C'est
le titre d'un livre publié chez
L'Harmattan.
L'auteur Bertrand Fessard de Foucault est un homme rare qui rappelle
Chateaubriand. Comme lui il aurait pu devenir ministre et écrivain
célèbre si la sincérité de sa pensée n'était pas en avance sur
son temps. Il dit toujours ce qu'il pense. Pire, depuis son
adolescence, il l'écrit. Fébrilement. C'est un besoin quasi
biologique. Chaque jour des milliers de mots à des centaines de
correspondants croisés
durant sa vie de septuagénaire bien remplie. C'est un humaniste
affable qui aime la compagnie de son prochain, un chrétien
authentique, un socialiste naturel, un gaulliste patriote. En toutes
circonstances,
il
cherche le regard et retient la poignée de main. Son parcours est
étonnant. Études couronnées au sommet : agrégatif en droit,
Sciences Po, ENA suivies d'une carrière entravée par le sérail qui
détesta ce vilain petit canard républicain brillant, ouvert et
spontané, donc imprévisible. Les petits marquis sans blason le
jalousaient, les incroyants raillaient sa ferveur religieuse.
Heureusement
très tôt quelques grandes intelligences le reconnaissent comme un
des leurs.
« Le
Monde », à une époque
où le
journal faisait la pluie et le beau temps, lui ouvre ses colonnes.
Des ministres l'écoutent, des chefs d'États le consultent
discrètement. Pour autant, Bertrand Fessard de Foucault restera
longtemps collé au plafond de verre de la haute administration. Sa
carrière sera celle d'un Conseiller au service
du
commerce extérieur de la France dans plusieurs pays étrangers
jusqu'à ce que Pierre Bérégovoy, premier Ministre autodidacte issu
du peuple, reconnaisse l'un des siens dans l'énarque bien né. Il le
nomme ambassadeur et lui confie l'ouverture de la première ambassade
de France au Kazakhstan. Vingt mois plus tard, en 1995, Juppé alors
ministre du gouvernement Balladur, cédant à la pression d'un homme
d'affaires douteux, rappellera sans raison ni autre forme de procès
cet iconoclaste de la diplomatie contraint à la retraite prématurée
dans ses bois du Morbihan.
« Après
la présidentielle comment ? » est
le parcours d'un homme libre, le testament d'une époque écrite
au fil des jours, un livre de recettes pour le bonheur de l'avenir.
Avec obstination et les seuls encouragements de sa fille âgée de
treize ans et de son épouse, l'auteur a eu l'audace récente de se
présenter aux élections présidentielles. Après tout, un énarque
ancien ambassadeur aurait-il moins de crédit qu'un Asselineau, un
Lassalle ou un Cheminade ? Hélas, cette expérience le confirme
car la course aux 500 signatures est surtout une question d'argent.
Pour approcher les 42 000 grands électeurs sélectionneurs de
l'équipe présidentielle il faut en avoir les moyens. Fessard de
Foucault n'en a aucun. Alors, dans ces conditions, comment contourner
la mauvaise volonté des préfets et du ministre de l'intérieur à
communiquer le fichier numérique des élus de la république ?
Comment avoir recours aux collecteurs professionnels coûteux
mais efficaces ? Sans parti ni mécènes, l'ambition électorale
suprême est chimère. Tout comme la quarantaine de
citoyens-candidats
il n'a pas obtenu le nombre de parrainages suffisants pour se hisser
à la tribune des médias.
Celui
qui se présentait avec humilité non pour être élu mais pour
proposer a échoué.
De
cette tentative vite oubliée, il restera ce livre modestement édité
et insuffisamment diffusé que des historiens et politologues avisés
liront avec gourmandise car il hisse le regard du lecteur à la
hauteur d'un témoin d'une déconcertante lucidité sur l'état de la
France de 2017.
L'ouvrage
échappe à l'académisme ennuyeux des programme électoraux attrapes
gogos fabriqués par des publicitaires astucieux. Il est truffé
d'anecdotes parfois surprenantes mais toujours abondamment
documentées notamment sur les turpitudes de nos dirigeants en
Mauritanie, au Brésil ou au Kazakhstan. Ceux des lecteurs qui
n'adhéreront pas
aux réformes proposées pour redresser la France, approuveront les
recommandations et les mises en garde souvent prémonitoires que
l'auteur depuis dix ans couriel sans se lasser à l'Elysée. Hélas,
sans d'autres échos que des accusés de réception polis. Pourtant,
du haut de son expérience et de sa culture étonnante de l'Europe et
du Monde, le vieux diplomate aux accents gaulliens,
projette une vision de ce qui sera sans doute la société française
numérisée de demain faite d'échanges et de considération
mutuelle. Le projet de Bertrand Fessard de Foucault est son ultime
message politique, son « testament
d'un encore vivant grâce à d'autres que lui »,
l'hommage à des illustres disparus de la mémoire de la
République : l'Abbé Pierre, « l'homme
cri » Maurice
Couve de Murville, « le
ministre de la confiance »
Jacques Fauvet journaliste « la
fraternité d'un grand ainé »,
Michel Jobert ministre de Pompidou « d'une
présence muette intense ».
Est également évoqué une fraternelle coopération avec Mokhtar oud
Daddah Premier Président de la République islamique de Mauritanie
« un
sourire d'âme »
Mettre
l'humain au centre de toute action politique. C'est le crédo de ce
livre généreux et intelligent à lire pour se faire du bien.
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