La
biographie du nouvel ovni de la politique française qui sera
publiée
à la
fin du mois par Marc Endeweld fera un tabac car
les Français
sont impatients de tout savoir sur le plus énigmatique ministre du
gouvernement.
La
vague de Macron-mania va déferler. On parlera de Macron sur
Télématin et au Petit Journal, aux matinales des FM et dans les
dîners
en ville.
Pour
s'y préparer sérieusement, voici quelques éléments
Ma-cron.
Un nom, deux syllabes. En politique c'est important car on ne fait
pas carrière avec un patronyme à rallonge. Il faut que ça claque
comme Chi-rac, Gau-din, Ta-pie sous peine d'être raccourci comme
Béré, Sarko, ou pire, carrément disqualifié comme Rebsamen.
Dupont devrait raboter Aignan ou afficher son chiffre en majuscules
comme VGE ou DSK. On ne fait pas campagne avec un nom à coucher
dehors, Najat, ministre souriante à deux noms n'est qu'un prénom,
Khomri devrait s'amputer de l'El.
Taubira
seule, restera.
Le
nom à deux tons façon pin-pon est plus Joly. Il est préférable au
sifflet mono ton. Valls sonne moins bien que Juppé ou Jospin.
Il serait bien plus chantant précédé de l'adjectif « le »
comme Le Pen, Le Drian, Lelouche. « Le » Valls ferait
plus classieux, mais pas « La » qui serait une fausse
note ; on se gausserait des pas de deux du Premier ministre à
la une
du Canard
enchainé !
Revenons
à Macron. Patron. Tiens, le mariage des deux noms se fait
naturellement, quasi subliminalement. Merci Macron, merci patron. On
a envie de le gratifier du sourire de reconnaissance des jours de
paye. Car c'est un gentil au regard doux, il n'a pas l'allure d'un
chef qui
aboie mais d'un copain qui donne un coup de main.
Son
patronyme se décline en toutes choses taquines :
macron-maniaque, macron-phage, phile,
phobe.
Dans tous les genres macron-net, macron-nelle...
Sur tous les continents depuis la macron-nésie jusqu'en Irlande chez
les Mac Ron. Et aussi à toutes les sauces italiennes et flamandes
que je vous laisse deviner.
Pourtant,
il est incontestable que l'étymologie de Macron n'est pas
comestible. À tort,
certains prétendent qu'il est le diminutif de macaron ;
allusion fantaisiste à la cocarde tricolore qui orne la voiture des
ministres, ou référence au gâteau moelleux de beau papa. Non,
Macron est un nom bien de chez nous qui vient du patois
picard.
Le « maqueron » c'est le menton. Rien à voir avec
la ville des citrons.
Il
s'agit de l'appendice qui prolonge la machoire en bas du visage. Le
maqueron ou macron peut être double ou triple, à fossette,
saillant, pointu, en galoche, en avant, en retrait, volontaire ou
fuyant, avec ou sans poils.
Selon
les généalogistes la tribu des Macron compterait quelques milliers
d'individus concentrés principalement dans le Nord de la France car
ils n'aiment pas le soleil. Seuls quelques spécimens égarés
auraient migré vers le Sud. Mais aucun n'a jamais tenté de faire
souche en Corse, ni même en Aquitaine ou dans le Limousin. Cinq
d'entre eux, pour des raisons obscures se seraient installés en
Suisse. Une enquête est en cours.
Le
Jules Verne de la finance naît en 1977 dans le diocèse d'Amiens,
ville dont la sublime cathédrale illumine les mornes plaines de la
Somme. Papa et maman sont médecins praticiens au CHU. Le jeune Manu
(Emmanuel) poursuit une scolarité sereine dans un établissement
catholique dont « le
projet éducatif s'inscrit dans la pédagogie ignacienne (du
jésuite Inigo de Loyola né en 1491)…
pour y grandir et y bien vivre à son rythme ».
C'est dans cette institution, « La
Providence »
qu'il tombera amoureux de Brigitte, son professeur de français dont
il deviendra l'époux en 2007. En attendant et pour éviter le
scandale façon Gabrielle Russier, le petit Macron est exfiltré vers
Paris.
Bac
scientifique en poche, par esprit de contradiction, il se tourne vers
les lettres. Il échoue lamentablement au concours d'entrée à
Normal Sup mais se rattrape avec un DEA de philosophie, Sciences Po
et l'ENA.
Le
voilà inspecteur des finances. Il est brillant en tout mais sans
ostentation. Il aime Brigitte, mais aussi les enfants et les petits
enfants de son épouse. Il joue avec talent du piano dans sa jolie
villa du Touquet-Paris-Plage, le Saint-Tropez des Ch'tis.
À
Paris, le charme discret de ce bourgeois de province séduit les
chasseurs de talents. Les fondations américaines et françaises le
courtisent. En 2002, Michel Rocard le prend sous son aile, il lui
apprend les vertus de l'entrisme, les deux talents se complètent et
s'apprécient. Avec cinquante ans de moins Macron aurait-il rejoint
le PSU ? C'est probable car il s'encarte et fréquente l'aile
droite du PS. Jacques Attali, un autre virtuose, le guide dans les
arcanes de la politique parisienne.
Pendant
les années Sarkozy, Macron est banquier chez Rothschild. Il fusionne
et acquière à tout va. Fortune faite, il réintègre Bercy.
Hollande lui offre un strapontin de cabinet à l'Elysée avant de le
nommer Ministre de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique. En
2014, il devient le treizième sur la liste des super héros qui
depuis quatorze ans se sont succédé dans la fonction avec le succès
que l'on sait : Montebourg, Sapin, Moscovici, Baroin, Lagarde,
Borloo, Breton, Gaymard, Sarkozy, Mer, Fabius, Sautter.
Emmanuel
Macron porte les ambitions d'une nouvelle génération, il est le
chef de file d'une bande influente, ses amis de promo tiennent tous
le haut du pavé à l'Hôtel de ville de Paris comme à l'Elysée.
Pour ces quadragénaires sans mandat ni expérience du terrain, la
politique c'est uniquement de la communication. Le parti ne sert qu'à
promouvoir les incompétents. À cette condescendance répond le
mépris des socialistes comme Martine Aubry « Macron ?...
Comment vous dire... Ras-le-bol ! Voilà ! »
La
campagne Macron-médiatique qui
s'annonce
sera déterminante pour valider la stratégie politique des années à
venir au sein d'un mouvement aspiré par son aile droite.
Si
les barons parviennent à écarter Macron, il retournera à la banque
où il attendra son heure. Mais son ascension foudroyante réserve
encore des surprises
car en cachette, l'homme rêve d'un mandat électoral.
Bien malin qui pourra prédire le destin du plus craquant ministre du
moment.
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