Le Prince Sultan, héritier du Royaume d’Arabie est mort dans la fleur de l’âge à 86 ans. C’était le doyen des ministres de la défense du Monde. Il fut le plus gros acheteur d’armements. Il n’était pourtant pas va-t-en guerre ni sanguinaire, mais pragmatique. Il avait compris que la paix dépendait en grande partie des marchands de canons. Ainsi, pour leur être agréable, il leur achetait des lots de quincaillerie sans en discuter ni le prix ni les rétro-commissions. Le personnage le plus courtisé de la terre était lucide et truculent. Pour maquiller leurs turpitudes, les corrompus taxaient de cupide celui qui les engraissait. Il laissait dire et s’en battait l’œil.
Le Prince n’aimait plus la France, devenue arrogante et irrévérencieuse, si loin de celle du Général de Gaulle qu’il admirait tant. Au cours d’une audience en Arabie, un ministre donneur de leçons, s’était fait congédier comme un valet.
La dernière fois que Sultan avait signé un gros contrat avec la France c’était en 1994. Le négociateur du gouvernement français était comme son Altesse Royale un personnage jovial au regard pétillant de malice. Le marché devint une affaire. Un juge enquête encore sur ses débordements. Le destin se montre parfois ironique avec l’histoire car l’élégant ancien ministre Jacques Douffiagues a quitté la vie quelques heures avant le Prince Sultan.
Kadhafi aura fait mentir l’adage de l’égalité des êtres devant la mort. Il fut comme le Prince, quarante ans durant adulé de tous les grands. Il y a quelques mois encore, Rome lui baisait la main, Paris lui lavait les pieds. C’était lui aussi un fameux client ; fantasque mais généreux. Mais c’est bien connu les fournisseurs sont fourbes, ils ne recherchent que leurs intérêts.
Mouammar avait reçu de ses amis infidèles des assurances avant sa sortie. Il aura été trompé. Des missiles ont bombardé son convoi. Il a fui à pied, été chassé, rattrapé, battu, supplicié, transbahuté, une balle au front. Fin. Son corps a été dénudé, exposé, filmé ! Quelques heures plus tard, le ministre français déclarait que le chasseur était un Dassault, son collègue américain répliquait que le drone était un Predator : deux armes désormais certifiées « dictator‘s killer proven ». Les Italiens malins laissèrent filtrer que le pistolet fatal était un Beretta.
Indigné par cette barbarie, Moscou a qualifié l’Otan-isation du leader de meurtre inqualifiable. Il faut dire que feu Kadhafi collectionnait les chars, les missiles et les avions made in Russia.
Jean Amadou, autre saltimbanque est mort de nous avoir fait rire sans jamais faire de mal à une mouche. Il était l’homme « bébête show » de « l’oreille en coin » à l’affiche du théâtre des « Deux ânes ». Il donna des milliers de bons mots à des millions de Français qui se tenaient les côtes. Il se proclamait de droite et de mauvaise foi. On suspectait le contraire. Ayant atteint un âge princier, Amadou a succombé à un brutal excès de dérision inspiré par l’actualité internationale récente. Il mérite la délicieuse formule diplomatique rituelle que s’adressent les chancelleries arabes lorsque trépassent les grands hommes : « implorons Dieu d'accorder au défunt Sa Miséricorde et de l'accueillir en Son Paradis aux côtés de ceux qu'Il a comblés de Ses bienfaits et de Sa grâce » car contrairement au Prince et au dictateur sa disparition sera sans conséquences tragiques sur les survivants.
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