Bouleversante nouvelle de Tunisie : citoyens et citoyennes sont égaux en droit sans discrimination. C'est gravé dans la constitution.
C'est enfin la Révolution !
Cette victoire magnifique n'est pas celle des séculiers sur les religieux, c'est celle de toutes les musulmanes tunisiennes, c'est l'aboutissement du long combat opiniâtre de grand-mères, mères, sœurs, épousées et filles.
Lorsque
la Tunisie obtient son indépendance au milieu du siècle dernier, la
femme est encore esclave : achetée, vendue, répudiée,
enfermée, martyrisée...
Le
bien mal nommé Protectorat français n'a jamais protégé les
« Fatma ». Les rares féministes parisiennes qui
s'aventurèrent dans cette partie de l'Union Française ont rapporté
des témoignages ahurissants comme celui des pensionnats où étaient
enfermées les épouses sur simple injonction du mari. La Régence
s'en accommodait.
Les
vieux se souviennent de scènes de la vie quotidienne :
lorsqu'un homme s'annonçait en frappant au heurtoir de la porte
familiale, Lella tapait dans ses mains pour signaler sa présence
dans la maison, « je viens voir notre Sidi ! » criait le
visiteur « clap-clap... » répondait Lella pour signifier
l'absence du maître. Et l'homme s'éloignait.
Si
Tahar, médecin de famille, diplômé de Toulouse racontait en
s'esclaffant que son épouse, dans un moment d'égarement, avait un
jour proclamé sa folle intention de sortir sans son safsari (voile).
Dans ce cas répliqua le docteur, « c'est moi qui le
porterais pour cacher ma honte ! » On en resta la.
Dés
1956 Bourguiba entreprend son oeuvre colossale d'émancipation. Plus
de trente années de politique des petits pas avec obstination et
constance. A Monastir, sur son tombeau, il fit graver cet épitaphe :
« Çi-git Bourguiba, libérateur de la femme tunisienne ».
Les historiens diront la part de gloire qui lui revient et celle des
innombrables oubliées dont l'équité voudrait que leurs noms soient
gravés au « Panthéon des Grandes Femmes ». Car même si le
pouvoir de Carthage, marqué par le mythe de Didon a toujours été
sous l'influence des mères, épouses et concubines, il s'est levé
au fil des ans un souffle de liberté chez les Tunisiennes que rien
ne pourra retenir car il est porté par des militantes que le peuple
unanime des femmes défend becs et ongles.
Cette
victoire – il faut être équitable -, est aussi celle des 155
hommes qui composent l'Assemblée Nationale Constituante car ils se
sont en masse ralliés à la cause de leurs 62 collègues femmes.
Ce
vote doit aussi être salué comme la première étape d'une
révolution inespérée de la doctrine islamiste du parti Ennahdha
qui apparaît désormais comme l'admirable parangon des partis
musulmans du monde car ses 90 députés ont largement voté
l'égalité. Cela n'est pas rien.
Dans
la plupart des capitales arabes qui sont gouvernées par
d'innommables misogynes l'événement a été censuré. Au Vatican
musulman, le séisme a fait frémir d'horreur les docteurs de la foi
intégriste qui redoutent toutes formes de déviance satanique. A
Riyad, il est commenté avec frayeur car l'union de raison entre des
femmes démocrates et les islamistes républicaines en Tunisie
coïncide avec l'émergence du mouvement des moujahidiya dans la
péninsule.
Jusqu'à
l'invasion de l'Irak le jihad était exclusivement masculin. Le rôle
des femmes se limitait aux taches de soutiens subalternes :
cuisine, lessive, sexe. Puis Zerkaoui a appelé les sœurs à
s'inscrire au martyrologe musulman des kamikazes. Ceci a engendré
une abondante polémique de fatwa et de contre fatwa pour dire si la
femelle avait droit au port d'armes. Les rigoristes prétendaient que
la guerre Sainte ne pouvait être conduite par des créatures
supplétives dénuées d'âmes, les modernistes admettaient que le
jihad au féminin n'était pas un devoir sacré mais une faculté
discrétionnaire... Les sœurs se sont engouffrées dans la brèche.
Selon
le quotidien Asharq Al-Awsat, Nada Ma'id Al-Qahtani « Soeur
Julaybib » dont la gloire est magnifiée sur les réseaux
sociaux de la péninsule arabe, commanderait aux côtés de son frère
une unité de combattants en Syrie. Une autre Saoudienne, Haylah
Al-Qassir, « Lady Al Qaïda » ne serait pas une simple
aide ménagère mais une dirigeante de haut rang de la nébuleuse
internationale.
Al
Qaïda au féminin, c'est aussi la Révolution !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire