Je n’y étais pas, mais j’ai aimé le discours du Président au dîner des Israéliens Représentatifs de France : « Quand un homme est persécuté, quand un homme est humilié… la mission de la France, c'est de dire que cette victime persécutée, elle est française. Elle est française, (bis) pas par la nationalité, pas par les papiers, mais elle est française (ter) parce qu'elle souffre, parce qu'elle est seule »
Le reste de la soirée était sans intérêt. Entre les rouleaux de printemps arabes et le fromage de Hollande, le président du Crif s’est livré à un exercice chakchouka mélangeant sionisme et anti-sémitisme. De la propagande indécente.
Les absents avaient raison. Bayrou, fidèle à ses principes, n’est pas venu, cet homme va finir par plaire ! Le Pen avait piscine, Mélanchon une tenue franc-maçonne.
La vedette était le Président : grand et généreux à l’image de la France.
Ainsi, par la grâce de l’envolée présidentielle, cher Hamza Kashgari tu es devenu français. Tu souffres mais tu n’es pas seul. Enfant de la patrie, ton jour de gloire est arrivé, nous te garderons de la tyrannie.
Par l’audace de tes vingt trois printemps, tu as tenté d’interviewer le prophète. C’était le jour de l’anniversaire de sa naissance, le Mouled, et aussi celui de la chandeleur chez les crêpiers bretons. Tu cherchais le scoop, c’est évident. Mais sans le vouloir tu as révélé l’évidence : Mohamed (QLSSL) n’est pas sur twitter.
(Apprends, lecteur mécréant que pour éviter d’être fouetté, on ne cite jamais le nom du Prophète sans le faire suivre de la formule : Que Le Salut Soit Sur Lui ou QLSSL).
Enorme scandale ! Trente mille apôtres de QLSSL se sentant offensés ont réclamé ta tête. Le roi d’Arabie a ordonné de t’arrêter. Au lieu de venir en France, tu as fui en Malaisie où la prison t’a immédiatement accueilli.
Mais la grâce divine ayant parlé par le truchement du Président français notre diplomatie s’est – on peux le penser - dépensée sans compter. Chancellerie et consulat de France à Kuala Lumpur ont tenté de prouver, discours du Président à l’appui, que Hamza est français. Nos plénipotentiaires à Ryad ont déployé la même énergie.
Hélas, l’affaire tombe mal. L’Arabie et la Malaisie sont des tops clients d’armement. Des contrats milliardaires sont en négociation ! Alors le Quai a donné aux diplomates la consigne de surveiller le vol des mouches.
Tu as été renvoyé en Arabie. Tu y seras jugé pour blasphème et apostasie.
Lorsque tu pencheras ta tête sur le billot, songe Hamza Kashgari El Frensaoui que tu meures célèbre comme le chevalier de la Barre que ni Voltaire ni Diderot n’avaient arraché au martyre. Dans trois cents ans, ta statue érigée sur la Butte qui domine Paris témoignera de ton panache.
"Lorsque le chevalier de La Barre, petit-fils d’un lieutenant général des armées, jeune homme de beaucoup d’esprit et d’une grande espérance, mais ayant toute l’étourderie d’une jeunesse effrénée, fut convaincu d’avoir chanté des chansons impies, et même d’avoir passé devant une procession de capucins sans avoir ôté son chapeau, les juges d’Abbeville, gens comparables aux sénateurs romains, ordonnèrent, non seulement qu’on lui arrachât la langue, qu’on lui coupât la main, et qu’on brûlât son corps à petit feu; mais ils l’appliquèrent encore à la torture pour savoir précisément combien de chansons il avait chantées, et combien de processions il avait vues passer, le chapeau sur la tête.
Ce n’est pas dans le XIIIe ou dans le XIVe siècle que cette aventure est arrivée, c’est dans le XVIIIe." Voltaire
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