vendredi 23 décembre 2016

L'Arabie Saoudite en capilotade


C'est un fait insignifiant, mais qui additionné à d'autres passés pareillement inaperçus, laisse présager des bouleversements imminents au Moyen-Orient.
Le vice prince héritier d'Arabie, Mohamed Ben Salman, fils du roi, ministre de la défense et de l'économie a fait le pied de grue à Paris pour être reçu par François Fillon qui l'a impoliment éconduit. Il faut dire que les Saoud mal inspirés, avait ostensiblement soutenu Juppé et Sarkozy. Pour autant, la posture du nouveau leader de la droite française n'est pas singulièrement vertueuse, elle est opportuniste et solidaire de la bronca internationale qui isole désormais le royaume salafiste du reste du monde. À l'aube de l'année nouvelle les vœux sincères d'éviction du roi Salman et de son fils Mohamed semblent faire l'unanimité.

En l'espace de quelques mois, la cote diplomatique du royaume obscurantiste a chuté de façon vertigineuse. Ceux qui depuis des années dénoncent inlassablement l'indécence de ce régime féodal « source du venin qui empoisonne le monde » ne peuvent que se réjouir de cette prise de conscience collective tardive.

En septembre dernier, le fringant prince saoudien Ben Salman était encore l'un des hommes les plus puissants de la planète. Après une tournée aux Etats Unis où il avait multiplié les risettes et les emplettes, il avait recueillit en survolant l'Europe l'hommage de ses Chefs d'États. Puis il avait été reçu sur les tapis rouges de Chine. Enfin, consécration suprême, l'empereur du Japon en personne lui avait accordé l'honneur rarissime d'une audience. De retour à Riyad, Mohamed avait rassuré son roi de père qui s'inquiétait des velléités états-uniennes de faire payer à l'Arabie la plus gigantesque ardoise de tous les temps : celle des dommages du WTC du 11 septembre 2001. Le jeune Salman pensait alors avoir mis les USA et tout le G 20 dans sa poche.
À l'époque, il était acquis que Mme Clinton serait élue et l'Arabie ne ménageait pas ses contributions à la candidate, finançant avec générosité le parti démocrate et les associations d'électeurs arabes. Patatrac ! Echec sur toute la ligne.
Obama n'est pas parvenu à empêcher le congrès de voter un droit de suite à l'indemnisation des victimes du 9/1, et c'est Trump qui a été élu. Les saoudiens ont par conséquent courtisé les adversaires de leurs alliés historiques pour rien ou plutôt pour le pire ! Car les républicains ne sont pas près d'oublier cette forfaiture. Donald Trump a promis de faire bouffer aux Saoud leur kéfié. Entre suzerain et vassal la trahison appelle le jugement au choix du sabre ou du peloton d'exécution.

L'Arabie dont la famille Saoud s'est appropriée le nom et la propriété, n'est qu'un confetti de 10 millions de sujets mâles, autant d'objets femelles et autant de serviteurs étrangers. Au total 30 millions d'âmes en recherche d'humanité et de justice qui vivent au quotidien la peur de transgresser les innombrables interdits dictés par une caste de 7000 altesses. 
L’Arabie est un État vulnérable qui ne dispose d’aucune alternative à la coopération US dans les domaines du pétrole, de la défense, de la sécurité, des transports, et même de l’eau…Sans les cadres occidentaux omniprésents dans tous les secteurs vitaux, le pays ne pourrait survivre trois semaines.

Au plan international, en dehors de quelques affinités d'intérêts éparpillés dont celle de la France à durée limitée, l'Arabie Saoudite n'a plus d'alliés politiques.
L'offensive génocidaire lancée il y a dix huit mois contre le Yémen a été la faute suprême commise par des Salman père et fils.
Les grandes nations musulmanes pourtant traditionnellement solidaires se sont détournées  malgré les milliards donnés: ainsi les Pakistanais, puis les Egyptiens. Seuls les fragiles Emirats Arabes Unis voisins n'ont pas pu se défausser, alors que l'exemplaire petit le sultanat d'Oman restait à l'écart, proposant même sa médiation. Quant au Maroc et à l'Algérie, ils se sont évertués à ne pas mettre un pied dans le guêpier. En Europe, l'opinion scandalisée par l'ampleur des massacres s'est finalement mobilisée. Les Suédois, les Suisses, les Allemands ont annulé en cascade leurs ventes d'armements. En Amérique, les Canadiens ont tergiversé sans gloire pour honorer une commande de 15 milliards de blindés ; mais le mois dernier, les USA à leur tour, ont suspendu leurs livraisons de bombes et gelé l'assistance d'une centaine de coopérants militaires avec le commandement des opérations de l'armée aérienne saoudienne clouant au sol la plupart des F16 et des Tornado. Au train où vont les choses, il se pourrait bien qu'une miraculeuse contre offensive du Yémen réconcilié redessine la carte de l'Arabie !

Entre les milliardaires Trump et Saoud, le règlement de comptes sera titanesque, simpliste et inégal. Le pétrole m'appartient dira l'un. Sans ma protection tu n'es rien dira l'autre. Je répandrai sur tes terres la bactérie salafiste menacera l'arabe, je te rendrai pécuniairement responsable de tous les attentats dans monde répliquera l'américain.
Le New Saudi Deal qui amendera le Pacte Quincy ne sera pas négociable. Trump prendra le pétrole et limogera sans doute quelques gardiens de la concession. Chassera-t-il la dynastie tout entière ? Plus probablement il exigera d'elle un roi nouveau, moins sectaire, plus moderne, moins dévoyé, plus présentable et cela va sans dire, totalement soumis. Ordonnera-t-il au surplus l'arrêt du prosélytisme de l'international salafiste dont les Etats Unis se sont si longtemps accommodés ? Là est toute la question.

On se souvient que quelques mois après son élection le Président Barack Hussein Obama prononça en juin 2009 au Caire un discours mémorable sur l'islam. Dans la salle, un auditeur égyptien enthousiaste, qui pressentait peut-être l'espoir d'un printemps arabe, hurla : « je vous aime ! » Donald Trump lui, parlera sur un autre ton. Et la nation musulmane à l'unisson marmonnera « je vous hais ! »


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