En cette soirée d’été, l’orage me surprit alors que je descendais les Champs Elysées. De vilaines grosses gouttes tombaient drues. Je me réfugiais au Fouquet’s en hâte dévoilant de ma poche un billet humide de 20 euros que je tendais par-dessus le bar en échange d’une petite tasse de chocolat bouillant. Blasé le serveur de stars me servit sans broncher.
Pour tromper le temps, j’appelais un ami en Arabie. Il m’apprit que la température avait heureusement chuté de 10 degrés passant brutalement de 52 à 42. C’était beaucoup plus supportable d’autant que l’électricité avait été rétablie et que les habitants avaient enfin pu quitter les voitures climatisées où ils étaient réfugiés depuis trois jours. « Alhamdoulillah ! » J’étais un peu gêné de lui parler de la canicule parisienne à 30° qu’un orage salutaire était en train de doucher.
Alors mine de rien, je me rapprochais de la terrasse et orientais mon téléphone vers le déluge : « esmaa ! » - « chou adha ? » De l’eau mon frère, de la pluie qui tombe ! « subhane Allah ! » La voix se fit suppliante : « fais nous entendre encore ». Je devinais que là-bas, l’appareil tournait d’oreille en oreille « écoute la pluie à Paris ! » Le récital se prolongeait… Mon forfait déclarant forfait, je raccrochai.
Un peu plus tard alors que j’étais rentré et séché je pris un appel d’Arabie. Un homme à la voix paisible me dit en se recommandant d’un ami commun qu’il serait éternellement mon obligé si je lui laissais écouter la pluie tombant sur les Champs Elysées. N’ayant pas la cruauté de l’éconduire j’allais à la salle de bain… « subhane Allah ! »
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