lundi 8 septembre 2025

Le volcan arabe

Au Moyen-Orient, les dieux qui déjà aux âges bibliques aimaient les sacrifices et l'odeur du  sang  se sont changés en démons.


63 000 palestiniens tués à Gaza ! À l'échelle de la population française, c'est comme si Marseille avait été assiégé et que ses huit cent mille habitants intra-muros avaient été décimés.

Le gouvernement israélien promet que les rescapés de ce troupeau de «  bétail humain  » affamé seront contraints de transhumer sous la mitraille. 

Impitoyablement, le carnage perdure dans l'indifférence ou la résignation de ceux qui refusent de voir et de croire. « Les bombes pleuvent sur des tentes, sur des familles, sur ceux qui n’ont plus aucun endroit où fuir » dit le Secrétaire général de l’ONU. Il ment, répond cyniquement et injurieusement Israel. 


La formidable propagande occulte et travestit les faits. Elle détourne la pensée et entrave tout débat public sans parvenir à contenir le dégoût universel.  L'indignation défile sur les réseaux sociaux mais pas dans les rues interdites de manifestation. Les quelques protestations publiques ici ou là sont réprimées par les autorités ou passées sous silence par les médias. Un mot de trop et c’est l’hallali. L'Israélien parce que juif est intouchable. 


La France de Voltaire fait la guerre aux mots

Ainsi, le Premier ministre Attal  quittant inopinément  son bureau pour s’imposer au conseil d’administration de Sciences Po l’école de formation des élites de l’administration, où des adjectifs racistes avaient prétendument été prononcés sur « La péniche » (hall de la rue St Guillaume) dans un chahut entre keffieh et kippa.

Ainsi, une étudiante  exfiltrée de Gaza pour venir étudier à Lille est réexpédiée sous les huées  du gouvernement pour propos antisémites lancés chez elle quelques mois plus tôt. Comme si l'on pouvait suspecter les habitants de Gaza d'être antisémites ! La haine  et le ressentiment n’inspirent pas la modération et le « politiquement correct ». (Je n’ai jamais entendu mon grand père rescapé de la grand guerre qualifier les Allemands autrement que de « sales boches » , « doryphores »…)


Le gouvernement qui n’a pas lu Georges Corm ni Jean Pierre Filiu se complaît dans l’amalgame d’un vocabulaire d’ignorants qui confond judaïsme avec sionisme, islam avec islamisme et pour qui, toute critique d’Israel est un délit d’antisémitisme.  Même l’Union juive française pour la paix (celle de Raymond Aubrac et Stéphane Hessel) est qualifiée d’antisémite voire soupçonnée de complicité de terrorisme. Il faut rendre hommage au courage de cette fraction de  la communauté juive qui milite pour les droit des Palestiniens et dont la parole est étouffée alors que le RN claironne.


Voici des dirigeants du RN, niant leur filiation avec Jacques Doriot et Marcel Déats qui arborent sans vergogne la croix de Lorraine au revers de leur veston sans provoquer  de protestation dans les rangs gaullistes ! Les héritiers de  Jean-Marie Le Pen ont viré de judéophobes à islamophobes, leurs boucs émissaires d’hier les judéo-communistes sont d’aujourd’hui les islamo-gauchistes.

Les citoyens juifs ne sont pas oublieux de l’Histoire, les citoyens musulmans non plus, ils se détermineront aux prochaines élections.


À l'étranger, c'est paradoxalement en Israel que des manifestations monstres ont lieu, certes moins par empathie envers les Palestiniens que par compassion envers les otages. Elles sont sans effet. La guerre nourrit les fanatiques et prolonge le gouvernement Nétanyahu. 


Résignation arabe

Dans les pays arabes, le silence honteux est celui de la lâcheté des  gouvernants qui se taisent et refusent de se faire l'écho des sentiments unanimes de leur peuple. 


À l'exception du président tunisien qui s’arroge le monopole de l’indignation tout en empêchant les foules d’exprimer dans la rue une colère qui pourrait se retourner  contre lui. 

À l'exception du Yémen gouverné par la tribu des Houthis, qualifiés « de rebelles » depuis qu’ils ont déclaré la guerre aux Américains il y a 25 ans et dont on retiendra aujourd’hui qu’ils forment la seule nation arabe à avoir lancé des missiles contre Israël pourtant éloignée de 2 000km. Cette audace lui a valu entre autres ripostes sanglantes le bombardement de l’ensemble de son gouvernement.


Partout ailleurs les populations n'osent rien. Elles semblent tétanisées par la menace des foudres de Trump et Netanyahu qui pourraient venir s'abattre sur elles et  s'ajouter à celle de leur dirigeant qu’il soit monarque, président, dictateur ou général. 

«  La peur est une prison plus vaste que celle où je me trouve  » écrit Boualem Sansal.


Les Israéliens qui sont 10 millions veulent contraindre les 7 millions de Palestiniens en commençant par ceux de Gaza, 2,2 millions, à s'exiler nul ne sait où  : en Égypte, en Jordanie, en Arabie, en Libye, au Groenland ?... L'imagination de Trump est fertile. 

Netanyahu et Trump ont peut-être gagné la guerre, ils ont perdu le monde. Demain, l’imprévisible volcan  arabe de la cause palestinienne qui gronde emportera tout à son réveil.

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