mercredi 18 juin 2014

Honneur à l'adversaire vaincu du Président Hollande




La Légion d'Honneur est la décoration suprême que les orgueilleux et les élégants rêvent d'arborer au revers de leur veston. Les légionnaires jalousés sont moins d'une centaine de millier. Les prétendants sont innombrables et la sélection difficile car les rubans rouges sont contingentés. Pas plus de cinq mille et des poussières chaque année dont deux tiers de civils et un tiers de militaires.

Les soldats gagnent leur décoration au grade et/ou au fait d'armes, les hauts fonctionnaires à l'ancienneté et occasionnellement au mérite, les sportifs à la performance, les vedettes à la notoriété. Pour tous les autres dévoués à la France, la reconnaissance ne va pas de soi. La légion est généreuse avec les grands, parcimonieuse avec les petits. Beaucoup de professeurs de médecine, peu d'infirmières, beaucoup de patrons de grandes entreprises peu de gérants de PME. Le ruban se porte au revers du veston, jamais à la bretelle d'une salopette !

La Légion d'Honneur comporte trois grades. Ainsi, le Chevalier méritant persévérant sera promu au gré d'une sélection drastique Officier ; lequel au terme d'années de loyaux et exceptionnels services se verra décerner la cravate de Commandeur. A ce niveau de distinction, le Chef de l'Etat en personne est mis à contribution pour sélectionner chaque année les 144 heureux récipiendaires.
Tous les grands de France sont Commandeurs et arborent au veston le bouton rouge sur canapé.
Il y a des exceptions notables, des allergiques à la récompense parmi lesquels quelques grands anciens ministres comme Antoine Pinay, des philosophes comme Sartre, des savants comme les Curie, des poètes comme Brassens car « ce petit hochet à la boutonnière vous condamne aux bonnes manières ». Enfin, certains considèrent que « le ruban de sang » doit distinguer les seuls combattants ; pour les civils, il y a l'Ordre National du Mérite !

Au delà des trois grades de la Légion d'Honneur, la reconnaissance suprême de la patrie s'exprime par l'attribution de la dignité de Grand Officier puis de Grand'Croix. Cette canonisation Républicaine est accordée au compte goutte. Pas plus de trente nominés les meilleurs années ! Au maximum sept Grand'Croix civils et militaires ! Autant dire qu'il est plus facile d'obtenir un portefeuille ministériel ou un siège au Conseil d'Etat que la plaque de légionnaire dignitaire !
Le Président de la République, Grand Maître de l'ordre est souverain. En dix ans, de Gaulle n'a honoré qu'une dizaine de personnalités ; des militaires pour la plupart. Pompidou et Giscard d'Estaing furent pareillement parcimonieux. Mitterrand lui, a été prolixe, distribuant une bonne cinquantaine de plaques de vermeil dont une au Général dictateur tunisien Ben Ali ! Chirac a été généreux mais incontestablement plus sourcilleux, tout comme Sarkozy.

François Hollande a déjà décerné seize Grand'Croix.
Deux d'entre elles méritent qu'on s'y attarde car elles dénotent la force de caractère du Président qui a su transcender ses convictions profondes.

Ainsi, l'an dernier, il a distingué l'ancien patron du patronat français ; celui-là même qui fut la bête noire des syndicalistes et la cible de toutes les gauches unies de la période Mitterrand. Sans doute, le père de l'actuel Président du MEDEF, auteur de la doctrine « emplois nouveaux à contraintes allégées » avait-il discrètement et à notre insu, contribué à sauver l'emploi de millions de travailleurs !...

Hier, le Président Hollande a récidivé. En présence du gouvernement et des corps constitués réunis sous les ors de l'Elysée il a distingué un homme de valeur, un grand serviteur des intérêts supérieurs de la France, totalement méconnu du grand public : Président du festival d'art lyrique d'Aix en Provence, Président des Arts Décoratifs, mécène, amateur et défenseur acharné des beaux arts. Cet intermittent du spectacle et de la culture exerce aussi ses talents dans le domaine de la finance en qualité de Président de la banque Lazard France. 
(La banque d'affaire franco-américaine qui siège aux Bermudes est le leader mondial en matière de conseils financiers, elle gère deux milliards de dollars par an avec discrétion « le secret de la maison, c'est le secret » . Abusivement qualifiée en France de « ministère bis de l'industrie» la banque a trop souvent été injustement stigmatisée par d'irresponsables impénitents toujours prêts à dénigrer les opérations de fusions acquisitions dont notre économie en pleine restructuration a tant besoin)

En portant son choix sur « le Mozart de chez Lazard », le Président tourne le dos au sectarisme des anti-fric et témoigne par ailleurs de l'immense reconnaissance de la République envers un authentique patriote de la finance.
Certes, chacun se souvient du : «  mon véritable adversaire, c'est la finance ! »
Le Président assume.
En deux ans, il a su domestiquer les banquiers.
Tous sont désormais au garde-à-vous, têtes baissées, en attente de l'hommage de celui qui les a mis au pas.
Ah mais !

Aucun commentaire: