C'est
un fait insignifiant, mais qui additionné à d'autres passés
pareillement inaperçus, laisse présager des bouleversements
imminents au Moyen-Orient.
Le
vice prince héritier d'Arabie, Mohamed Ben Salman, fils du roi,
ministre de la défense et de l'économie a fait le pied de grue à
Paris pour être reçu par François Fillon qui l'a impoliment
éconduit. Il faut dire que les Saoud mal inspirés, avait
ostensiblement soutenu Juppé et Sarkozy. Pour autant, la posture du
nouveau leader de la droite française n'est pas singulièrement
vertueuse, elle est opportuniste et solidaire de la bronca
internationale qui isole désormais le royaume salafiste du reste du
monde. À l'aube de l'année nouvelle les vœux sincères d'éviction
du roi Salman et de son fils Mohamed semblent faire l'unanimité.
En
l'espace de quelques mois, la cote diplomatique du royaume
obscurantiste a chuté de façon vertigineuse. Ceux qui depuis des
années dénoncent inlassablement l'indécence de ce régime
féodal « source du venin qui empoisonne le monde » ne
peuvent que se réjouir de cette prise de conscience collective
tardive.
En
septembre dernier, le fringant prince saoudien Ben Salman était
encore l'un des hommes les plus puissants de la planète. Après une
tournée aux Etats Unis où il avait multiplié les risettes et les
emplettes, il avait recueillit en survolant l'Europe l'hommage de ses
Chefs d'États. Puis il avait été reçu sur les tapis rouges de
Chine. Enfin, consécration suprême, l'empereur du Japon en personne
lui avait accordé l'honneur rarissime d'une audience. De retour à
Riyad, Mohamed avait rassuré son roi de père qui s'inquiétait des
velléités états-uniennes de faire payer à l'Arabie la plus
gigantesque ardoise de tous les temps : celle des dommages du
WTC du 11 septembre 2001. Le jeune Salman pensait alors avoir mis les
USA et tout le G 20 dans sa poche.
À
l'époque, il était acquis que Mme Clinton serait élue et l'Arabie
ne ménageait pas ses contributions à la candidate, finançant avec
générosité le parti démocrate et les associations d'électeurs
arabes. Patatrac ! Echec sur toute la ligne.
Obama
n'est pas parvenu à empêcher le congrès de voter un droit de suite
à l'indemnisation des victimes du 9/1, et c'est Trump qui a été
élu. Les saoudiens ont par conséquent courtisé les adversaires de
leurs alliés historiques pour rien ou plutôt pour le
pire ! Car les républicains ne sont pas près d'oublier cette
forfaiture. Donald Trump a promis de faire bouffer aux Saoud leur
kéfié. Entre suzerain et vassal la trahison appelle le jugement au
choix du sabre ou du peloton d'exécution.
L'Arabie
dont la famille Saoud s'est appropriée le nom et la propriété,
n'est qu'un confetti de 10 millions de sujets mâles, autant d'objets
femelles et autant de serviteurs étrangers. Au total 30 millions
d'âmes en recherche d'humanité et de justice qui vivent au
quotidien la peur de transgresser les innombrables interdits dictés
par une caste de 7000
altesses.
L’Arabie
est un État vulnérable qui ne dispose d’aucune alternative à la
coopération US dans les domaines du pétrole, de la défense, de la
sécurité, des transports, et même de l’eau…Sans les cadres
occidentaux omniprésents dans tous les secteurs vitaux, le pays ne
pourrait survivre trois semaines.
Au
plan international, en dehors de quelques affinités d'intérêts
éparpillés dont celle de la France à durée limitée, l'Arabie
Saoudite n'a plus d'alliés politiques.
L'offensive
génocidaire lancée il y a dix huit mois contre le Yémen a été la
faute suprême commise par des Salman père et fils.
Les
grandes nations musulmanes pourtant traditionnellement solidaires se
sont détournées malgré les milliards donnés: ainsi les
Pakistanais, puis les Egyptiens. Seuls les fragiles Emirats Arabes
Unis voisins n'ont pas pu se défausser, alors que l'exemplaire
petit le sultanat d'Oman restait à l'écart, proposant même sa
médiation. Quant au Maroc et à l'Algérie, ils se sont
évertués à ne pas mettre un pied dans le guêpier. En Europe,
l'opinion scandalisée par l'ampleur des massacres s'est finalement
mobilisée. Les Suédois, les Suisses, les Allemands ont annulé en
cascade leurs ventes d'armements. En Amérique, les Canadiens ont
tergiversé sans gloire pour honorer une commande de 15 milliards de
blindés ; mais le mois dernier, les USA à leur tour, ont
suspendu leurs livraisons de bombes et gelé l'assistance d'une
centaine de coopérants militaires avec le commandement des
opérations de l'armée aérienne saoudienne clouant au sol la
plupart des F16 et des Tornado. Au train où vont les choses, il se
pourrait bien qu'une miraculeuse contre offensive du Yémen
réconcilié redessine la carte de l'Arabie !
Entre
les milliardaires Trump et Saoud, le règlement de comptes sera
titanesque, simpliste et inégal. Le pétrole m'appartient dira l'un.
Sans ma protection tu n'es rien dira l'autre. Je répandrai sur tes
terres la bactérie salafiste menacera l'arabe, je te rendrai
pécuniairement responsable de tous les attentats dans monde
répliquera l'américain.
Le
New Saudi Deal qui amendera le Pacte Quincy ne sera pas
négociable. Trump prendra le pétrole et limogera sans doute
quelques gardiens de la concession. Chassera-t-il la dynastie tout
entière ? Plus probablement il exigera d'elle un roi nouveau, moins
sectaire, plus moderne, moins dévoyé, plus présentable et
cela va sans dire, totalement soumis. Ordonnera-t-il au surplus
l'arrêt du prosélytisme de l'international salafiste dont les Etats
Unis se sont si longtemps accommodés ? Là est toute la
question.
On
se souvient que quelques mois après son élection le Président
Barack Hussein Obama prononça en juin 2009 au Caire un discours
mémorable sur l'islam. Dans la salle, un auditeur égyptien
enthousiaste, qui pressentait peut-être l'espoir d'un printemps
arabe, hurla : « je vous aime ! »
Donald Trump lui, parlera sur un autre ton. Et la nation musulmane à
l'unisson marmonnera « je vous hais ! »
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