mercredi 15 mai 2013

Hezbollah, vous avez dit terroriste ?



A titre provisoire sans doute, la guerre traditionnelle entre deux nations est passée de mode. On cherchera en vain dans la période récente un exemple de conflit ouvert entre deux pays qui s’affrontent avec toute la puissance de leurs forces.
La dernière fut celle de l’invasion du Liban par Israël en 2006.
Quoique… Officiellement,  aucune de ces deux nations n’a jamais pris la peine de se déclarer la guerre et à la fin des hostilités, l’armée libanaise n’avait toujours pas été mise en état d’alerte ! Nous y reviendrons.

Parmi les exemples de « non guerre », il y a celle d’Irak qui continue d’opposer les mercenaires américains à des partisans.
Dans la même typologie on peut ranger le désastreux débarquement en Somalie, pays de misère extrême où la revente au marché noir de l’équipement d’un GI permettait à une famille de survivre plusieurs années. D’avoir compris que l’argent venait de la mer, les Somalis sont devenus corsaires.
Que dire des absurdes expéditions afghanes dont il est bien difficile de mesurer les aboutissants. L’Afghanistan exporte bon an mal an plus de sept mille tonnes de drogue. Cette « arme de destruction massive » contribuerait par un singulier effet boomerang au décès de deux cent mille toxicomanes dont la moitié sur le sol américain.
Enfin, comment qualifier les raids en Libye pour tuer un dictateur camé et au Mali pour traquer une poignée d’irréductibles fanatiques manipulés.

La guerre frontale d’antan n’est plus.
On lui a substitué la lutte contre le terrorisme international, doctrine exposée pour la première fois par Georges Bush père en 1972 auquel les Prix Nobel de la Paix oublient trop souvent de rendre hommage car l’héritage de cette pensée unique reste 40 ans plus tard, la principale justification des expéditions sanglantes.

Le terrorisme c’est selon le point de vue que l’on adopte la méthode de chantage ou de résistance la plus efficace du faible contre le fort.
Et inversement.

Pour l’Union Européenne  il s’agit « d’actes intentionnels qui peuvent nuire gravement à un pays ou à une organisation… » Mais chaque Etat possède sa propre définition, dont l’interprétation évolue au gré des circonstances. Ainsi la dernière « fatwa » du Département d’Etat US cible une quarantaine d’organisations à travers le monde.
Pour le GRIP qui dans un dossier reprend les chiffres de la  Rand Corporation « il existe un fossé entre la perception du terrorisme international et la réalité ». L’étude distingue d’une part le  « terrorisme international » qui exporte sa violence sur les sols étrangers et d’autre part, le « terrorisme national » qui recense les actions de nationaux contre des cibles domestiques. Selon ces critères, le terrorisme international est en moyenne responsable  de 500 morts par an, avec un pic de 3500 en 200. Sur la même période analysée le terrorisme national a fait plusieurs  millions de victimes. Dans cette énumération macabre « le terrorisme d’Etat » porteur d’uniformes n’est pas recensé.

Comparaison n’est pas raison. Il y a morts et morts.
Comment comparer les morts de New-York avec ceux de Gaza ? Comment comparer l’assassinat du Préfet Erignac en Corse, de l’avocat Belaïd en Tunisie ou des écoliers de Toulouse avec les quelques millions de massacrés au Rwanda ou au Congo ? Il ne faut pas confondre fait divers et tuerie de masse. L’émotion n’est pas la même ! L’indifférence n’est pas comptable.

D’autant que la plupart des troupeaux sont égorgés par leurs propres chiens de berger.
Ainsi va le monde islamique,  surtout dans sa partie arabe. Elle baigne dans le sang. La violence est en propagation constante. Spirale génocidaire  et fratricide. Car victimes et bourreaux sont pareillement musulmans. Algérie, Irak, Soudan, Yémen, Libye, Syrie…à ces niveaux de tueries s’agit-il de guerres civiles, de révolutions permanentes, de manipulations coloniales…C’est un autre débat.

Curieusement, alors que le Mohamétisme anthropophage prolifère, l’hystérie sécuritaire islamophobe gagne les Européens pourtant nullement menacés.
Ils sont encouragés par la propagande de l’Etat breu qui échafaude des théories abracadabrantesques propres à réveiller la mauvaise conscience du vieux continent. Il feint d’ignorer la complicité des pétro-monarques et l’incapacité des armées arabes à combattre sans l’assistance technique de leurs fournisseurs euro-américains.
L’exception africaine était la Libye ; elle est anéantie. L’exception orientale était la Syrie ; elle s’auto-massacre. Reste l’Iran lointain dont l’histoire ne révèle aucune agression extérieure et qu’un chapelet de bases militaires américaines encercle.
Israël, pour exister a besoin de se nourrir de la peur. De celle qu’elle inspire aux autres, mais aussi de sa propre crainte d’une nouvelle défaite comme celle du Liban en 2006.

Revenons aux épisodes marquants de cette guerre.
Le 12 juillet 2006, l’armée israélienne lance une « offensive préventive » sur le Liban.
Officiellement, les bombardements aériens ne sont pas dirigés contre les Libanais, mais contre les « terroristes » d’un parti politique démocratiquement représenté au Parlement : le Hezbollah.
L’offensive fera des milliers de victimes « collatérales » dont il n’a pas été possible de distinguer les opinions.
Les blindés lourds bardés de capteurs, d’obus et de missiles sophistiqués s’élancent dans une conquête qu’ils pensent facile. Las, en quelques heures, plus de cinquante forteresses rampantes sont mises hors de combats par des fantassins libanais chaussés d’espadrilles. Le char Merkava équipé de son fameux système anti RPG achève lamentablement sa réputation d’invincible cuirassé des sables.
Dans le ciel, un F16 est proprement abattu.
Le 14 juillet le vaisseau amiral de la flotte israélienne se fait surprendre (dixit les autorités)  par un missile tiré depuis le rivage.
Mais le désastre de l’offensive Israélienne est consommé lorsque le leader du Hezbollah commente en direct depuis la télévision Al Manar (qui n’a jamais cessée d’émettre)  l’attaque du navire de guerre. Les beyrouthins se précipitent aux balcons pour observer le naufrage à la jumelle.
Les généraux de Tsahal perdent leur arrogance et commencent à douter de la sécurité de leur propre système de transmission.Ils se demandent comment un parti politique conduit par un chef charismatique, a pu mobiliser dans la résistance la majorité des Libanais et repousser l’armée israélienne forte de 2 600 chars, 370 avions, 200 hélicoptères, 70 navires.  Certes, le Hezbollah dispose de supports étrangers, mais ce n’est pas l’Amérique ! Elle n’a pas d’aviation, pas de marine, pas de blindés. Pire, dans les casernes  l’armée libanaise est restée l’arme au pied.
Dans les capitales alliées c’est la stupeur. Heureusement les médias sont en vacances estivales et la propagande de Tel-Aviv fait le reste. Inquiets, les Etats Unis proposent leur aide. Israël préfère sonner la retraite et méditer secrètement la leçon.

C’était il y a bientôt sept ans.
Depuis cette défaite, l’Etat Hébreu craint les Libanais
Shimon Perez aussi.
A l’époque il était vice-premier Ministre. Aujourd’hui il est Président.
Le nonagénaire, Prix Nobel de la Paix est venu à Paris et Bruxelles demander aux européens d’inscrire le Hezbollah sur la liste des organisations…. terroristes

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