Vers
l'Arabie compliquée, François Hollande s'en est allé avec une idée
simple : engranger la récompense de son allégeance. Au terme
de vingt quatre heures passées
à
Riyad, il rentre bredouille avec l'amer sentiment de s'être fait
rouler dans la farine.
Cette
visite officielle, scrupuleusement encadrée par des attachés de
presse dévoués, laissera la trace de non dits révélateurs de la
légèreté française.
La
première exclusion sémantique de ce voyage est l'islam.
Il est
extraordinaire que le chef de l'Etat français ait omis toute
référence à la vocation religieuse du Royaume wahhabite
d'accueillir -au moins une fois dans la vie- un milliard et demi de
pèlerins. Plus regrettable, dans aucun de ses discours il n'a mentionné la communauté
musulmane de France pourtant la première en nombre des pays
occidentaux.
Quel
contraste avec sa visite en Israël où il y a un mois il déclarait :
« ...la France sait ce qu'elle doit aux juifs de France, en
matière scientifique, culturelle, intellectuelle, économique. » Passons.
Le
Président du pays de la déclaration des droits de l'homme n'a pas
davantage
évoqué l'orgueil oublié de la France. Il a complaisamment accepté
la danse du sabre. L'Arabie a décidément les moyens de faire taire
les bonnes consciences.
En
Orient l'absence de mots
a un sens.
Francois
Hollande a doctement évoqué l'Iran, l'Egypte, la Syrie, le Liban
donnant l'impression que son bref
aparté avec le roi dominait l'Europe et la piétaille du G20. Pas
une fois il n'a parlé des Etats Unis ou de son Président. Pire, la
diplomatie française a crânement fait savoir qu'elle allait
profiter des opportunités offertes par le refroidissement passager
des relations entre Washington et Riyad.
Certes,
les deux capitales se boudent. Mais c'est une querelle entre
deux familles consanguines. Sans l'assistance américaine, la poignée
de millions de saoudiens retourneraient vite au désert. Tous les
secteurs vitaux du pays sont dominés par les experts et les
consultants US : pétrole, eau, armée, police, transports
aériens, communications...La quasi totalité des élites est formée
dans des universités américaines. Bref, il n'existe aucune
alternative crédible à l'hégémonie US en Arabie.
L'entrisme de Hollande était d'avance voué à l'échec
dès
lors qu'il avait ignoré le portier. L'impression qui domine est qu'à Riyad, le Président grenouille a voulu se faire plus grosse que le
bœuf.
Conséquences :
les frégates et les sous-marins tombent à l'eau. Plusieurs
méga-contrats sont différés. Même le milliardaire marché de
missiles sol-air paraphé il y a trois mois est remis à plat. Alors,
le Président s'est consolé en allant agrafer la Légion d'honneur à
un homme d'affaires saoudien qui a eu la riche idée d'aller le mois
dernier sauver les poulets Doux d'une faillite bretonne certaine.
A
croire que le Quai d'Orsay n'a pas échographié correctement les
arcanes de la monarchie saoudienne et qu'il a sous estimé
l'autonomie du puissant ministère de la défense, le MODA qui
échappe depuis toujours au clan du très vieux roi.
Pourtant, la visite de François Hollande a révélé que le pouvoir des Saoud
n'était ni vacant ni déliquescent. En coulisse une subtile partie
de mistigri s'est jouée à ses dépens. Ainsi, le Français s'est vu
offrir un formidable cadeau empoisonné : Abdallah d'Arabie lui a
donné trois milliards en bons d'achats d'armement à livrer au
Liban ! C'est extravagant. Le Président du Liban en est tombé
de l'armoire. Au même moment, les intermédiaires de toutes
obédiences sautaient de joie !
Décryptage :
incapable d'imposer des acquisitions à son propre Royaume, le
souverain habilement inspiré a décidé en contrepartie de puiser
dans sa cassette une somme équivalente, offrant à Hollande d'aller
les dépenser en armement au Liban.
Cette
magistrale embrouille va désigner la France comme premier
fournisseur d'huile sur le feu au Levant. Paris est piégé, l'Europe
et la communauté internationale vont se faire un malin plaisir de
l'empêtrer davantage.
L'année diplomatique 2014 s'annonce
périlleuse. A
moins que Hollande s'en aille très vite vers d'autres capitales
demander l'indulgence pour avoir si maladroitement piétiné les
plates bandes des grands.
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