Depuis
que j'ai appris à marcher, je manifeste dans les rues de Paris en
criant « Palestine solidarité ». Je suis fatigué. A
quoi servent ces indignations sinon à panser le chagrin et la
détresse face à l'injustice sans cesse récidivée ? Combien
de gosses massacrés depuis l'expansion de l'Etat d'Israël ?
Combien sont à venir ?
La
propagande odieuse de Tel Aviv est relayée par les minorités qui
instrumentalisent les diasporas. Elle ne laisse aux juifs d'autres
choix que l'approbation ou la trahison et aux non-juifs
la soumission ou la qualification de raciste.
Président
et gouvernement soutiennent l'extrême droite israélienne et
proclament qu'il ne faut pas importer en France le génocide de Gaza.
Mais
pourtant ils consentent
à « exporter » plusieurs milliers de
citoyens Français
pour servir dans l'armée israélienne ! Un matin, sur France
Inter, l'un d'entre eux s'est exprimé. J'ai rendu mon petit
déjeuner.
Juifs
et juives de France ont la faculté d'acquérir la nationalité
israélienne par la simple preuve de leur religion. Ils doivent alors
allégeance à l'Etat
hébreu
et remplissent leurs obligations militaires. Combien
de Français binationaux portent l'uniforme de l'armée
israélienne ? Combien d'engagés et de réservistes ? 5 000, 50
000, 100 000 ?
Nul ne le sait. Le chiffre est tabou. Le gouvernement français
plonge la tête dans le sable. Il laisse faire mais stigmatise
inéquitablement (mais avec raison) la poignée de jeunes paumés qui
rejoignent « le jihad pour punir Bachar »
« L'exception
francisraélienne », un reportage stupéfiant de Rabha Attaf
publié sur Mediapart et Med in Marseille révèle les campagnes de
conscription menées par le Consulat d'Israël à Marseille pour
enrôler de jeunes
Français.
L'intervention des sergents recruteurs de l'armée israélienne sur
le territoire français n'incommode pas le gouvernement. Elle
démontre pourtant la volonté de l'Etat hébreu d'universaliser sa
guerre et de la propager sur le territoire français où sont
précisément rassemblées les plus nombreuses communautés juives et
arabes d'Europe. Car dans ce contexte, comment ne pas soupçonner un
« cousin » de Sarcelle d'avoir estivé comme réserviste
sur une plage de Gaza ? Comment ne pas suspecter tout juif de
France d'être un tueur de palestinien ? Mon copain d'être un
salaud ? Comment éviter l'amalgame entre anti sioniste et
antisémite ?
Que
se passerait-il si demain au nom d'une fraternité religieuse ou
culturelle, poussés par une propagande bien orchestrée, des
milliers de jeunes
Français
décidaient de rejoindre la lutte armée palestinienne et
s'enrôlaient pour aller jeter des pierres sur des chars ou tirer des
roquettes sur un dôme ?
Au
nom de quelle justice d'aucuns seraient empêchés de rejoindre le
drapeau de leur choix pendant que d'autres auraient la permission
d'aller combattre sous la bannière blanche et bleue ?
La
double allégeance est une imposture insupportable car elle bouscule
dangereusement l'unité et la cohésion de la nation française.
Pourtant,
la classe politique n'y trouvent aucun inconvénient. Le lobbying
pro-israélien qui prétend abusivement représenter l'ensemble des
juifs de France à travers le CRIF est tout puissant. Toute critique
est étouffée. L'histoire de France est appelée en leçon, on
brandit le spectre de l'an-ti-sé-mi-tisme : le grand mot qui
sème la confusion et paralyse toute discussion car la loi sanctionne
l'outrance.
En
ultime argument, le débat serait insane au prétexte qu'il figure au
catalogue du Front National. L'évoquer, c'est « faire le jeu »
de l'extrême droite, c'est tourner le dos à la lumière, à
l'esprit de La Fayette, aux capacités d'assimilation et de
discernement de la France plurielle, c'est être défaitiste...
Paris
ne sera jamais Sarajevo voyons !
Pas
certain.
Jusqu'à
présent, et fort heureusement, la guerre israélo-palestinien n'a
pas métastasé dans l'hexagone car si l'émotion et l'indignation de
la population
sont grandes,
peu ou pas de familles françaises sont apparentées aux Palestiniens
de Gaza. Certes l'actualité sanglante attise les sentiments de
colère, quelques gestes d'antisémitisme se manifestent et le
massacre de Toulouse qui endeuilla des familles juives et musulmanes
est toujours en mémoire, mais le risque de vengeance communautaire
et de vendettas parait extrêmement faible. Le sentiment national des
arabes de France prédomine sur celui de leur pays d'origine.
Le
Moyen-Orient est loin.
Il
en serait tout autrement si un conflit éclatait entre deux pays du
Maghreb.
L'hypothèse
n'est pas à exclure car depuis des décennies, le Royaume du Maroc
et la République d'Algérie se regardent en chiens de faïence. Cela
fait tant de temps que cela dure qu'Algériens
et Marocains
sont en passe d'oublier qu'ils sont frères de sang. La frontière
est fermée, les relations bilatérales sont frigorifiées, le
commerce et les échanges restent clandestins.
Au
nom de la lutte équilibrée contre le « terrorisme international
» Moscou et Washington livrent chacun à la région entre quatre à
six milliards de dollars d'armement par an. A tout moment, pour une
raison futile, la guerre peut éclater. Nul ne sait comment réagiront
alors les millions de citoyens franco-maghrébins de France qui
seront immanquablement appelés
sous
les drapeaux de leur seconde patrie.
Car
il faut savoir que
tout Français
fils et petits fils de maghrébins hérite automatiquement de la
nationalité d'origine de ses aïeux.
La
plupart des jeunes issus de la troisième génération ne parlent pas
la langue de leurs ancêtres et n'ont jamais franchi la Méditerranée
mais ils cultivent (parfois à leur corps défendant) la singularité
familiale d'avoir deux cartes d'identité. On a vu à Paris et dans
les banlieues certains d'entre eux en mal de repère brandir dans la
rue en signe de révolte le drapeau de leur grand père. C'est dire
l'incertitude du sentiment d'appartenance et les risques d'influence
et de récupération par la nation « d'origine ». En cas
de conflit au Maghreb, ces « malgré nous » seront
entrainés dans une spirale génocidaire que l'Etat français ne
pourra pas maitriser.
Ce
scénario catastrophe est une fiction que le législateur refuse
encore d'envisager.
Gouverner,
c'est prévoir.
Pour
désamorcer le pétard à mèche lente de la double allégeance, il
suffirait d'une simple loi :
« Tout
citoyen qui portera l'uniforme d'une armée étrangère sera
automatiquement déchu de la nationalité française »
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