Ma voisine de campagne qui jadis a perdu son mari en Grèce, a adopté pour se consoler un baudet du Péloponnèse. C’est un affreux quadrupède gris souris avec une touffe entre les oreilles qui lui fait une tête d’ananas. L’animal inutile est régulièrement pourvu en pain dur que sa maitresse un peu snob fait spécialement rassir chez un grand boulanger parisien. Le bourricot obèse filait des jours sans soleil jusqu’à l’arrivée de la chèvre de Sekkinn. Ce qui s’est passé entre ces deux bêtes, nul ne le sait, toujours est-il que depuis, la biquette brait et l’âne béguète.
On se demande s’il faut convoquer le prêtre ou l’équarisseur.
Dans le bled de mon enfance, un pauvre diable ramassait dans le désert des scorpions qu’il venait ensuite exhiber à la terrasse des cafés. Les clients de loin lui jetaient des piécettes pour l’empêcher d’approcher. Devant les distraits et les radins, le mendiant à bout d’arguments croquait comme des friandises quelques reptiles vivants. Le trouble à l’ordre public devint insupportable avec l’arrivée des premiers touristes. La police locale l’intercepta au lasso, le roula dans un tapis et l’expédia à la prison du chef lieu où il fût débarrassé de sa vermine.
Quelques jours plus tard, l’homme scorpion se suicida en se mordant la langue.
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