La Tunisie n'a pas fini d'étonner. Contre vents et marées, malgré l'économie en déclin et le terrorisme sporadique, la démocratie progresse. Au terme d'une longue gestation, la constitution adoptée il y a neuf mois va enfin être mise en œuvre.
Le
26 octobre prochain, les citoyens désigneront parmi 15 mille
candidats les 217 députés qui composeront la nouvelle Assemblée
des Représentants du Peuple. L'élection aura lieu « au
suffrage universel, libre, direct, secret, honnête et transparent »
conformément aux dispositions de la loi suprême et selon le mode de
scrutin le plus équitable de la proportionnelle au plus fort
reste.
D'aucuns prédisent que la chambre sera introuvable, c'est faire
injure aux serments de cohabitation proclamés solennellement par les
dirigeants des principaux partis politiques. Quels que
soient les déséquilibres politiques l'Assemblée des Représentants
sera cohabitationniste et consensuelle à l'exemple de l'Assemblée
Constituante qu'elle va remplacer.
Puis,
le 23 novembre, les
Tunisiens seront à nouveau appelés dans l'isoloir pour le premier
tour de l'élection à la Présidence de la République. Il y aura 27
candidats en lice.
La
constitution qui inaugure le premier régime parlementaire du monde
arabe cantonnera le nouvel occupant du Palais de Carthage dans un
rôle strictement représentatif. « Symbole de l'unité, garant
de l'indépendance et de la continuité de l'Etat », il
détermine les politiques générales dans les domaines de
souverainetés : défense, sécurité, affaires étrangères.
Il
faut applaudir et se réjouir que de par ses responsabilités
restreintes, le futur Président tunisien sera plus proche de ses
homologues
italien et suisse que français ou algérien.
De surcroit, ce pouvoir à minima, conféré par le suffrage
universel lui permettra de tenir la dragée haute à la tribune des
assemblées de dictateurs arabes dont il sera (hélas) l'unique et
éclatante exception.
Le
Président sortant,
le Docteur Moncef Marzouki,
se représente. Ce militant des droits de l'homme n'a pas démérité,
mais son âge est insolent : 70 ans c'est beaucoup trop vieux
dans un pays où la moyenne est de 30 ans. Que dire de son principal
rival Béji Caïd Essebsi, 88 ans et des autres candidats tout autant
respectables comme, Mustapha Ben Jaafar, 74 ans et Néjib Chabbi, 70
ans qui sont pour l'instant crédités des meilleurs chances de
l'emporter. « Ya Haj dégage ! » clameront gentiment les
insolents titi de Bab Souika et de Sidi Bouzid en rappelant l'article
8 de la nouvelle constitution : « la jeunesse est une
force agissante dans la construction de la nation »
Fort
heureusement, il est improbable que les autres candidats,
bonimenteurs populistes et anciens caciques du Général Ben Ali,
créent la surprise.
Une
certitude, il n'y aura pas de Président islamiste. Ennahdha, premier
parti politique de Tunisie sera absent du scrutin car ni son
Président Rached Ghannouchi, ni son très populaire vice Président
Abdelfattah Mourou ne se sont présentés.
Ce sont des sages en âge et d'habiles stratèges qui briguent la
réalité du pouvoir issu de l'élection des députés et qui
délaissent la parade présidentielle des inaugurations et des
réceptions. Mais il n'est pas du tout exclu qu'ils soutiennent
opportunément l'un des prétendants entre les deux tours du scrutin.
La
surprise pourraient venir d'ailleurs.
Une
femme, une seule, est candidate.
Kalthoum
Kannou sauve l'honneur de la Tunisie. Sera-t-elle l'héroïne d'un
singulier rendez-vous avec Bourguiba, le fondateur adulé de la
Tunisie moderne ? De celui qui fit inscrire sur son tombeau à
Monastir son épitaphe mérité « ci-git le libérateur de la
femme tunisienne » ?
Kalthoum
porte les espoirs de pérennité de l'oeuvre principale de l'homme
illustre.
Elle
est née l'année de la proclamation de la première République
Tunisienne. Sa famille est originaire de Kerkennah, une petite île
au large de Sfax dont les habitants ont la réputation d'être des
résistants teigneux à l'adversité. Kalthoum, fille d'un militant
syndicaliste de l'UGTT y a grandi avant d'aller militer à la faculté
de droit de Tunis.
Devenue
magistrate, elle dérange le pouvoir ; son intransigeance et son
activisme lui valent plusieurs mutations. La clique d'affairistes de
Ben Ali obtient son exil d'abord à Kairouan, puis au fin fond du
pays, à Tozeur où elle élève seule ses trois enfants. Juge
d'instruction, Présidente de l'Association des Juristes
tunisiens,
elle revient à Tunis aux premiers cris de la révolution.
Kalthoum
Kannou est une candidate libre et indépendante. Elle n'est soutenue
par aucun parti, aucune fortune, aucun lobby. Elle vilipende la
corruption, terreau fertile où prolifère l'extrémisme religieux
qui prêche la justice.
Elle
vient d'entrer en campagne avec une énergie singulière. Ses chances
objectives sont minimes car il ne lui reste que quelques semaines
pour convaincre que la
Tunisienne
est l'avenir de la Tunisie.... et que Bourguiba, sans hésiter,
aurait voté pour elle.
1 commentaire:
MADAME KALTHOUM KANNOU VOUS ETES LA SEULE CANDIDATE QUI PUISSE SAUVER LA TUNOISIE
Enregistrer un commentaire