Message
de chantage, l'attentat est toujours un appel à transiger. Non pas
avec les terroristes qui sont des marionnettes sacrifiées, mais avec
leur commanditaire revendicateur.
Le
14 juillet, quelques heures après que le Président de la République
eut annoncé « l'état
d'urgence ne sera pas prolongé », un
boulet de camion fauchait des vies par dizaines sur la Baie des
Anges : échec des pourparlers en coulisses, rupture
de la trêve ? Revenant sur sa décision le François Hollande
déclarait dans la nuit : « Nous
continuerons à frapper dans leur repère ceux qui, justement,
nous attaquent sur notre propre sol, ».
Douze
jours plus tard, un prêtre était égorgé : la médiation de
l'Eglise à la mode Sant'Egidio est-elle récusée ?
Le
décryptage de l'information permet toute les interprétations car
la France est empêtrée dans plusieurs guerres.
Guerre
contre un homme
Quatre
ans après l'injonction française : « il
faut éliminer Bachar ! »
le Président Syrien son armée et son peuple (alliés aux Russes et
aux Iraniens) résistent non seulement aux rebelles démocrates
soutenus par les occidentaux mais aussi à Al Nostra/ Fath al Sham,
filiale d'Al Qaïda puissamment armée par l'Arabie et le Qatar. Ces
jihadistes « font
du bon boulot et donc il est difficile de les désavouer » dixit
Laurent Fabius. Pourtant, ce soutien peu glorieux est imparfaitement
assumé car au lieu de laisser se constituer des brigades
internationales façon guerre d'Espagne, le gouvernement emprisonne
les jeunes volontaires qui veulent aller faire du
bon boulot !
Les ennemis de nos ennemis ne sont pas tout à fait nos amis.
Autre
paradoxe : l'internalisation de la guerre civile de Syrie a pour
origine la noble indignation de notre allié inconditionnel, la
monarchie saoudienne
qui prétendait hypocritement voler au secours du printemps des
démocrates arabes. Alors que rien ne nous y obligeait, sous
l’influence de quelques télé-jihadologues de Sciences Po, nous
avons entre Damas et Riyad, choisi le parti du plus riche espérant
sans doute quelques retours sur investissements. À la table
diplomatique internationale, nul autre pays européen n'est tombé
dans le piège tendu par les faucons d'Arabie, d'Israël et des
Etats-Unis.
Guerre
contre l'État Islamique du Levant
L'ennemi
a un nom d'État et tous ses attributs : un territoire (conquis
en Irak et en Syrie) deux capitales (Mossoul 1,5 millions d'habitants
et Raqqah, 220 000), un chef (Abu Bakr al Baghdadi) une
organisation administrative et militaire, un drapeau...et surtout une
population meurtrie qui tente de survivre.
À
la tête d'une coalition de 22 pays, les Etats Unis, ont déployé 10
000 hommes et des forces aéronavales considérables pour aider
l'armée irakienne à récupérer le territoire confisqué par le
Calife. Depuis deux ans, 14 300 attaques aériennes auraient été
lancées sans toutefois parvenir à vaincre les quelque 20 000 (selon
la CIA) combattants fanatiques.
La
France est la seconde puissance de feu du dispositif international.
Elle maintient sur zone notamment un porte avion, un sous marin, deux
frégates, des forces spéciales et surtout trois douzaines de Rafale
et Mirage qui prennent une part active aux opérations. Les vingt
autres armées occidentales et arabes se contentent de faire de la
figuration ou de fournir un appui logistique à distance.
Le
Canada, le Royaume Uni, l'Australie, la Belgique, la Hollande, le
Danemark... ont chacun dépêché une escadrille de 6 ou 8 appareils
qui enchaînent
discrètement les exercices d'entrainement.
L'Arabie
Saoudite qui possède 660 bombardiers, a brièvement aligné 12
chasseurs à la parade ; ils ont très vite été démobilisés
pour aller renforcer le front du Yémen (6 000 morts 33 000 blessés
en 28 mois) où sinistre ironie, quatre des six hôpitaux de l'ONG
française Médecins Sans Frontières ont été bombardés !
Le
Qatar de son coté, fait voler de temps en temps 2 avions et le Maroc
a jeté l'éponge... bref, la totalité des forces opérationnelles
arabes engagées est très inférieure à la mobilisation française.
La
fausse route
Pourquoi
la France s'est-elle laissé entrainer
dans cette guerre civile entre les Irakiens du nord sunnites et ceux
du sud chiites ? Quels étaient les dividendes escomptés de
cette posture de premier supplétif des forces armées
américaines embourbées dans cette région depuis 16 ans ? La
politique arabe de la France s'était pourtant tenue intelligemment à
l'écart. « Un
usage de la force en Irak serait si lourd de conséquence...qu'il ne
saurait être envisagé qu'en dernière extrémité » (de
Villepin) : ultime discours de la diplomatie gaullienne à la
tribune de l'ONU en 2003 dont Sarkozy puis Hollande ont négligé le
prémonitoire avertissement.
Aujourd'hui,
la France rappelle
ses réservistes et constitue une garde nationale. La mobilisation
générale est-elle pour demain ? Un ancien ministre de
l'intérieur délire et réclame une législation sur le burkini, un
autre ancien de la défense s'égare et exige: « des
mesures comme la société israélienne a su en prendre pour assurer
sa sécurité ».
Le
théâtre des opérations s'est déplacé sur le sol français. La
menace d'une guerre civile est réelle. Les Français
de 2016 ne sont pas plus raisonnables que les Yougoslaves en 1992,
nombre d'entre eux ne sont pas moins sanguinaires que les auteurs du
siège de Sarajevo et du génocide de Srebrenica ! Sauf à
imaginer la victoire par l'impossible élimination de l'ennemi, cette
guerre contre l'État Islamique appelle l'urgence d'une négociation
avant qu'elle ne dégénère entre Français,
car la thèse des loups solitaires a été supplantée par celle des
chiens dressés pour tuer. Ils sont des centaines d'apostats
criminogènes en attente d'un signe de leur maître
pour attaquer. Les services de sécurité sont débordés, les
sources de renseignements habituellement sous-traitées aux agents
des pays des « communautés d'origine » Algérie, Maroc,
Turquie...sont en panne pour raisons diplomatiques. La cinquième
colonne de cinq à sept millions de musulmans est une psychose qui
grignote les esprits de tous.
L'islam
de France en otage
Les
musulmans natifs de France le sont par le hasard de leurs
origines familiales immigrées. Il y a des dévots, des pratiquants
d'occasion, des indifférents comme dans toutes les religions.
Tous
naissent musulmans parce qu'on a murmuré la chahada à
leur oreille et qu'on les a prénommés
Mohamed
ou Aïcha.
Tous
meurent musulmans, lavés avant d'être enterrés
dans un carré à part du cimetière communal... comme les juifs et
les petits enfants.
Entre
ces parenthèses, rien ne devrait les distinguer des autres citoyens
français. Ils n'ont ni clergé, ni guide (sauf les chiites ultra
minoritaires), leur relation avec Allah est sans
intermédiaire. Pourtant, les gouvernements s'acharnent à vouloir les
encadrer, tolérant même la résidence de trois cents imams
étrangers rémunérés par leur pays d'origine. Car en dépit de
toute logique l'Etat veut obstinément un « CRIF musulman »
à l'exemple de celui des juifs. Sous la pression politique, le
Bureau central des cultes du ministère de l'intérieur a jadis
bricolé des instances représentatives fondées sur des critères de
fréquentation des mosquées ;
ignorant l'avis de ceux qui n'y mettent jamais les pieds. Le
gouvernement n'échange qu'avec les pratiquants au grand jour. Les
autres, ceux qui prient chez eux, qui jeûnent sans en faire un plat,
qui vont à la Mecque sans le clamer sur tous les toits, qui font la
charité en silence...ceux qui doutent...ceux qui ne croient pas...
tous ces millions de Français
prénommés musulmans ne sont jamais pris en compte, pas même
statistiquement.
Certes,
il manque un porte-voix, un modèle de vertu et de sagesse pour faire
oublier aux musulmans de France ces terroristes dévoyés qui se
réclament de leur religion. Le dernier gouvernement a pris soin de
nommer Najat et Myriam qui sont sur ce sujet totalement inaudibles.
Elles contrastent avec la judéité affirmée de leurs collègues,
surtout lorsqu'ils se rendent (fréquemment) en Israël. On attend le
jour où un ministre ira sans complexe à Riyad expliquer que les
musulmans de France revendiquent haut et clair la séparation du
spirituel et du temporel selon les principes fondateurs de la
république. On attend aussi le moment où la France - dont le nombre
de musulmans dépasse largement celui des Émirats du Golfe -,
réclamera un siège à l'Organisation de la Coopération Islamique
(dont l'une des trois langues officielles
est le français) qui regroupe une soixantaine de pays à population
musulmane. On attend enfin une prise de distance diplomatique avec le
Royaume Saoudien des ténèbres qui continue de propager à coup de
milliards une idéologie monstrueuse dont l'Etat Islamique est le
clone.
Les
va-t-en-paix sont rares. Chevènement est de ceux là. Son parcours
l'impose comme l'un des recours. Il n'est pas musulman et puis
après ? Il est irréprochablement républicain, il a été
exemplaire dans toutes les circonstances de l'Histoire. Il n'est
fâché avec personne, il est bien entouré, il écoute, il est
écouté, il dit ce
qu'il pense et fait ce qu'il dit. On lui a proposé de gérer l'islam
de France. C'est inespéré. Qu'il en profite aussi pour aller nous
rabibocher avec les capitales de l'Est et de l'Orient. Car comme
disait Alexandre Vialatte avec son bon sens auvergnat: « c'est
ainsi qu'Allah est grand ».
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