L’auteur n’a pas pu suivre les cours d’Hubert Beuve-Méry et de Pierre Viansson-Ponté car il n’était pas né. Il a appris le métier à l’école de Lille et à Sud Ouest. A présent il enseigne les sciences de l’information, autrement dit le journalisme.
En Asie où il séjourne depuis dix ans, il a mené une plaisante recherche anthropologique sur notre diplomatie. Son livre est une leçon de méthode et une œuvre citoyenne salutaire. A chaque page le lecteur tombe de l’armoire.
« Les Diplomates, derrière la façade des ambassades de France » éditions nouveau monde. 365 pages. Autant de scandales.
Il faut s’attendre à ce que le gouvernement soit durement interpellé au Palais Bourbon, qu’une commission d’enquête soit ordonnée. Il est probable que des têtes vont tomber, qu’un rapport sera commandé, qu’une grande réforme sera lancée…Ce livre va faire du bruit !
Enfin peut-être…
Pour radio trottoir, un diplomate c’est une personne qui achète sa voiture hors taxes et la gare n’importe où. C’est un veinard nourri de petits fours et de jeux de mots, qui ne paye pas d’impôts. Son chef est un gonfalonier pétri d’importance qui se déplace en limousine à fanion. Son Ministre est traditionnellement un docteur en médecine avec une langue d’arracheur de dents.
Ce n’est pas tout à fait exact.
Franck Renaud remet les pendules naïves à l’heure de la pire des réalités.
Son échographie du quai d’Orsay et des chancelleries révèle les turpitudes de nos Excellences : prévarication, détournements, vols, abus d’autorité, affairisme, trahisons...On y apprend des détails stupéfiants comme la défection d’un « totem » de nos services secrets, le business des visas, les réceptions du 14 juillet sponsorisées par Coca Cola et Ricard, l’immunité des pédophiles. Elle n’est pas souvent belle la France à l’étranger !
Certes, tout n’est pas noir. Il y a 160 ambassadeurs de France accrédités dans le Monde . Selon Dominique de Villepin, ancien diplomate de haute lignée, une cinquantaine d’entre eux (seulement) seraient de parfaits incapables !
Il faut rendre justice aux grands plénipotentiaires. Il y en a.
Franck Renaud en cite quelques uns. Pas assez à mon goût. J’ajouterai ceux qui portent bien leur nom : Courage, Lafrance, les truculents Georgy, Jeantelot, l’ancienne école d’orient Depis, Marc-Henry, les héroïques, Janier, Jacolin et puis aussi tant d’autres excellentes excellences à l’image de notre ambassadeur actuel à Téhéran. Il faudrait que Renaud reprenne l’annuaire diplomatique (interdit à la vente mais disponible sur le net) en y ajoutant des commentaires et des notes comme dans les guides de cantines.
Son enquête pointe les modes de recrutement et la compétition entre le concours de l’ENA et celui plus difficile des cadres d’orient. Mais la carrière n’évolue pas seulement au mérite. Ainsi « Le Gay d’Orsay » réunirait au sein d’un cercle d’influence la communauté homo-diplo.
Cette solidarité n’est pas choquante, en revanche la misogynie caractérisée dont fait preuve avec constance ce ministère est affligeante. L’ambassadrice Gazeau-Secret qui parvint à se hisser pour quelques mois à la prestigieuse direction générale des affaires culturelles et scientifiques, dénonce sans fioriture le machisme ambiant. Dans son discours d’adieu elle a cité un proverbe africain que ces messieurs diplomates méditent encore : « il est vain de vouloir piler le mil avec une banane molle ! »
Vite ! Achetez, lisez « Les diplomates »
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