jeudi 18 juillet 2013

Ramadan et Fourest, sodomie et islamophobie



Tariq Ramadan et Caroline Fourest ont en commun le talent de faire parler d’eux. Ils adorent la polémique et le contre-pied. Les journalistes en mal d’idées et le public français en mal d’agitateurs d’idées les adulent ou les exècrent. Ce couple infernal de la controverse professionnelle me fascine à l’insomnie.

Le frère Tariq vient de proclamer à Dakar : « il faut tenir le discours de la responsabilité et éviter de juger » Tout le monde a applaudi.
Puis il a ajouté…. « Et ce n’est pas parce qu’on est homosexuel  qu’on n’est pas musulman ! »
La déclaration a fait l’effet d’une bombe à fragmentation.
L’auditoire est resté sans voix. Le référent de la pensée musulmane européenne venait de tenir ces propos en plein mois de ramadan. Alors dans l’immense salle, un beau jeune homme s’est levé pour crier « ramadan je t’aime ! ».
Il n’a pas été inquiété car il parlait du jeûne bien sur !

L’homosexualité masculine en Islam est un interdit absolu passible de la circoncision au sabre en place publique. Dans tous les pays à législation chariatique la sodomie est l’abomination suprême. Pour les intégristes de tous poils, la pédérastie doit être génocidée ; c’est pourquoi en terre d’Islam son apparence ou sa suspicion est marginalisée à coups de bastons. Chez les moustachus d’Algérie et de Turquie elle est totalement niée : « Ahh…chez nous y’a pas de pédés ! »
Pourtant,  si tout le monde le cache, nul n’ignore que les ouailles musulmanes comptent en proportion tout autant de « déviants » que les juifs, les coiffeurs et les joueurs de football ! (je connais un coiffeur juif qui joue au foot de fort belle manière). Il est même une petite monarchie pétrolière que les diplomates nomment ironiquement « la pédocratie », où la plupart des ministres sont passés par le lit du souverain et où dans les soirées festives on consomme à l’abri de paravents des petits garçons poudrés importés d’Asie.
En matière de tourisme sexuel, la notoriété de l’Egypte et de la Tunisie n’est plus à faire. Déjà, sous la colonisation on y trouvait des bordels unisexes de grande réputation.
Les Tunisiens sont hostiles à la tartufferie. Mon éloigné parent le célèbre et talentueux chanteur Ali Riahi, petit-fils du vénéré saint Sidi Brahim, se promenait maquillé et en tenue rose fuchsia sans jamais essuyer les quolibets des promeneurs de l’avenue Bourguiba. Au Caire, l’inamovible dernier ministre de la culture de Moubarak ignorait les insultes et les menaces des frères musulmans, il s’amusait en sortant accompagné d’une garde du corps à la poitrine dissuasive.

Tariq Ramadan en deux phrases a balayé quatorze siècles d’hypocrisie. Qu’il en soit remercié.

Caroline Fourest est homosexuelle ; enfin je crois car elle a une compagne sous son toit. (Mais ça ne veut rien dire ; j’ai moi-même partagé au temps des vaches maigres la litière d’infortune d’un camarade qu’aucune appétence réciproque n’est jamais venue égayer).
La pamphlétaire fait commerce d’idées comme d’autres vendent de la soupe en sachet ou du dentifrice. Elle pratique le marketing du faire valoir. Marine le Pen, Tariq Ramadan sont des bonnes enseignes pour écouler sa marchandise. Il faut reconnaître que le procédé est habile car au plan politique Fourest est (encore) une naine et au plan universitaire, sa notoriété ne dépasse pas (encore) le café de Flore. Mais c’est une ambitieuse qui occupera peut-être un jour la place de BHL ou de Tapie, ou bien les deux !
Son dernier combat est celui des Femen  dont les méthodes radicales interpellent et le discours sulfureux dérange. Qui est le marionnettiste des Femen ? On ne le saura probablement jamais. Afficher les attributs de son sexe, c’est grossier, insulter l’islam c’est vulgaire. Pour autant et en attendant de juger si la fin justifie les moyens, il convient de se demander si la cause des Femen est juste.
Assurément si l’on prend l’exemple de celle d’Amina, première innocente prisonnière politique du printemps arabe. Madame Caroline est monté au créneau avec son porte-voix. Amina monopolise son blog, ses tweets, sa parole sur Inter. Qui pourrait l’en blâmer?L’émancipation, l’égalité, la parité, autant de batailles incessantes à mener pour conserver ou gagner le droit de la femme à être l’égale de l’homme.

Par son action et son combat en ligne pour faire libérer Amina, il faut saluer  Fourest, même si on méprise le reste.

Si les intellectuels, grands ou modestes comme frère Tariq et dame Caroline se rejoignent dans la lucidité d’une lutte contre les intégrismes et les phobies sociales, alors l’utopie est à portée de nos indignations.
Louange au grand Alexandre Vialatte pour conclure:

« …et c’est ainsi qu’Allah est grand ! »

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