A titre provisoire sans doute, la guerre
traditionnelle entre deux nations est passée de mode. On cherchera en vain dans
la période récente un exemple de conflit ouvert entre deux pays qui
s’affrontent avec toute la puissance de leurs forces.
La dernière fut celle
de l’invasion du Liban par Israël en 2006.
Quoique… Officiellement, aucune de ces
deux nations n’a jamais pris la peine de se déclarer la guerre et à la fin des
hostilités, l’armée libanaise n’avait toujours pas été mise en état
d’alerte ! Nous y reviendrons.
Parmi les exemples de « non guerre », il
y a celle d’Irak qui continue d’opposer les mercenaires américains à des
partisans.
Dans la même typologie on peut ranger le désastreux
débarquement en Somalie, pays de misère extrême où la revente au marché noir de
l’équipement d’un GI permettait à une famille de survivre plusieurs années.
D’avoir compris que l’argent venait de la mer, les Somalis sont devenus
corsaires.
Que dire des absurdes expéditions afghanes dont il est bien difficile de mesurer les aboutissants.
L’Afghanistan exporte bon an mal an plus de sept mille tonnes de drogue. Cette
« arme de destruction massive » contribuerait par un singulier effet
boomerang au décès de deux cent mille toxicomanes dont la moitié sur le sol
américain.
Enfin, comment qualifier les raids en Libye pour
tuer un dictateur camé et au Mali pour traquer une poignée d’irréductibles
fanatiques manipulés.
La guerre frontale d’antan n’est plus.
On lui a substitué la lutte contre le terrorisme
international, doctrine exposée pour la première fois par Georges Bush père en
1972 auquel les Prix Nobel de la Paix oublient trop souvent de rendre hommage
car l’héritage de cette pensée unique reste 40 ans plus tard, la principale
justification des expéditions sanglantes.
Le terrorisme c’est selon le point de vue que l’on
adopte la méthode de chantage ou de résistance la plus efficace du faible
contre le fort.
Et inversement.
Pour l’Union Européenne il s’agit «
d’actes intentionnels qui peuvent nuire gravement à un pays ou à une
organisation… » Mais chaque Etat possède sa propre définition, dont
l’interprétation évolue au gré des circonstances. Ainsi la dernière
« fatwa » du Département d’Etat US cible une quarantaine
d’organisations à travers le monde.
Pour le GRIP qui dans un dossier reprend les
chiffres de la Rand Corporation « il existe un fossé entre
la perception du terrorisme international et la réalité ». L’étude
distingue d’une part le « terrorisme
international » qui exporte sa violence sur les sols étrangers et
d’autre part, le « terrorisme national » qui recense les actions de
nationaux contre des cibles domestiques. Selon ces critères, le terrorisme
international est en moyenne responsable de 500 morts par an, avec
un pic de 3500 en 200. Sur la même période analysée le terrorisme national a
fait plusieurs millions de victimes. Dans cette énumération macabre
« le terrorisme d’Etat » porteur d’uniformes n’est pas recensé.
Comparaison n’est pas raison. Il y a morts et
morts.
Comment comparer les morts de New-York avec ceux de
Gaza ? Comment comparer l’assassinat du Préfet Erignac en Corse, de
l’avocat Belaïd en Tunisie ou des écoliers de Toulouse avec les quelques
millions de massacrés au Rwanda ou au Congo ? Il ne faut pas confondre fait
divers et tuerie de masse. L’émotion n’est pas la même ! L’indifférence
n’est pas comptable.
D’autant que la plupart des troupeaux sont égorgés
par leurs propres chiens de berger.
Ainsi va le monde islamique, surtout
dans sa partie arabe. Elle baigne dans le sang. La violence est en propagation
constante. Spirale génocidaire et fratricide. Car victimes et
bourreaux sont pareillement musulmans. Algérie, Irak, Soudan, Yémen, Libye,
Syrie…à ces niveaux de tueries s’agit-il de guerres civiles, de révolutions
permanentes, de manipulations coloniales…C’est un autre débat.
Curieusement, alors que le Mohamétisme
anthropophage prolifère, l’hystérie sécuritaire islamophobe gagne les Européens
pourtant nullement menacés.
Ils sont encouragés par la propagande de l’Etat hébreu qui échafaude des théories abracadabrantesques propres
à réveiller la mauvaise conscience du vieux continent. Il feint d’ignorer la
complicité des pétro-monarques et l’incapacité des armées arabes à combattre
sans l’assistance technique de leurs fournisseurs euro-américains.
L’exception africaine était la Libye ; elle
est anéantie. L’exception orientale était la Syrie ; elle s’auto-massacre.
Reste l’Iran lointain dont l’histoire ne révèle aucune agression extérieure et
qu’un chapelet de bases militaires américaines encercle.
Israël, pour exister a besoin de se nourrir de la
peur. De celle qu’elle inspire aux autres, mais aussi de sa propre crainte
d’une nouvelle défaite comme celle du Liban en 2006.
Revenons aux épisodes marquants de cette guerre.
Le 12 juillet 2006, l’armée israélienne
lance une « offensive préventive » sur le Liban.
Officiellement, les bombardements aériens ne sont
pas dirigés contre les Libanais, mais contre les
« terroristes » d’un parti politique démocratiquement représenté au
Parlement : le Hezbollah.
L’offensive fera des milliers de victimes
« collatérales » dont il n’a pas été possible de distinguer les
opinions.
Les blindés lourds bardés de capteurs, d’obus et de
missiles sophistiqués s’élancent dans une conquête qu’ils pensent facile. Las,
en quelques heures, plus de cinquante forteresses rampantes sont mises hors de
combats par des fantassins libanais chaussés d’espadrilles. Le char Merkava
équipé de son fameux système anti RPG achève lamentablement sa réputation d’invincible
cuirassé des sables.
Dans le ciel, un F16 est proprement abattu.
Le 14 juillet le vaisseau amiral de la flotte
israélienne se fait surprendre (dixit les autorités) par un missile
tiré depuis le rivage.
Mais le désastre de l’offensive Israélienne est
consommé lorsque le leader du Hezbollah commente en direct depuis la télévision
Al Manar (qui n’a jamais cessée d’émettre) l’attaque du navire de
guerre. Les beyrouthins se précipitent aux
balcons pour observer le naufrage à la jumelle.
Les généraux de Tsahal perdent leur arrogance et
commencent à douter de la sécurité de leur propre système de transmission.Ils
se demandent comment un parti politique conduit par un chef charismatique, a pu
mobiliser dans la résistance la majorité des Libanais et repousser l’armée israélienne forte de 2 600
chars, 370 avions, 200 hélicoptères, 70 navires. Certes, le
Hezbollah dispose de supports étrangers, mais ce n’est pas l’Amérique !
Elle n’a pas d’aviation, pas de marine, pas de blindés. Pire, dans les
casernes l’armée libanaise est restée l’arme au pied.
Dans les capitales alliées c’est la stupeur.
Heureusement les médias sont en vacances estivales et la propagande de Tel-Aviv
fait le reste. Inquiets, les Etats Unis proposent leur aide. Israël préfère
sonner la retraite et méditer secrètement la leçon.
C’était il y a bientôt sept ans.
Depuis cette défaite, l’Etat Hébreu craint les
Libanais
Shimon Perez aussi.
A l’époque il était vice-premier Ministre.
Aujourd’hui il est Président.
Le nonagénaire, Prix Nobel de la Paix est venu à
Paris et Bruxelles demander aux européens d’inscrire le Hezbollah sur la liste
des organisations…. terroristes
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