Quand
dans Le Canard enchainé Claude Angeli, maître de la profession, évoque le
risque de guerre civile, ce n’est pas pour faire sourire ses lecteurs.
Quand Laurent Joffrin, du Nouvel Obs dénonce l’offensive du fascisme vert, c’est qu’il craint l’irréversible.
Quand Yadh Ben Achour, sommité de l’université prédit :« si cela continue, même le bon Dieu ne voudra plus de la Tunisie ! », il traduit la rage et la désillusion de la population.
La Tunisie est en plein désarroi.
Quand Laurent Joffrin, du Nouvel Obs dénonce l’offensive du fascisme vert, c’est qu’il craint l’irréversible.
Quand Yadh Ben Achour, sommité de l’université prédit :« si cela continue, même le bon Dieu ne voudra plus de la Tunisie ! », il traduit la rage et la désillusion de la population.
La Tunisie est en plein désarroi.
A
Mahdia, deux petits gars écervelés dénigrent le prophète sur la toile. Un
voisin grincheux dépose plainte : procès, 7 ans de placard ! L’un des comparses
a pris la fuite, il vient d’obtenir l’asile politique en …Roumanie. Pour les
anars de Tunisie, le vent est chaud !
Pour les artistes aussi. Une sculpteuse et un peintre aux œuvres pertinentes attendent sans grand espoir que la loi de la révolution abolisse l’article du code pénal qui risque de les emprisonner pour cinq ans.
Pour les artistes aussi. Une sculpteuse et un peintre aux œuvres pertinentes attendent sans grand espoir que la loi de la révolution abolisse l’article du code pénal qui risque de les emprisonner pour cinq ans.
A
Redeyef, ville minière du Sud Ouest, la population se débarrasse des édiles.
Maire, délégué, commissaire, juge…allez oust dégage ! Le commandant de la garnison
et ses hommes - qui ne se mêlent jamais des affaires civiles - sont épargnés.
Comme au bon vieux temps d’avant la colonisation, les familles de notables ont
repris les affaires publiques en main. La justice n’est pas contestée, pas plus
que les décisions délibérées par la communauté des gens de bon sens.
A
Bizerte Jamal Gharbi conseiller régional français de la Sarthe venu bronzer sur
sa terre de naissance se fait agresser par des bipèdes barbus au seul motif
qu’il est binational, donc traître, donc apostat. Indifférents, les passants
scrutent le ciel et la police fait la circulation. L’élu s’en tire avec des
contusions et un œil au beurre noir. Paris proteste énergiquement. - Il est en
effet inadmissible qu’un Français soit ratonné par des Arabes ! C’est le Monde
à l’envers ! - La Tunisie présente des excuses poliment. Ouf ! La seconde
guerre de Bizerte n’aura pas lieu.
A
Tunis, un collaborateur du Président de la République est traduit devant un
tribunal militaire pour avoir osé critiquer la posture déloyale de la chaîne de
commandement. L’empêcheur de tourner en rond dénonce aussi la connivence entre
les vieux chefs militaires et les jeunes ministres islamistes. L’individualisme
prime sur l’intérêt national, dit-il avant de s’en retourner outre mer vers son
travail d’immigré désappointé.
A
la Chebba, la population se soulève. Le poste de police est assiégé, la
permanence du parti islamiste Ennahdha est incendiée. Nuit d’émeute. Au petit
matin, la troupe cerne la ville. Indifférents aux désordres, trois pochetrons
étendus sur la plage finissent de lichetrogner une caisse de bière en
grignotant des graines de melon. En silence, le regard fixé vers le large. «
Immolation ou noyade ? That is the question ! »
A
la Hencha et Agareb, les hommes s’assemblent dans les oliveraies centenaires, à
l’abri des haies de cactus. Assis sur leurs talons, ils font cercle autour d’un
vieux qui raconte l’épopée de Farhat Hached et de Hedi Chaker. Le thé rouge est
épais. Entre deux aspirations du liquide brûlant les mots sont lourds
d’allusions. Les Sfaxiens sont secrets, laborieux, patriotes. Aucune page de
l’histoire de la Tunisie ne s’est jamais écrite sans eux.
A
l’Ariana, à un feu rouge, une jolie femme le coude à la portière se fait
insulter par deux salafistes : « tu n’as pas honte de t’exposer en cheveux !
Créature du diable, va te voiler ! » La fille au sourire imperturbable fouille
dans son sac, descend de voiture et asperge les olibrius avec un aérosol pas
plus grand qu’un tube de rouge à lèvres. Concert de klaxons, applaudissements,
l’héroïne qui a mis en fuite les barbus larmoyants est chaleureusement
félicitée.
En
Tunisie, tout est surprenant, tout est inquiétant. L’air est mauvais. Les
vendeurs de jasmin ont disparu. Les rues sont silencieuses. La diseuse de bonne
aventure ne passe plus, le rémouleur aiguiseur de couteaux non plus. Seul le
vendeur de figues de barbarie a survécu. Le présage n'est pas bon. Même la
libido des machos est morose, au point que le gouvernement islamiste –sans
doute alerté par la Ministre de la femme complémentaire - vient contre toutes
attentes d’accorder l’autorisation de vente du Viagra.
Le
pays de la joie de vivre sombre de jour en jour dans la sinistrose. Les blagues
tombent à plat. Le rire et la dérision se pratiquent sous le burnous ou à
l’abri de l’ordinateur devant les messages et les dessins hilarants de « Z »,
blogger aux multiples talents qui demeure résolument anonyme. Un sage ! Allez
sur son site Debatunisie.com Et aussi pour comprendre, sur Fhimt.com
Mais
rassurons les tour-opérateurs et les estivants ; le pire est incertain, la
guerre civile est improbable car on annonce l’inauguration du premier McDo.
(Hallal bien sûr !)
Or, de mémoire de géo-stratège, la seule fois où des coups de feu ont été tirés aux abords de l’enseigne du clown Ronald Mc Donald, c’était au Kuwait en 1990. Les Irakiens s’en souviennent encore. Les Américains aussi.
Alors, il faut confiance garder. Le Pentagone saura préserver le Big Mac tunisien des noyaux d’olives.
Or, de mémoire de géo-stratège, la seule fois où des coups de feu ont été tirés aux abords de l’enseigne du clown Ronald Mc Donald, c’était au Kuwait en 1990. Les Irakiens s’en souviennent encore. Les Américains aussi.
Alors, il faut confiance garder. Le Pentagone saura préserver le Big Mac tunisien des noyaux d’olives.
Inch’Allah
!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire