mercredi 15 mai 2013

Ziad Takeieddine, l'alibi de la Libye


J’ai parcouru un livre écrit par un nègre, corrigé par un bataillon de juristes et signé par un milliardaire dont la photo en couverture ne mérite pas un sous-verre.  L’homme pose bras croisés, lèvres pincées, l’œil sévère, l’air satisfait de celui qui aime se contempler dans la glace.  Le célèbre « acheteur d’armements » est conforme au casting des « Tontons Flingueurs ».
J’ai trouvé le bouquin dans ma boîte avec une dédicace  me promettant la rétrocession de 10% des droits d’auteur sur les ventes aux îles Marquises et à la Désirade où ce blog  est lu avec ferveur.
Monsieur Takieddine ne me connaît pas, je ne l’ai jamais invité aux piscines parties de ma villa de Cannes ni aux pince-fesses de ma résidence de Neuilly. Aucun lien de parenté, d’amitié, de voisinage ne saurait nous rapprocher. Ce billet sera donc sans complaisance sauf l’espoir d’avoir en retour quelques billets de reconnaissance !

 « L’ami encombrant » est un livre qui pose LA bonne question : « où sont passés les 230 millions d’euros versés par le Royaume Saoudien à deux sociétés volantes non identifiées ? ». C’est le nœud de l’affaire Sawari 2. Ecrit noir sur blanc mais à la dernière page du bouquin. Les cent soixante précédentes sont à zapper. C’est un exercice d’auto-flagornerie et de bavardage de salon. C’est sans intérêt. On attend la suite.

Si vous voulez en apprendre de belles sur les turpitudes des marchands de canons, il suffit d’aller en boire un dans quelques bistrots du 15ème ou de Saint-Cloud et  de tendre l’oreille.
Des pochtrons y racontent la légende d’une Altesse saoudienne et d’un fringant Saint-Cyrien que l’admiration pour de Gaulle rapprochait. Ils jurèrent que les descendants du grand Charles ne manqueraient jamais de munitions pour gagner les élections. C’était il y a quarante ans, mais chez les arabes, la parole engage l’auteur et ses descendants. L’affaire tourna rondement jusqu’à la prise accidentelle de l’Elysée en 81 qui marqua une pause ; mais dès le retour de la droite, la seconde génération des prétendants se disputèrent le fonds de commerce. Hélas, comme dans toute succession juteuse, une kyrielle de demi-sels profitèrent de la situation pour venir  en piquer une pincée à la barbe des ayants droits trop naïfs.

Monsieur Takieddine explique qu’il n’est pas un intermédiaire mais un consultant. Qu’il n’est pas rémunéré par le vendeur, mais par l’acheteur ; ce qui est une règle enseignée dans toutes les bonnes écoles de commerce du monde et qu’aucun énarque ignore !
Tenez, pas plus tard qu’hier, mon voisin libanais m’a glissé une liasse de billets pour me remercier de lui avoir conseillé  de choisir Bouygues pour construire sa maison. C’est pareil pour les frégates ! Les Saoudiens étaient tellement contents de les acheter françaises, qu’ils ont grassement récompensé l’homme qui leur avait parlé à l’oreille.

Le parvenu milliardaire avait des fréquentations  de son rang. Déjeunait-il au Bristol avec le futur Président ? Partageait-il ses vacances avec ses ministres ? De qui Takieddine est-il  « L’ami encombrant » ? D’un autre « consultant » rival qui l’a doublé ?
Takieddine raconte qu’il a été frappé à coup de gourdin, sauvé et cocufié par un chirurgien (ou l’inverse je ne sais plus), lâché par ses associés de la bonne société de Neuilly, abandonné par ses amis et mordu par son chien (ou l’inverse, je ne sais plus), il dit que Khadafi, Harriri, Sultan étaient de leur vivant ses amis mais qu’aujourd’hui, même le fisc ne l’est plus… A partir d’une belle légende sur la coopération navale franco-saoudienne, voici une histoire à dormir debout qui prend les lecteurs pour des truffes.
Ziad le bien nommé en rajoute, il  fait la promo de son exercice d’écriture en parlant pour ne rien dire aux micros des radios et télé face à des journalistes sportifs impressionnés.
Mais pourquoi ce livre pour enfants ? Takieddine sait qu’il n’interviendra plus jamais dans aucune transaction internationale ; pas même pour vendre des dessous  Petits Bateaux ! Il est grillé. Certes, il lui reste de l’argent pour flatter son ego et proclamer avec conviction combien ceux qui nous gouvernent sont nuls. Sur ce point, il a raison car tant qu’ils miseront sur les talents cachés de « consultants » rétro et dévalués,  le commerce extérieur de la France n’est pas prêt de se redresser.
Précipitez-vous pour acheter cet ouvrage que vous trouverez sans peine aux maisons de la presse caribéennes et tahitiennes des îles précités.
Merci.

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