jeudi 11 juillet 2013

Coup d'Etat en Egypte



Le « printemps arabe » avait éclos en décembre, « l’hivers arabe » s’annonce en juillet.
Ce qui s’est passé au Caire est un hold-up à main armée.

Il y a un an à peine, le Président Morsi était élu à la majorité des suffrages exprimés après un scrutin incontesté. Bien sûr, les quarante pour cent de perdants n’étaient pas contents alors ils ont fomenté la sédition avec la bénédiction de la bienpensante communauté internationale.

On cherchera en vain dans l’actualité des témoignages d’indignation.
Les « démocrates » de tous poils s’accommodent de ce déni flagrant ; ils prétendent même que ce putsch a  sauvé  la démocratie !
Le principe universel « un homme une voix » ne s’applique pas aux mauresques. L’égalitarisme est le privilège des sociétés dominantes. Point. 
En tout autre lieu de la planète, le coup du Caire eut scandalisé les bonnes consciences  et rempli les avenues de Paris et Washington de manifestants outrés. Mais l’Egypte c’est l’Afrique ! Et puis, que compte l’opinion indignée d’un fellah face à un général de division qui ordonne le tir et à un Prix Nobel de la Paix qui applaudit ?  

Le Président Morsi flottait dans son costume, il dérangeait tout le monde, son emprisonnement ne gêne personne. Du haut de sa pyramide de soixante dix millions d’âmes, il se croyait au centre de l’univers. L’élu d’Oum Dounia s’imaginait invincible, il avait fait l’impasse sur le patronage des grands, il n’a pas vu le vent tourner. Il a été balayé au coup de sifflet d’un gratte-parchemin du département d’Etat washingtonien.
Les événements se sont enchaîné. En quelques semaines l’affaire était pliée : révocations à la Défense en Arabie, avertissements populaires en Turquie, destitution au Qatar, putsch en Egypte. Seul couac au scénario du feuilleton: le Général Ammar qui par sa démission préventive a probablement épargné le sang de la petite Tunisie, désormais ultime et fragile espoir d’une modèle pour le siècle.

Pourtant, au Caire il y a quatre ans jour pour jour,  le Président des USA dans un discours retentissant ouvrait en grand la porte du suffrage universel aux islamistes.
Il vient aujourd’hui de la claquer fermement.
Pour légitimer l’injustifiable soutien aux putschistes, Barack Obama a fait une déclaration alambiquée sur le thème «  la démocratie, ce n’est pas seulement un processus électoral… » avant d’énumérer la liste des comportements exigibles pour l’obtention du label universel de vertu politique. Puis, ses ambassadeurs ont été chargés d’aller faire la leçon aux islamistes de tous poils de barbe.

A Tunis, Ghannouchi a reçu le plénipotentiaire américain sous le drapeau tunisien et la bannière d’Ennahdha. Ces symboles ostentatoires révèlent la consistance de l’entretien qui se tenait le premier jour du Ramadan et qu’aucun communiqué n’est venu détailler.
Quelques jours auparavant, François Hollande l’intelligent, avait préventivement pris le contre-pied d’Obama en proclamant dans un discours devant l’Assemblée constituante à Tunis : « l’Islam est compatible avec la démocratie ! » Le Président de la République française qui compte des millions de musulmans sur son sol parlait en connaissance de cause. Par cette petite phrase, son discours de Tunis restera une référence. Mais les Tunisiens sauront-ils profiter de ce retour d’influence et de cette brèche étroite dans la nouvelle doctrine arabe de Washington ?

Au Caire, les militaires vont désigner un gouvernement transitoire qui sera chargé d’organiser des élections truquées pour élire un dictateur présentable. Le petit peuple des mosquées va résister. Le Nil va saigner. L’Algérie a payé plus de cent cinquante mille morts sa guerre fratricide. Quel sera le prix pour l’Egypte et de la Cyrénaïque voisine ?
Le monde arabe entier semble écarter cette perspective. L’Arabie exulte, le Kuwait fait la fête, la Syrie applaudit. Les milliards de dollars affluent pour tenter de noyer le feu qui crépite.
Faux-cul, les capitales occidentales affichent leur « préoccupation ». L’Ouest emprunte à l’Est l’argument stalinien « pas de démocratie pour les ennemis de la démocratie » et se réjouit en douce du rétablissement de la sécurité militaire à Suez et à la frontière d’Israël.

Hélas, la paix risque d’être de courte durée tout comme le pari sur l’assoupissement du sentiment d’injustice car la pléthorique armée égyptienne, forte de cinq cent mille hommes et d’autant de réservistes pourrait bien se retourner contre ses généraux gavés de sucreries américaines.
Et l’on reviendra à la case départ !
On verra bien qui d’Obama ou de Hollande aura raison !

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