bravoure a provoqué l’admiration des Grecs qui pensaient que le monde entier les avait oubliés et que la Turquie allait à nouveau les broyer.
Il faut se souvenir que depuis dix siècles ils repoussent l’hégémonie des Turcs; que depuis deux siècles les deux pays par quatre fois se sont fait la guerre; que l’histoire récente rappelle aux jeunes générations l’occupation et la partition de Chypre où les habitants se regardent encore en chiens de faïence; qu’enfin, il n’est pas de semaines sans incidents en mer Égée pour la souveraineté d’îlots contestées.
Les derniers développements de cette hostilité croisée se manifestent aussi en Méditerranée pour la délimitation d’’une zone de prospection gazière. Dans cette affaire les intérêts grecs, chypriotes, égyptiens, émiriens, israéliens et français sont liés. Ils s’opposent à ceux d’Ankara et de Tripoli. L’OTAN, dont la Grèce et la Turquie sont pourtant membres, regarde ailleurs. Les États-Unis de Trump n’ont pas bougé. L’Union Européenne guidée par l’Allemagne où vivent 3 millions de turcs a soupesé le volume de ses échanges avec la Turquie par rapport à la dette de la Grèce. Bref, les Grecs qui se sentent abandonnés de tous, ont le sentiment d’avoir retrouvé en Macron l’ami des années Giscard.
Pour récompenser la fidélité de son allié, ils ont passé en janvier dernier une commande flash de 2,5 milliards d’euros à Dassault pour 6 Rafale neufs et 12 d’occasion.
Diplomatie marine
Par ailleurs, Athènes a lancé un consultation pour la modernisation de sa flotte de guerre qui compte notamment une trentaine de frégates et patrouilleurs. Les industriels français de l’armement sont sur les rangs. Ils soupèsent leurs chances de damer le pion aux allemands et aux anglo-saxons. Ils sont encouragés par le sentiment très francophile de l’opinion publique et des députés du Conseil des Grecs, qui doivent souverainement décider ce type d’achat. Les observateurs prédisent que conservateurs et progressistes pourraient se rejoindre pour plébisciter le choix du made in France.
Il n’y a pas que les navires de guerre qui font saliver les exportateurs. La Grèce règne toujours sur les mers avec sa marine marchande qui est la première du monde; mais depuis la crise financière de 2008 qui a anéanti l’économie, le pays surendetté a été contraint sous la pression des banques de massivement privatiser. C’est ainsi que la Chine a positionné au Pirée son « Cheval de Troie » Cosco qui est rapidement devenu le principal terminal de la route de la soie en Europe et le second port de Méditerranée. Les Chinois, au grand dam des États- Uniens et des Européens s’apprêtent pareillement à faire main basse sur Hellenic Shipyard le principal chantier naval du pays qui était, avant sa faillite, associé à un partenaire français.
Macron à l’Acropole ?
Le 25 mars prochain, la Grèce célébrera sa fête nationale qui coïncide cette année avec le bicentenaire de son indépendance. Macron est invité. Viendra t-il ? Suspense. Covid oblige, les déplacements officiels ne sont pas d’actualité. N’est pas Pape François qui veut. Le courage du vieux Saint père qui vient de passer quatre jours en Irak pour faire avancer la paix ne semble pas avoir provoqué d’émules. Le secrétaire d’État américain a même inauguré la formule des voyages officiels numériques en visitant depuis son bureau et dans la même journée le Mexique et le Canada !
Le 25 mars est aussi la fête de l’Annonciation.
Ce jour-là, les peuples laïcs et orthodoxes rassemblés communient à l’unisson dans une même ferveur religieuse et patriotique.
Ce jour là, sur l’emblématique place Sintagma où d’habitude la foule des touristes contemple la relève de la garde des Εύζωνες en jupette blanche plissée de 400 plis, symbole des 400 ans d’occupation turque, on dressera une tribune pavoisée comme à la Concorde un 14 juillet.
Ce jour là, officiels et chefs d’États amis regarderont défiler l’histoire de la Grèce.
Emmanuel Macron sera t-il acclamé au pied de l’Acropole par une foule chantant «Ελλάς-Γαλλία-συμμαχία» Grèce-France-Alliance ?
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