mardi 17 mars 2009

La page est tournée

Aujourd’hui c’est le printemps ! Enfin presque, le temps est en avance, il fait beau soleil. Ce matin, la petite maman blonde d’habitude si triste au retour de l’école était rayonnante, toutes dents dehors. Le beau cantonnier qui la baratine chaque jour d’un mot gentil a fini par la faire craquer.

Y’a de l’idylle dans l’air, peut-être le début d’un beau roman !

Je vais au salon du livre avec mon fils ainé qui a fini de colorier le sien. (Ne te vexe pas ! c’est juste pour faire un mot ! ndlr). Curieuse ambiance de crise. Je ne retrouve pas mes petits éditeurs de province.
L’éducation nationale trône sur un énorme stand, la bibliothèque nationale aussi, la documentation française pareillement, le musée Pompidou, le musée d’histoire naturel… Impression bizarre, comme si l’Etat avait nationalisé l’édition. Coté secteur privé concurrentiel: des jeunes se bousculent devant les étales de mangas, ces incomestibles bande dessinées japonaises imbitables pour les plus de 16 ans. La queue aussi devant les marchands de sandwichs. Paul Boulanger - ce n’est pas un auteur mais un marchand de quignons de pains - fait des affaires en débitant le Paris-beurre au prix du livre de poche!

Une rencontre : Jala est venue des îles pour me dédicacer une nouvelle aventure dans « la case aux bwabwa », une petit livre multicolore écrit en créole. On cause du temps « Là ka fé fret, nou ka brè ponch-o-lé » me dit-elle, mais je ne comprends pas le créole Martinique ! La belle Jeannine Lafontaine me traduit en créole Gwadalup « Si ka fé fwet, nou ka bwé tibren ponch o lé ! » Ha ! Je comprends mieux : « si on a froid, on boit du punch au lait ! » - « Avec le lélé ? » On rit. La tronche - avinée par le Kalva o lèlè - de mes copains du Perche lorsque je vais leur resservir l’expression, je ne vous dis pas !

Je rends visite à Daniel un complice du temps jadis, ancien sportif de haut niveau, que j’ai affronté en demi-finale des jeux de Brion dans le Puys de Dôme en 89. Il m’avait alors battu à plat de couture dans la redoutable épreuve de dépendeur d’andouilles. Il s’est reconverti avec succès dans les chiffres et les lettres. Il me présente la réédition de « Mirage » de Slimane Bamer un ouvrage magnifique, illustré par Etienne Dinet, imprimé sur Vélin de Rives 100% coton dans un écrin de pleine peau précieuse. Quelques milliers d’euros l’exemplaire. Une valeur sûre pour traverser la crise à l’abri de la stagflation. Je me promets d’en parler à mon conseiller financier de la banque postale.

A la librairie portugaise et brésilienne je réclame un siège, on me propose aussi à boire et à manger. « Pourquoi êtes-vous si aimable ? » - « Mais parce que l’hospitalité est dans nos traditions ! » Me répond le libraire. Je grignote un canapé de bacalhau sur un canapé de velours avant de reprendre ma tournée.

Philippe Garand me crayonne une poule sur son album « le petit œuf » (un Titeuf qui couve). Les enfants seront contents Je m’en vais bavarder avec Serge Diantantu. Il me dessine à l’encre de Chine une beauté congolaise sur la page de garde de « Femme noire je te salue ». Je le salue aussi et m’en retourne chez moi.

Au centre ville un amas de pauvres meubles attend la benne sur le trottoir. Un grand échalas mal rasé, le cheveu gras, tourne autour, un gobelet à la main. Sa compagne presque jolie, fume paisiblement en finissant une conversation avec un adolescent qui se détourne subitement : « Pierre ? Pierre écoute ? Pierre écoute moi ? » A-t-il seulement entendu l’appel ?

Pierre s’éloigne un livre à la main.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Joli petit bout de douce France! Le salon du livre par procuration,un vrai plaisir,car il n'y a pas de salon du livre dans mon coin du Pacifique Nord-Ouest américain. Ici ma librairie favorite a fermé il y q plus d'un an déjà. Il nous reste une toute petite librairie dans ma toute petite ville, qui sert aussi du café. Signe des temps aussi, beaucoup de commerces ont fermé boutique, laissant une pancarte "for lease" ou "for sale". A telle enseigne qu'une chaine de TV locale a fait un reportage sur La Conner, "ghost town" selon eux.
Seus survivent le pub, la station service, quelques restos, et les boutiques pour touristes. La saison des tulips approchent, bientôt les hordes venues de Seattle ou de Vancouver,BC viendront visiter la charmante petite ville, y acheter des glaces et des tulipes, ais peu achètent des livres...

Anonyme a dit…
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Anonyme a dit…

Deux commentaires d'un seul coup ! C'est la gloire. Alors je participe. Ce "billet" suscite-t-il des commentaires parce qu'il est plus compréhensible que le précédent ? Je ne sais pas mais ça doit aider... En tout cas les commentaires sont passionnants et je vais faire un tours chez Riverspirit. Par contre, je sais que si je vais voir aagyrriou sans toi, tu vas pas aimer, mais une admiratrice de ton roman (bien avant que tu ne trouves le titre) c'est RARE, très RARE. Continue, tous ces billets ne feront pas un roman mais peut-être une chronique...

Anonyme a dit…

j'ai peut etre fini mon bouquin mais mon album d'autocollants de foot est pas terminé...je suis charette .