J’ai
parcouru un livre écrit par un nègre, corrigé par un bataillon de juristes et signé par un milliardaire dont la photo en
couverture ne mérite pas un sous-verre. L’homme pose bras croisés,
lèvres pincées, l’œil sévère, l’air satisfait de celui qui aime se contempler
dans la glace. Le célèbre « acheteur d’armements » est
conforme au casting des « Tontons Flingueurs ».
J’ai trouvé le bouquin dans ma boîte avec une dédicace me promettant la rétrocession
de 10% des droits d’auteur sur les ventes aux îles Marquises et à la Désirade
où ce blog est lu avec ferveur.
Monsieur Takieddine ne me connaît pas, je ne
l’ai jamais invité aux piscines parties de ma villa de Cannes ni aux
pince-fesses de ma résidence de Neuilly. Aucun lien de parenté, d’amitié, de
voisinage ne saurait nous rapprocher. Ce billet sera donc sans complaisance
sauf l’espoir d’avoir en retour quelques billets de reconnaissance !
« L’ami encombrant » est un livre
qui pose LA bonne question : « où sont passés les 230 millions d’euros versés par le Royaume
Saoudien à deux sociétés volantes non identifiées ? ». C’est le nœud de
l’affaire Sawari 2. Ecrit noir sur blanc mais à la dernière page du bouquin.
Les cent soixante précédentes sont à zapper. C’est un exercice d’auto-flagornerie et de
bavardage de salon. C’est sans intérêt. On attend la suite.
Si vous voulez en apprendre de belles sur les
turpitudes des marchands de canons, il suffit d’aller en boire un dans quelques
bistrots du 15ème ou de Saint-Cloud et de tendre
l’oreille.
Des pochtrons y racontent la légende d’une Altesse
saoudienne et d’un fringant Saint-Cyrien que l’admiration pour de Gaulle
rapprochait. Ils jurèrent que les descendants du grand Charles ne manqueraient
jamais de munitions pour gagner les élections. C’était il y a quarante ans, mais chez les arabes, la parole engage l’auteur et ses
descendants. L’affaire tourna rondement jusqu’à la prise accidentelle de
l’Elysée en 81 qui marqua une pause ; mais dès le retour de la droite, la
seconde génération des prétendants se disputèrent le fonds de commerce. Hélas,
comme dans toute succession juteuse, une kyrielle de demi-sels profitèrent de
la situation pour venir en piquer une pincée à la barbe des ayants
droits trop naïfs.
Monsieur Takieddine explique qu’il n’est pas un
intermédiaire mais un consultant. Qu’il n’est pas rémunéré par le vendeur, mais
par l’acheteur ; ce qui est une règle enseignée dans toutes les bonnes
écoles de commerce du monde et qu’aucun énarque ignore !
Tenez, pas plus tard qu’hier, mon voisin libanais
m’a glissé une liasse de billets pour me remercier de lui avoir
conseillé de choisir Bouygues pour construire sa maison. C’est
pareil pour les frégates ! Les Saoudiens étaient tellement contents
de les acheter françaises, qu’ils ont grassement récompensé l’homme qui leur
avait parlé à l’oreille.
Le parvenu milliardaire avait des
fréquentations de son rang. Déjeunait-il au Bristol avec le futur
Président ? Partageait-il ses vacances avec ses ministres ? De qui
Takieddine est-il « L’ami encombrant » ? D’un autre
« consultant » rival qui l’a doublé ?
Takieddine raconte qu’il a été frappé à coup de
gourdin, sauvé et cocufié par un chirurgien (ou l’inverse je ne sais plus),
lâché par ses associés de la bonne société de Neuilly, abandonné par ses amis
et mordu par son chien (ou l’inverse, je ne sais plus), il dit que Khadafi,
Harriri, Sultan étaient de leur vivant ses amis mais qu’aujourd’hui, même le
fisc ne l’est plus… A partir d’une belle légende sur la coopération navale
franco-saoudienne, voici une histoire à dormir debout qui prend les lecteurs
pour des truffes.
Ziad le bien
nommé en rajoute, il fait la promo de son exercice d’écriture en
parlant pour ne rien dire aux micros des radios et télé face à des journalistes
sportifs impressionnés.
Mais
pourquoi ce livre pour enfants ? Takieddine sait qu’il n’interviendra
plus jamais dans aucune transaction internationale ; pas même pour vendre
des dessous Petits Bateaux ! Il est grillé. Certes, il lui
reste de l’argent pour flatter son ego
et proclamer avec conviction combien ceux qui nous gouvernent sont nuls. Sur ce
point, il a raison car tant qu’ils miseront sur les talents cachés de
« consultants » rétro et dévalués, le commerce extérieur
de la France n’est pas prêt de se redresser.
Précipitez-vous pour acheter cet ouvrage que vous
trouverez sans peine aux maisons de la presse caribéennes et tahitiennes des
îles précités.
Merci.
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