« … je fus immédiatement accroché au grand ciel clair de ses yeux. La musique envoutante de sa voix avait figé mon temps. Je me suis approché à la limite de l’indécence pour respirer son parfum de femelle. Je compris que cette rencontre remplirait le reste de mon existence… »
L’âne baratineur marque une pose et souffle des naseaux. Ses confidences romantiques ne m’impressionnent pas. Il a pour manie de s’amouracher aux nuits de pleine lune de tout ce qui passe au large de son enclos. Mais sitôt saillie il se bagarre avec celle qu’il a séduite. L’an dernier l’affaire a mal tourné, la femme du blaireau lui a emporté un bout de queue. Bref, l’histoire se répète et depuis deux jours la chèvre de Sekkinn fait champ à part.
Enfin, le baudet me brait sa prière « toi qui mieux que moi sait faire l’âne, va lui parler, dis-lui que mon coup de pied était atavique, sans méchanceté aucune, j’étais stone… »
Je finis par céder et me retrouve accroupi dans l’herbe au pied du piquet de la biquette. En guise de salut, je lui tends une Camel sans filtre qu’elle mâchonne aussitôt avec gourmandise. Je m’efforce de lui vanter les rares vertus du bourricot, l’exercice est difficile, ma plaidoirie commise d’office tourne au réquisitoire. La bique écoute avec patience, pleurniche un peu sur son ânerie, puis relève la tête et murmure « je t’en supplie, éloigne moi de tête d’ananas, ramène moi auprès de la tombe de mon bagnard dans le cimetière de l’homme scorpion».
« A Tataouine ? »
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