Devant
un auditoire convié par la Fondation Jean Jaurès et l’American
Jewish Committee, Manuel Valls a piteusement reconnu: « nous
avons fermé les yeux sur la progression des idées extrémistes du
salafisme ». L'aveu
a été ovationné.
Le
Premier Ministre accusait enfin l'idéologie minoritaire et sectaire
dont les adeptes français seront improbablement déchus. Tempête
dans une verre d’eau disent les « experts » qui
contestent le nombre de salafistes sévissant dans l'hexagone :
dix, vingt, cent mille ?
Qu’importe. Un seul, serait un de trop.
Pareillement,
le recteur de Paris et quelques marabous autoproclamés mettent
en garde contre le risque « d’amalgame » entre
les différents courants de pensée salafiste. Il y a les salafistes
jihadistes violents et les salafistes jihadistes pacifistes. Il ne
faut pas confondre les loups avec les moutons, les barbus sans
moustache et les barbus moustachus. Seuls, les premiers sont
dangereux !
Ben
voyons ! On nous prend pour des jambons !
Par
les idées racistes qu’ils professent ouvertement et
l’asservissement qu’ils imposent aux femmes, ils bafouent les
principes gravés dans le marbre de tous les préambules de la
Constitution française depuis 1789. Ne serait-ce que pour ces motifs
, le salafisme (que mon correcteur automatique d’orthographe
s’obstine à transcrire « satanisme » ) est une
pratique hors la loi mais impunie.
Mais
puisque le Chef du Gouvernement dénonce, c’est qu’il va sévir !
Ça va barder. Applaudissons l’augure.
Dans
l'agenda électoral cette prise de conscience est tardive.
Dommage
que Valls n’ait pas entendu plus tôt les lanceurs d’alertes.
Dommage
qu’il n’ait pas perçu que les musulmans de France étaient
massivement hostiles à l’invasion de cette idéologie sectaire
impunément propagée par les théocraties du Golfe.
Dommage
qu’il
n’ait pas
analysé plus tôt que le « vote musulman à gauche »
formait l’espoir d’une rupture avec les copinages wahhabites de
l’ère Sarkozy.
Dommage
qu'il n'ait pas senti que les électeurs étaient las de la
complaisance des élus de tous bords qui monnayent le dogme de leur
religion aux plus offrants venus
de
l'étranger.
Dix
ans de perdu pour constater que les musulmans de France étaient
de rite malékite dont la pratique pacifique était en contradiction
totale avec la haine et la violence propagées par les théocrates
d'Orient.
En
désignant le salafisme, le Premier ministre tergiverse, il escamote
et s'abstient de nommer leurs prosélytes : l'Arabie Saoudite et
le Qatar.
Heureusement,
les journalistes parisiens complètent tout haut ce que peut-être,
Valls pense tout bas :
Kamel
Daoud, le plus talentueux: «... l’islamiste
n’aime pas la vie. Pour lui, il s’agit d’une perte de temps
avant l’éternité, d’une tentation, d’une fécondation
inutile, d’un éloignement de Dieu et du ciel...»
C'est pourquoi « la
femme est niée, refusée, tuée, voilée, enfermée ou possédée »
(Le Monde)
Béchir
Ben Yahmed, le doyen : « Les
dirigeants saoudiens oppriment leurs sujets et propagent parmi les
autres musulmans le wahhabisme, interprétation rigoriste et
obscurantiste de l’islam. Bellicistes, ils attisent les braises au
lieu d’éteindre l’incendie » (Jeune
Afrique)
Le
journal Causette, (plus féminine du cerveau que du capiton) dénonce
les manipulations de la diplomatie franco-saoudienne, Marianne dans
une enquête très documentée
met à jour les turpitudes de la françarabie
Il
faut saluer ces journalistes et leur rédaction car depuis plusieurs
mois, pas moins de cinq agences de communication royalement
rémunérées par l’Arabie ont reçu mission de redorer l’image
de la monarchie salafiste en France.
Madame Nathalie
Goulet sénatrice de l’Orne, admet
« qu’il
est parfois difficile de contrer une mauvaise réputation ».
Elle s'est rendue
en Arabie Saoudite le mois dernier. À son retour, elle a
dévoilé « qu’un
rapport complet sur cette mission sera disponible bientôt sur le
site du Sénat, il sera étayé de documents, nous travaillons
en transparence
sans compromission
ni naïveté...»
Voici
que grâce à la diplomatie parlementaire, nous découvrirons probablement le « vrai » visage
de l'Arabie : modèle de déradicalisation et de lutte contre le
terrorisme. Une monarchie qui progresse « à
son rythme » vers
l'émancipation des femmes et la libération des esclaves.
Les
Américains, n’ont pas la finesse d’esprit des
Français, leurs
diplomates portent des éperons. Ils appellent un chat un chat ;
un salfiste un saoudien.
Le
possible futur Président des Etats-Unis est un goujat gouailleur
inadmissible à l’ENA, mais pas totalement simplet. Dans deux
longs
entretiens accordés le 26 mars au New York Times, Donald Trump
définit les grandes lignes de sa politique étrangère. Cette
vision, probablement inspirée par des communicants avisés, est un
florilège d’idées simples ressassées au fil de l’interview:
« nous
sommes un pays pauvre », « notre dette est de 21 mille
milliards de dollars », « nous n’avons plus les moyens
d’être le gendarme du monde »
America
first.
Cette
diplomatie de comptoir à la Picsou est fondée sur la loi du
business. Si ça ne nous rapporte rien, il faut passer son chemin dit
Donald. C'est simpliste mais convaincant. Exemples : L’OTAN
créé pour contrer la menace de l'ex-URSS est obsolète. La
contribution des USA à l’ONU est disproportionnée. Le Japon a les
moyens de se défendre tout seul. « Si
le Japon était attaqué nous devrions bien entendu aller à sa rescousse, mais si
nous étions attaqué, est-ce que le japon viendrait nous défendre
? »
Sur
le Moyen Orient, Trump mérite d'être lu car quel que soit le
vainqueur des primaires et de la présidentielle, il/elle devra tenir
compte de ces orientations très largement partagées par l’opinion.
« Saddam
Hussein était un sale type mais il excellait dans une chose: tuer
les terroristes. Ce n’est pas lui qui a frappé le World Trade
Center OK ? »
.
Puisque le pétrole d'Irak n'a pas été confisqué lorsque cela
était possible, il faut détruire les puits de Daech.
.
Les États-Unis se battent « stupidement » à la fois contre
Bachar et contre l’État Islamique. Il faut choisir le moindre mal.
.
Les réfugiés de guerre doivent être rassemblés dans des zones de
sécurité en Syrie, le coût doit être entièrement financé par
les monarchies du Golfe...
.
Sur l'Arabie Saoudite: « sans
nous, ce pays n’existerait pas »
et d’expliquer sobrement « ils
gagnent un milliard de dollars
par jour en nous vendant leur pétrole et ils ont le toupet de nous
faire payer la location de nos bases militaires qui les protègent… ».
.
Il promet dès son élection, de suspendre les importations de
pétrole du Moyen-Orient tant que l'Arabie et les Emirats du Golfe ne
combattront pas Daech.
Les
propos de Trump sont-ils très différents de ceux de Valls ?
L'un dénonce l'Arabie, l'autre accuse le salafisme. Les
Américains
ne sont pas prêts d'oublier la nationalité des terroristes du WTC,
alors en bon populiste Trump fustige les Saoud. En France, la
campagne électorale ne fait que commencer, mais il
y a fort
à parier que tous les candidats se verront interpellés sur l'avenir
de nos relations avec l'Arabie Saoudite Salafiste, alliée
idéologique de Daech.
À
Riyad, les déclarations de Valls et de Trump sont restées
sans effet. Indifférente aux aboiements lointains, la caravane des
Saoud passe car l'arrogance de la famille Royale est à la
mesure de sa fortune : sans limites.
Depuis
un an, elle bombarde impunément le Yémen (sauf la province de
l'Hadramaout occupée par Al Qaïda). Par le crime elle veut
réduire et inféoder son voisin du sud, par l'argent elle veut
acheter celui de l'Ouest. Déjà, des milliards pleuvent sur l'Égypte pour acquérir des armes, mais pas seulement. Bientôt un pont
de 32 kilomètres sera lancé à
l'entrée du golfe d'Aqaba pour relier le deux pays à seulement
quelques encablures d'Israël qui n'y voit aucun inconvénient;
au Caire, un campus de 30 mille étudiants sera construit pour la
célèbre université théologique al-Azhar afin de salafiser les
générations futures.
Le
jeune ministre de la guerre et des finances royales Mohamed Ben
Salman, fils du Roi, vient d’annoncer la semaine dernière, la
création d’un fonds souverain de deux mille milliards (vous avez
bien lu 2 000 milliards) de dollars. C’est l’équivalent de la
dette de la France. De quoi acheter le Louvre et tous les clubs de
foot.
Dans quelques jours, ce
parisien d'adoption sera à nouveau reçu
à l’Élysée.
http://hybel.blogspot.fr/2015/06/napoleon-darabie-vladimir-et-francois.html
De
prodigieuses transactions commerciales devraient se concrétiser «en
transparence, sans compromission ni naïveté»
bien sûr.
La France donneuse de leçons de morale a mis son mouchoir sur les
ventes d'armes qui massacrent depuis un an les Yéménites. Entre
Paris et Riyad, les négociations sont désormais au seuil de la
ligne rouge : pour la vente des technologies nucléaires du
réacteur pressurisé évolutif (EPR) et le transfert d'un
laboratoire de virologie de haute sécurité (P3).
Bientôt,
succédant à son vieux père malade, le Prince Mohamed deviendra
Roi. Porteur d'une espérance de règne de 50 ans, son ténébreux
projet d'empire salafiste est une ambition que ni Valls, ni Trump ne
pourront contrecarrer....même s'ils sont élus !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire