Hier matin à France Inter, le chroniqueur pose la question qui fâche : et si Kadhafi restait ? Ça m’a gâché ma journée. Impossible de faire la sieste. J’ai ressassé le scénario hallucinant que voici:
Forte des soutiens syriens, russes, touaregs, zaghawas bantous et autres, la gravure de mode libyenne ressuscite sur les cendres de feu son peuple. A court de munitions la résistance est étouffée dans son sang. Les ONG affluent. La communauté internationale se mobilise et s’interpose. No fly zone aux Mirages. La Libye est mise aux enchères. La Chine et la Corée font monter la cote. Les prix flambent, les puits du désert aussi. La Tunisie réquisitionne les hôtels pour y loger les blessés. Le désastre métastase.
Ecœuré, le Monde Arabe en masse rejoint « la base » d’Oussama et lance une fatwa déclarant patrimoine de l’humanité gratuit toutes les réserves de pétrole maudit.
La presse du soir anglo-saxonne prolonge mon cauchemar.
Elle révèle que la guerre de Tripolitaine est programmée. Les Awacs , vautours de mauvais présages tournent déjà. Mais la guerre de Libye ne serait qu’un alibi de stratège, un leurre, un faux-nez. Les Anglais s’attendent à un soulèvement de l’Arabie Saoudite ce vendredi ; alors lundi le baril sera à 300$ et le plein à 300€. Je songe à brader ma voiture contre une bonne paire de chaussures, acheter une vache, quelques poules, planter des patates sur mon lopin de terre normand…J’ai passé une mauvaise nuit.
Aujourd’hui c’était la journée de la femme.
A Londres, une quinzaine de braves nourrices se retrouvent au chômage car les autorités ont interdit la vente de la crème glacée au lait maternel.
A Djeddah en Arabie, à la foire du livre, une écrivaine iranienne a été contrainte sous les invectives de couvrir son voile persan d’où s’échappait une mèche avec un hijab saoudien plus décent.
En Ukraine l’infirmière particulière de Kadhafi a retrouvé sa famille après avoir passé neuf ans au service de la médicale libido du Guide illuminé, elle écrit ses mémoires.
A Tunis où une centaine de femmes pourraient prétendre au Nobel, le pourtant bourguibiste premier ministre Sidi Béji tarde à les appeler aux affaires du pays. A Moscou comme dans toute la Russie, pour célébrer sa mère, sa compagne, sa sœur, sa voisine, on lui porte des fleurs. Ceux qui ont les moyens vont applaudir la troupe de godiches emplumées du Lido en tournée au Bolchoï.
Enfin à Paris où la journée n’était pas fériée les sondés ont désigné une femme en tête du premier tour. Mais personne n’a applaudi la perspective d’une dame à l’Elysée.
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