jeudi 5 novembre 2015

Macron


La biographie du nouvel ovni de la politique française qui sera publiée à la fin du mois par Marc Endeweld fera un tabac car les Français sont impatients de tout savoir sur le plus énigmatique ministre du gouvernement.
La vague de Macron-mania va déferler. On parlera de Macron sur Télématin et au Petit Journal, aux matinales des FM et dans les dîners en ville.
Pour s'y préparer sérieusement, voici quelques éléments

Ma-cron. Un nom, deux syllabes. En politique c'est important car on ne fait pas carrière avec un patronyme à rallonge. Il faut que ça claque comme Chi-rac, Gau-din, Ta-pie sous peine d'être raccourci comme Béré, Sarko, ou pire, carrément disqualifié comme Rebsamen. Dupont devrait raboter Aignan ou afficher son chiffre en majuscules comme VGE ou DSK. On ne fait pas campagne avec un nom à coucher dehors, Najat, ministre souriante à deux noms n'est qu'un prénom, Khomri devrait s'amputer de l'El.
Taubira seule, restera.
Le nom à deux tons façon pin-pon est plus Joly. Il est préférable au sifflet mono ton. Valls  sonne moins bien que Juppé ou Jospin. Il serait bien plus chantant précédé de l'adjectif « le » comme Le Pen, Le Drian, Lelouche. « Le » Valls ferait plus classieux, mais pas « La » qui serait une fausse note ; on se gausserait des pas de deux du Premier ministre à la une du Canard enchainé !

Revenons à Macron. Patron. Tiens, le mariage des deux noms se fait naturellement, quasi subliminalement. Merci Macron, merci patron. On a envie de le gratifier du sourire de reconnaissance des jours de paye. Car c'est un gentil au regard doux, il n'a pas l'allure d'un chef qui aboie mais d'un copain qui donne un coup de main.
Son patronyme se décline en toutes choses taquines : macron-maniaque, macron-phage, phile, phobe. Dans tous les genres macron-net, macron-nelle... Sur tous les continents depuis la macron-nésie jusqu'en Irlande chez les Mac Ron. Et aussi à toutes les sauces italiennes et flamandes que je vous laisse deviner.

Pourtant, il est incontestable que l'étymologie de Macron n'est pas comestible. À tort, certains prétendent qu'il est le diminutif de macaron ; allusion fantaisiste à la cocarde tricolore qui orne la voiture des ministres, ou référence au gâteau moelleux de beau papa. Non, Macron est un nom bien de chez nous qui vient du patois picard. Le « maqueron » c'est le menton. Rien à voir avec la ville des citrons. Il s'agit de l'appendice qui prolonge la machoire en bas du visage. Le maqueron ou macron peut être double ou triple, à fossette, saillant, pointu, en galoche, en avant, en retrait, volontaire ou fuyant, avec ou sans poils.

Selon les généalogistes la tribu des Macron compterait quelques milliers d'individus concentrés principalement dans le Nord de la France car ils n'aiment pas le soleil. Seuls quelques spécimens égarés auraient migré vers le Sud. Mais aucun n'a jamais tenté de faire souche en Corse, ni même en Aquitaine ou dans le Limousin. Cinq d'entre eux, pour des raisons obscures se seraient installés en Suisse. Une enquête est en cours.


Le Jules Verne de la finance naît en 1977 dans le diocèse d'Amiens, ville dont la sublime cathédrale illumine les mornes plaines de la Somme. Papa et maman sont médecins praticiens au CHU. Le jeune Manu (Emmanuel) poursuit une scolarité sereine dans un établissement catholique dont « le projet éducatif s'inscrit dans la pédagogie ignacienne (du jésuite Inigo de Loyola né en 1491)… pour y grandir et y bien vivre à son rythme ». C'est dans cette institution, « La Providence » qu'il tombera amoureux de Brigitte, son professeur de français dont il deviendra l'époux en 2007. En attendant et pour éviter le scandale façon Gabrielle Russier, le petit Macron est exfiltré vers Paris.
Bac scientifique en poche, par esprit de contradiction, il se tourne vers les lettres. Il échoue lamentablement au concours d'entrée à Normal Sup mais se rattrape avec un DEA de philosophie, Sciences Po et l'ENA.
Le voilà inspecteur des finances. Il est brillant en tout mais sans ostentation. Il aime Brigitte, mais aussi les enfants et les petits enfants de son épouse. Il joue avec talent du piano dans sa jolie villa du Touquet-Paris-Plage, le Saint-Tropez des Ch'tis.
À Paris, le charme discret de ce bourgeois de province séduit les chasseurs de talents. Les fondations américaines et françaises le courtisent. En 2002, Michel Rocard le prend sous son aile, il lui apprend les vertus de l'entrisme, les deux talents se complètent et s'apprécient. Avec cinquante ans de moins Macron aurait-il rejoint le PSU ? C'est probable car il s'encarte et fréquente l'aile droite du PS. Jacques Attali, un autre virtuose, le guide dans les arcanes de la politique parisienne.
Pendant les années Sarkozy, Macron est banquier chez Rothschild. Il fusionne et acquière à tout va. Fortune faite, il réintègre Bercy. Hollande lui offre un strapontin de cabinet à l'Elysée avant de le nommer Ministre de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique. En 2014, il devient le treizième sur la liste des super héros qui depuis quatorze ans se sont succédé dans la fonction avec le succès que l'on sait : Montebourg, Sapin, Moscovici, Baroin, Lagarde, Borloo, Breton, Gaymard, Sarkozy, Mer, Fabius, Sautter.

Emmanuel Macron porte les ambitions d'une nouvelle génération, il est le chef de file d'une bande influente, ses amis de promo tiennent tous le haut du pavé à l'Hôtel de ville de Paris comme à l'Elysée. Pour ces quadragénaires sans mandat ni expérience du terrain, la politique c'est uniquement de la communication. Le parti ne sert qu'à promouvoir les incompétents. À cette condescendance répond le mépris des socialistes comme Martine Aubry «  Macron ?... Comment vous dire... Ras-le-bol ! Voilà ! »

La campagne Macron-médiatique qui s'annonce sera déterminante pour valider la stratégie politique des années à venir au sein d'un mouvement aspiré par son aile droite.

Si les barons parviennent à écarter Macron, il retournera à la banque où il attendra son heure. Mais son ascension foudroyante réserve encore des surprises car en cachette, l'homme rêve d'un mandat électoral. Bien malin qui pourra prédire le destin du plus craquant ministre du moment.

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