jeudi 5 mai 2016

Arabie, la mise au pilori des Ben Laden


Le 11 septembre 2015, l'effondrement d'une grue de chantier à La Mecque causait la mort de 111 personnes.
De mémoire de pèlerin, jamais une tornade aussi violente ne s'était abattue sur la ville sainte. Le souffle puissant du destin s'acharna sur un engin réputé solide « made in Germany », mais épargna des centaines d'autres plus fragiles. Pourquoi ? Pourquoi un 11 septembre ? Pourquoi 111 victimes ? Subhana wa taraala ! Allah tout puissant manifestant sa colère envoyait un avertissement.
Immédiatement, les autorités royales et religieuses tinrent conclave pour interpréter ce funeste oracle. C'était parfaitement inutile car tous avaient compris le message.
C'est ainsi que commença la chute de l'empire Ben Laden dont la tribu entière est désormais vouée à servir de bouc émissaire pour expier les crimes d'Ousama.
http://hybel.blogspot.fr/2015/09/la-chute-de-lempire-ben-laden.html

La faillite de l'empire Ben Laden
La Saudi Binladen Group, (SBG) première entreprise de bâtiment et de travaux publics du Moyen Orient, malheureuse propriétaire de la grue meurtrière, se trouva du jour au lendemain excommuniée : commandes et règlements suspendus, marchés publics résiliés, dirigeants assignés à résidence. Les Ben Laden, courtisans et serviteurs zélés des monarques depuis 1931 n'étaient plus en odeur de sainteté. Dieu et le roi son serviteur réclamaient le prix des chés d'Al Qaïda. La centaine de frères et sœurs et les milliers de cousins d'Ousama allaient payer. Chez les arabes, solidarité familiale oblige !

C'est ainsi que depuis huit mois, le gigantesque groupe est à l'agonie. Car on n'arrête pas l'activité d'un géant du BTP comme on ferme un salon de coiffure. SBG c'est 230 000 ouvriers, 6 000 ingénieurs et cadres, des centaines de chantiers dispersés en Arabie aux EAU, en Egypte, en Malaisie, au Sénégal, des milliers de sous-traitants...
Saudi Binladen Group était un État dans le Royaume. Il détenait l'exclusivité des grands travaux à La Mecque, obtenait partout des marchés sans mise en concurrence. La marge bénéficiaire était hors norme. Au Moyen Orient comme ailleurs, le BTP est le secteur le plus gangrené par la corruption ; SBG adoubé par le Palais n'avait aucun mal à obtenir tous les marchés publics au prix qu'il s'était lui même fixé. L'achèvement des chantiers était systématiquement soumis au chantage de règlements de travaux supplémentaires imaginaires avec une surfacturation qui atteignait 65%. Bref, le bakchich était au cœur de toutes les transactions.

Mais l'activité bâtiment travaux public ne constitue qu'une partie du formidable empire familial. Des dizaines de frères et des centaines de cousins d'Ousama occupent anonymement des ­positions dominantes dans tous les secteurs : énergie, communications, armement, chimie, pharmacie, agroalimentaire, transports...Ils sont associés avec des milliers d'entreprises internationales. Les relations franco-saoudiennes n'échappent pas à cette influence. Le puissant French Business Club est présidé par un avocat de la famille. En fait, nul ne connaît le niveau de la fortune du « clan » Ben Laden, pas même par les banquiers du Luxembourg et du Panama. Nul ne sait quels seront les effets de sa faillite sur la finance internationale.

Les raisons de la disgrâce
Depuis l'intronisation surprise du roi Salman en janvier 2015 et surtout depuis sa déclaration de guerre au Yémen en mars 2015, les Ben Laden sont entrés en dissidence. Pourtant, l'Hadramaout, province du Sud Yémen et berceau natal de la lignée de la famille n'a jamais été bombardée. Est-ce pour protéger Al Quaïda qui contrôle son territoire ou éviter les bavures collatérales ? Les montagnards de cette région sont d'un tempérament sicilo-corse. Les tracasser entraînerait une immédiate riposte de la nombreuse diaspora éparpillée dans le monde entier. Or en Arabie Saoudite, les Yéménites de nationalité ou de souche sont plus d'un million ; beaucoup de travailleurs immigrés, mais aussi nombre de milliardaires. 

En outre, les Ben Laden peuvent compter sur la solidarité discrète d'une fraction de la noblesse irritée par les initiatives intempestives de Mohamed Ben Salman, le fils héritier du roi, et sur l'opinion radicale majoritaire pour qui Ousama Ben Laden demeure le Saint héros du XXI ème siècle.
C'est donc une lutte pour le pouvoir qui se trame derrière le décor d'un chantier.

Lutte des classes à La Mecque
Le dernier épisode de l'agonie du groupe date du 1er mai. Ce jour là, SBG a célébré à sa façon la fête du travail en licenciant 77 000 travailleurs étrangers soit le tiers de ses salariés et en mettant fin à leur visa de séjour ; ce qui les contraint à quitter le pays. Il s'agit de travailleurs immigrés d'une trentaine de nationalités différentes qui n'étaient plus payés depuis sept mois. Ils ont protesté, se sont révoltés. Plusieurs manifestations spontanées ont été réprimées ; le 1er mai ils ont mis le feu à des autobus à La Mecque, marquant ainsi la première expression de la lutte des classes dans la ville sainte depuis la naissance du prophète. Selon « la charia du travail » en vigueur en Arabie, leurs revendications salariales sont justes, car comme le rappel un hadith arboré sur les banderoles « le prophète a ordonné aux musulmans de payer les gages de l'ouvrier avant que sa sueur ne sèche ». Argument imparable auquel le ministre du travail a répondu en promettant que les salaires de retards seraient payés. Le gouvernement qui craint la prolifération des jacqueries a entamé des négociations discrètes avec l'employeur. Pour ranimer l'espoir des chômeurs, le gouvernement a par ailleurs annoncé le lancement d'un programme de construction d'urgence de cent mille logements, et il a invité les entreprises coréennes, britanniques etfrançaises à faire acte de candidature.
Enfin, pour remplacer les dirigeants de SBG empêchés d'exercer, les banquiers ont dépêché Klaus Froehlich un Mozart de la finance qui a quitté en hâte Morgan Stanley Europe. Il a été rejoint en Arabie par Samer Younis, un manager super-doué qui dirigeait Kharafi le géant du BTP du Koweit. Aux premières constatations sommaires, le « trou » ne serait « que » de 30 milliards et les travaux sur les chantiers pourraient reprendre bientôt; notamment celui de l'emblématique tour d'un kilomètre de hauteur,

Des conséquences internationales incalculables
Tout comme le battement d'aile du papillon d'Amazonie, la chute de la grue de La Mecque pourrait avoir des conséquences internationales inouïes surtout depuis que l'imprévisible Donald Trump a mis les pieds dans le plat.
Encouragée par la campagne électorale du candidat républicain, l'arabophobie a gagné les Etats Unis. L'opinion publique est chauffée à blanc. Ainsi sur le campus de la petite ville de Pocatello dans l'Idaho, des incidents graves ont éclaté contraignant le royaume à délocaliser d'urgence quatre cents jeunes saoudiens. Riyad a même envisagé un moment de rapatrier les quelques cent vingt mille étudiants qui vivent aux USA.
Perspective plus grave, Donald Trump a promis de déclassifier les 28 pages du rapport d'enquête sur l'attentat du 11/9 qui mettent en cause la responsabilité de l'Arabie Saoudite. 

De son coté, le ministre des affaires étrangères saoudien a menacé de liquider les 750 milliards de dollars d'actifs américains détenus par l'Arabie Saoudite si le Congrès adoptait un projet de loi autorisant la mise en cause de son pays devant les tribunaux américains.
Le dossier d'indemnisation du plus dévastateur attentat de l'histoire : 3 000 morts, 6 600 blessés, 25 milliards de dégats va t-il se conclure par la négociation de la plus grosse transaction de tous les temps ?
Les stratèges de la maison Saoud envisagent-ils pour solde de tous comptes de la tragédie du World Trade Center de livrer à la justice US l'intégralité des avoirs de la famille Ben Laden ?
Ce serait une façon commode de sauver leur dynastie et de se rabibocher avec les Etats Unis, surtout si entre temps, le jeune  vice prince héritier, se hissait sur le trône.

Mohamed ben Salman présente un profil idéal: moderne, réformateur, ultra-libéral, monogame, mais surtout, il est totalement innocent des turpitudes terroristes, d'ailleurs il a un alibi en béton : en 2001, il n'avait que onze ans !.. 

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