Michel
Onfray n'est pas sympathique. Il ne sourit jamais. Ce philosophe de
profession est un oisif qui travaille du ciboulot. Il réfléchit la
pensée des autres lesquels forcément se sentent interpellés.
Il
y a deux mois, il a déclaré prémonitoire :
« Nous devrions, nous la France, cesser de bombarder les
populations musulmanes sur la totalité de la planète." À
l'époque, personne n'avait relevé le propos hors de propos .
Mais
voici qu'au milieu de tout ce bataclan d'idées ensanglantées, il
vient de commettre l'erreur de rappeler inopportunément qu'il avait
déjà donné son opinion et que le
13/11 n'était que retour de bâton. Dae'ch a twitté. Les réseaux
ont disjoncté. Tempête dans un verre d'eau. Les barons des médias
se sont unanimement indigné sous les encouragements de l'audimat.
Exit
Onfray qui a juré de se taire. Il fredonne entre les dents la
chanson de Béart « le premier qui dit la vérité sera
exécuté ! »
Dans
la France en guerre, le débat sur l'islam n'est possible qu'entre
gens du même camp. C'est évident. Intelligent comme il est, il
aurait pu le comprendre.
En
attendant l'occasion d'aller à l'étranger lire sous le manteau le
prochain bouquin du philosophe de Caen, j'ai chipé la dernière
bande dessinée d'Astérix chez Auchan. En cette période de parano,
il est important de penser à se distraire sainement tout en
consommant médiocrement.
Pour
joindre l'utile à l'agréable, j'ai posé l'album ouvert à l'avant
du caddy sur le siège bébé, ainsi je peux lire tranquillement tout
en faisant mes courses.
Hélas,
le diable subliminal se cache dans les détails. « Le papyrus
de César » d'Astérix le Gaulois est une allégorie
capillotractée de la situation internationale du moment.
Jugez
plutôt :
Le
papyrus ou papier Russe serait le 24 ème chapitre des
« Commentaires sur la guerre des Gaules » Mais Jules
César, auteur présumé de l'oeuvre indigeste, ressemble sur le
dessin au Calife Al Baghdadi de Syrakie qu'on aurait fraichement rasé
et coiffé d'une couronne de lauriers. Le décryptage en miroir des
autres planches de la BD éclaire l'évidence : Rome c'est
Dae'ch, les Gaulois c'est nous. Je poursuis mes emplettes et ma lecture ( penser
au dentifrice et au shampoing)
Un
jour, Promoplus, le démoniaque dircom lèche-savates à la cour de
Rome (aka-Rakka), propose à César (alias-Calife) d'amender son
autobiographie en supprimant de l'ouvrage en cours d'édition le
fameux passage qui relate le triste épisode de sa défaite.
S'agit-il du 2427 ème hadith transcrit par Mohamed El Boukhari à
Samarcande en l'an 866 ? L'analogie est troublante (où
sont les biscottes où est la Ricoré ?...)
Continuons.
Un lanceur d'alerte cybermilitant ; Julian Assange grimé en
numide « laisse fuiter » (c'est
drôle)
l'unique document rescapé de l'autodafé. Ce papyrus d'une
importance capitale échappe pourtant à Résowifix, une feignasse de
Gaulois qui passe son temps à consulter l'horoscope d'Appolosix sur
sa tablette au lieu de suivre les infos.
Dès
la
page six, (lessive éponge et serpillière)
nous sommes plongés dans
une allégorie allusive qui nous entraine, non pas dans la Normandie
chère à Michel Onfray, - quoique l'architecture des maisons à
colombages du village d'Astérix prête à confusion - mais dans la
capitale armoricaine
des mangeurs de sangliers où après moult péripéties, arrive un
audacieux journaliste qui révèle le scandale.
Doublepolémix
est un saisissant clone d'Edwy Plenel émoustaché.
Comme
à l'accoutumé, nos héros Astérix et Obélix se jouent de tous les
traquenards et grâce aux rincettes de potion magique ils mettent en
déroute les cohortes de jihadistes (rayon
boissons)
Mais
bien plus que le déroulé du scénario c'est le casting qui retient
l'attention. Ainsi, on s'interroge sur la fonction tribunitienne des
pigeons voyageurs dont la mission de communication est
perpétuellement mise en échec. Contre-mesures électroniques
? Brouilleurs de radars ? Cyber-guerre ?
Information/contre-information ? Dans les non-dit de cet
épisode, il y a beaucoup d'aveux (penser
à appeler Baudrillard)
L'ambiguité
flagrante apparaît bien
davantage
dans le rôle des autres bêtes : minimaliste pour le nano-chien
Idéfix, essentiel pour l'aigle, l'écureuil et l'ours. Comment ne
pas déceler dans ces créatures innocentes la représentation
animalisée des machines de guerre : avion de chasse, drones,
blindés ? (ne
pas oublier le lait bio, la botte de poireaux et le paquet de
tapioca)
Tandis
que nos héros tenus à l'écart rigolent d'insouciance, les druides
confèrent secrètement. Ce sommet où siègent les grands amis de la
Gaule : Panoramix, Gasdechix, Archéoptérix, Parassismix,
Panélectrix...est une sorte de conclave mystérieux, assemblée
pastiche de la Cop 21.
Loin
de tout esprit complotiste, tant de coïncidences confortent mon
intime conviction.
Au
détour de la page 38 (et
du rayon bricolage),
le Chef Abraracourcix, sur injonction comminatoire de son épouse
Bonemine, déclenche « LA PROCÉDURE D'URGENCE ». C'est
écrit noir sur blanc en toutes lettres majuscules, dans une énorme
bulle ! Mektoub.
C'est
la preuve incontestablement.
Par
Toutatis, Uderzo/Ferri/Conrad sont fortiches, sans doute inspirés
par Goscinny le très haut! (tiens,
la crème de marron est en réclame)
Devant
la menace imminente, le barde Assurrancetourix souffle dans un
gigantesque instrument : le Beuglophon. Un long-deux-courts,
c'est le signal de la mobilisation. (un
paquet suspect oublié dans une allée a déclenché l'alarme. Il
faut évacuer la zone alimentation)
C'est
Roland sonnant l'olifant, c'est Roncevaux à Auchan. Les secours
accourent.
Voici,
enfin venu l'armistice (il
y a de l'attente aux caisses)
Dans le village d'Allégorix tous les Gaulois sont joyeusement
rassemblés autour de la table de banquet. Entre deux bâfrées de
sanglier Obélix prononce sentencieusement la morale de l'histoire :
« ... il ne faut pas croire tout ce qu'on écrit ! »
(fermons
les parenthèses)
FIN.
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