Le
Président Macron se rendra dans quelques jours en visite officielle
à Tunis pour signer un accord de coopération en matière de
sécurité. Demandera t-il à Marc Trévidic de l'accompagner ?
Il le faudrait car ce haut magistrat spécialiste de l'anti
terrorisme est un ami sincère et un expert de la Tunisie. Il en
connait la beauté des rivages, il sait les secrets enfouis au fond
des jarres, les petits bonheurs quotidiens, les cauchemars que
réserve le destin.
Magistrat
populaire, dès qu'un attentat survient, il court les plateaux de
télévision pour posément expliquer les dangers du salafisme. On
croyait que son expérience se limitait à l'audition d'innombrables
suspects derrière les portes capitonnées de son cabinet
d'instruction. Que non, le juge est allé au delà des exigences de
son métier, il a trouvé le temps de voyager et d'écrire un livre !
On pourrait penser : encore une vedette qui cherche à monnayer
sa notoriété par une opération commerciale sur le créneau porteur
de la jihadologie... Pas du tout ! À peine feuilleté,
l'exemplaire est emporté pour être prestement dévoré sous la
lampe.
« Ahlam »
de Marc Trévidic publié au Livre de poche.
Pour
comprendre la mutation des agneaux en loups,
le
juge s'est transporté sans greffier en Tunisie. Sur les lieux
d'élevage, dans l'enclos même où à l'écart de tous soupçons,
est nourri sous la mère l'égorgeur qui sera demain recruté chez
Daech ou Al Quaida. Avec une méthodologie d'anthropologue, il a
échographié le processus de radicalisation in vitro sur une période
de quinze ans.
Marc
Trévidic n'est pourtant pas sociologue, son « Ahlam »
n'est pas un remake du magistral « Chebika », de Jean
Duvignaud, il n'est pas tunisien comme Albert Memmi dont
l'inoubliable « Statue de Sel » sonde les cœurs
profonds, et pourtant...son ouvrage entrera probablement dans
l'anthologie de la littérature tunisienne comme le témoin
talentueux d'une époque marquée par la confrontation sanglante de
deux idéologies.
« Ahlam »
est le récit romanesque et touchant de la rencontre entre un bobo
parisien et une famille tunisienne ordinaire. Ahlam en
arabe est le pluriel de rêve. C'est le prénom que les couples
d'amoureux donnent à leur fille dans l'espoir d'une vie de bonheur.
Ahlam est la cadette de Issam. Une fratrie fusionnelle. Deux enfants
merveilleux. La mère Nora est institutrice, le père Farhat est
pêcheur à Kerkennah, une île de charme sans relief ni beauté
particulière. Le 2 janvier de l'an 2000, Paul, un jeune artiste
peintre parisien blasé débarque du ferry et pose son sac. Le
Français
sympathise. Comme il a de l'argent et de la notoriété, la dictature
lui permet de s'installer. Suivront le récit de quinze années
d'aventures amoureuses au cœur d'une Tunisie profonde qui se
révolte, invente une révolution mais reste écartelée entre
l'attrait des lumières de l'ouest et la profondeur des abîmes de
l'Est. Au verso de la jolie carte postale, une ode étonnante au
peuple tunisien menacé, un roman allégorique qui enchevêtre les
passions détruites par le fanatisme. Hors Allah, les salafistes
n'aiment rien, ni la musique, ni la peinture, ni même leur
mère...Ils ont la haine de la vie.
Pour
comprendre l'importance de la Tunisie qui nous protège, lisez
« Ahlam » de Marc Tévidic, un « grand tunisien ».
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