À
Riyad en Arabie, chaque lundi soir, un petit groupe de Français
se retrouve au « ciné-club ». C'est un local improvisé
dans une villa car il n'y a pas de salle de cinema publique
au pays des salafistes. À l’affiche
de cette semaine « Made in France ». C'est l’histoire
d’un journaliste musulman qui infiltre les milieux
intégristes de la banlieue parisienne… Pas vraiment de quoi
distraire les expatriés cinéphiles de leur train-train quotidien.
Mais depuis quelques mois, ils ont pris l'habitude de se rassembler
après la projection autour d'un chawarma pour commenter non pas le
film, mais les derniers épisodes d'un conflit social qui agite et
gangrène le moral de la petite communauté française en Arabie
Saoudite.
Les
impayés de Hariri
L'affaire
a commencé il y a un plus d'un an par la lente déconfiture de Saudi
Oger, un géant du bâtiment et des travaux publics dont les 38 000
salariés ont d'abord été payés partiellement, puis avec retard,
enfin plus du tout. Parmi eux environ 250
Français : des techniciens et des
ingénieurs installés avec leurs familles. Au début, ils ne se sont
pas vraiment inquiétés. La direction du groupe les assurait qu'ils
seraient généreusement dédommagés de leur patience. Ils l'on cru
car l'entreprise Saudi Oger appartient aux Hariri ; une famille
de milliardaires saoudiens
d'origine libanaise, grands amis de la France et de ses
dirigeants. N’a-t-elle
pas hébergé gracieusement Jacques Chirac et sa famille pendant six
ans dans un somptueux appartement sur les berges de Seine à
Paris ? Enfin et surtout, le consulat et l'ambassade de France
faisaient savoir qu'ils s'occupaient de la détresse de leurs
ouailles mais que la discrétion était de mise car « il
faut pas indisposer les saoudiens par des actions intempestives ». Au fil des mois, la situation quotidienne des deux cents
familles se complique : les banques ne leur accordent plus de
découverts, les écoles ne font plus crédit, les téléphones sont
coupés...Elles deviennent prisonnières d'un système kafkaïen car
pour changer d'employeur ou quitter le pays, il faut produire des
quitus que l'entreprise et l'administration refusent de leur
délivrer. Désespérés, certains
pensent même faire appel aux tribunaux car la charia impose « de
payer ses employés avant même que ne sèche la sueur sur leur
front »
Mais en Arabie, la jurisprudence est incertaine. Mieux vaut
s'éloigner des prétoires et des cachots. Les condamnés à chômer
protestent et manifestent sans faire de bruit. Ils lancent des appels
de détresse silencieux. Le consulat et l'ambassade relaient les
messages de Saudi Oger : patience, boukra inchallah !
Pourtant, les cadres d'autres nationalités européennes et
américaines victimes du même problème sont pris en charge par leur
chancellerie. Les ressortissants français ont l'impression d'être
des otages injustement oubliés de la France car même l'Inde et les
Philippines s'agitent avec succès pour aider leurs milliers
d'ouvriers à quitter l'Arabie. Lorsque l'épouse d'un ingénieur
tente de se suicider, l'émotion et l'indignation gagnent l'ensemble
de la communauté des 6 000 expatriés. La patience a des limites. La
bronca cible l'ambassadeur de France Bertrand Besancenot.
Rétro-ambassadeur
Nommé
il y a neuf ans après avoir été le conseiller de Michèle
Alliot-Marie au ministère de la Défense, ce diplomate infatué de
ses médiocres talents semble atteint du syndrome de Stockholm tant
il met du zèle à défendre les intérêts saoudiens jusqu'à les
confondre avec
les siens. Pour prix d'un alignement de la diplomatie française sur
celle des Saoud, il fait miroiter à Paris des milliards de contrats qui ne seront jamais signés.
Sur les réseaux sociaux, le collectif des expatriés
grugés fait le buzz, la presse est alertée.
En février, Le Parisien titre « En Arabie
Saoudite on a du pétrole mais pas de salaires ! ».
Mais que vaut la détresse de cadres bien payés face aux milliers de
smicards métropolitains licenciés ! Finalement, l'incurie de
l'ambassadeur est étalée. À l'approche des élections le scandale
menace de faire basculer les opinions. Il devient également urgent
de trouver un responsable aux milliards de promesses saoudiennes
envolées. Des parlementaires chuchotent bien haut. Ses amis d'hier
abandonnent
Besancenot qu'il croyait soutenu par les altesses.
En visite à Paris en juin dernier, le jeune vice-prince héritier
Ben Salman ne montre pas plus de sympathie pour l'ambassadeur de
France que pour le PDG d'ODAS, l'agence gouvernementale de l'armement
en Arabie. Mais si l'amiral est épargné, l'ambassadeur est sacqué.
À l'issue d'un conseil des ministres où ne siège plus Laurent
Fabius, Bertrand Besancenot est muté aux archives de Nantes alors
qu'il convoitait le Vatican. Pour autant, il n'a
toujours pas fait ses valises et fait une interminable tournée
d'adieux, espérant peut-être à quelques mois de la retraite, des promesses d'emplois juteux qui seront payés rubis sur
l'ongle.
Aux
dernières nouvelles, les 250 familles impayées ont commencé à
recevoir leur dû.
Al hamdou lillah !
Le
second Résident de France en Tunisie
À
la Marsa en Tunisie, sur l'esplanade de la corniche reverdie par les
orages d'automne, les attablées aux terrasses des cafés devisent
ironiquement sur le changement de locataire de la somptueuse
résidence de France. L'ambassadeur nouveau est carrément qualifié
de malotru,
de parvenu, d'erreur de casting... »
les mots sont durs tant la désillusion est immense.
Après la
révolution, ils avaient chassé Boris Boillon, un Sarkozy-boy sans
éducation:
https://hybel.blogspot.fr/2011/02/le-nouveau-resident-de-france-en.html
Alors
très vite, Paris avait fait acte de contrition en nommant François
Gouyette, un diplomate de carrière : « du
miel ! Il a sillonné toute la Tunisie...courtois, modeste,
toujours un mot aimable à la bouche, dans
un arabe parfait...c'est bien simple, au 14 juillet pour ses adieux,
il y avait plus de monde à la résidence de France qu'au stade de
foot !..." Les
regrets sont unanimes et la compassion sincère car meskin,
l'infortuné diplomate a été nommé en Arabie Saoudite, chez les
obscurantistes. On plaint son épouse Halima, contrainte de porter
l'abaya noire quand elle voudra sortir de la résidence en béton du
quartier réservé aux diplomates. Le couple ira t-il faire le
pèlerinage à la Mecque comme leurs homologues britanniques
Simon et Huda Colis ? Pas simple.
Le
stagiaire du Quai d'Orsay à la Kasbah
Le
successeur du bien aimé François Gouyette est le déjà
détesté Olivier Poivre d'Arvor. Il est arrivé par bateau. Tout
comme le Résident Général de Hauteclocque qui conduisit la
sanglante répression contre le mouvement nationaliste en 1952. Quel
symbole ! Pire, dans une déclaration à RTL, l'ancien PDG de
Radio France Culture a tenu des propos diplomatiquement insensés « Ma
mission principale est d’assurer la sécurité des Français qui se
trouvent en Tunisie... Il faut
pouvoir les protéger, notamment dans les pays comme la Tunisie dont
on sait qu’ils sont fournisseurs de jihadistes »
Un
comble pour les Tunisiens
qui se souviennent que les députés Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi sont tombés
sous les balles d'un jihadiste français natif de Paris, toujours en fuite, et que les
attentats de Charlie, Bataclan et Nice ont également fait des
victimes tunisiennes.
Par ses propos, l'ambassadeur Poivre d'Arvor qui est
aussi accrédité en Libye, s'est d'emblée totalement discrédité.
Fort heureusement les Tunisiens
sont de bonne composition car on imagine le scandale qu'auraient
provoquées
semblables désinvoltures au Maroc ou en Algérie ! Le Président
tunisien Caïd Essebsi est un beldi de noble éducation qui a fait
ses classes comme ministre des affaires étrangères il y a un demi
siècle. Il ne va pas tarder à inculquer les bonnes manières au jeune
parachuté. D'ailleurs, trois mois après son arrivée, il n'a
toujours pas pris le temps de recevoir ce stagiaire du Quai d'Orsay à
la Kasbah !
Décidément
le cafouillage de la diplomatie arabe de la France est une
irréductible constante.
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