Trop c’est trop ! Ce qui se passe au Caire est une insulte à la loi
de l’Homme. Un général pushiste annonce tranquillement à la presse
internationale qu’il s’apprête à tuer ou emprisonner trois millions d’êtres
humains et aucun chef d’Etat n’est pris de haut-le-corps. Aucune
protestation populaire massive de l’Occident bien pensante.
« Masr oum el dounyia », Egypte mère de l’Univers tu es
devenue l’infanticide honte de l’humanité.
Le pouvoir légitime a été renversé par les armes. Président,
gouvernement, députés ont été enlevés. Ils ont disparu. Les protestataires
manifestants pacifiques ont été massacrés par milliers. C’est le Chili
d’Allende d’il y a quarante ans ! A l’époque des marées
humaines avaient envahi les capitales pour hurler leur indignation. Comparaison
n’est pas raison : ce n’est pas demain la veille que Paris, Londres ou
Washington défileront pour défendre l’intégrité du fellah mangeur de fèves.
Les cyniques pétro-dictatures arabes applaudissent et répandent des
liasses de dollars. Les USA regardent ailleurs, l’Europe souffle de la fumée,
des hordes de touristes avisés réservent déjà Louxor pour Noël.
Pour nous donner
bonne conscience, une formidable propagande mondialisée tente de nous faire
croire que le peuple égyptien tout entier approuve la terreur et que le
génocide programmé de « la confrérie » est un bienfait de la justice.
Les Frères musulmans étaient nous dit-on, sur le point de commettre des
abominations : offrir le Sinaï aux relégués palestiniens de Gaza, vendre
les Pyramides aux démolisseurs, détourner le Nil de la mer ! Plus de vingt
millions d’illettrés auraient signé sur papyrus l’appel au coup d’Etat militaire !
Certes, les partisans du Président Morsi ne sont pas des anges, mais à
coté des troupes du Général Sissi, ils font figure d’enfants de cœur ! A
fasciste, fasciste et demi.
Le grand tort des démocrates égyptiens de tous bords –aujourd’hui cocus de belle façon - est
d’avoir cru que le tortionnaire était soluble dans l’urne. Ils se sont
focalisés sur les islamistes qui leur ont confisqué leur révolution au lieu de
se prémunir contre la réaction. La première menace de la révolution c’est la
contre-révolution !
A Tunis, à Ankara et même à Rabat, les gouvernements
islamistes méditent pareillement la leçon. Ils se demandent s’ils ne devraient
pas de toute urgence couper les têtes préventivement.
La division qu’avec férocité Nasser, Bourguiba, Assad, Saddam et même
Khaddafi avaient su éviter a été magistralement et patiemment orchestrée à la
faveur du règne des médiocres et des corrompus. Moubarak le vassal du roi
Abdallah Ibn Saoud finira ses jours dans un palais du bord du Nil, quant à Ben Ali, son fol espoir de retour à Carthage devient une
question de semaines à croire son entourage.
La dispersion à l’explosif de la nation arabe façon puzzle est une
réalité géographique rampante. La liste des pays saignants concerne la
moitié des 22 Etats de la Ligue Arabe. Pire : sur ses 350 millions
habitants, 200 millions sont en danger de mort permanent.
La France qui ne compte qu’une poignée de millions de rebeus est exclue
de cette macabre comptabilité qui la placerait pourtant en neuvième position
démographique si par fantaisie elle décidait d’adhérer à la Ligue des faux frères
Arabes. La pensée dominante du pouvoir de Paris continue
d’appréhender le citoyen français de culture arabe comme un passant de
l’histoire, un héritier soluble de la décolonisation. Le gouvernement
socialiste sous l’influence du CRIF multiplie les gestes de mépris comme celui
de Manuel Valls refusant au Palais Bourbon la main tendue
par le Président de la République tunisienne Moncef Marzouki lors de sa visite
d’Etat en France en juillet 2012. L’insulte est restée dans toutes les
mémoires.
Les arabes de France ne sont pas regroupés en lobbying comme les
hébreux, les lusophones ou les antillais, c’est un patchwork dispersé que
rassemble une perception commune du sens de la vie. On confond culture et
religion. On feint d’ignorer que le petit voyou de banlieue et le PDG de
Renault sont issus du même creuset. Inlassablement depuis trente ans, les
gouvernements poursuivent une politique d’inspiration étrangère : celle de
la fragmentation des arabes par familles musulmanes interposées. Pourtant, les beurs ne sont pas tous musulmans et en proportion
ils sont tout autant agnostiques que les juifs ou les protestants.
Au Moyen-Orient, la propagation du virus de la haine a d’abord été attisée sur
les terrains fertiles des pays pluriels, entre chrétiens et chrétiens, entre
chiites et sunnites, puis entre nationalistes et intégristes, enfin entre
obscurantistes saoudiens et qataris rivaux qui se sont accordé pour répandre le
chaos avec la bénédiction d’Israël et des Etats-Unis.
L’Irak a régressé au Moyen-âge ; l’unité
du Yémen a volé en éclats; le Soudan est devenu deux ; la Somalie est de retour
à l’âge de la pierre ; la Palestine en prison à Gaza, en probatoire en
Cisjordanie ; le petit Liban quotidiennement meurtri par les attentats
continue de recueillir admirablement près d’un million de femmes et
d’enfants venus de la Syrie voisine
laquelle n’est plus que ruine et lamentation ; la Libye est entre les
mains de barbares sans lois ; l’affrontement des armes et des couteaux
menacent de gagner la Tunisie et l’Algérie. Bref, le choc de la civilisation
arabe est une implosion dont les répercussions
s’étendront sans doute à d’autres continents.
Pour l’instant, ni
Moscou, ni Washington n’ont crié halte au feu ! Mais si la braise enflamme
le gaz et le pétrole arabes, alors ils s’uniront le temps de coaliser leur puissance au
prétexte d’aller éliminer les ogres dévoreurs d’enfants.
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